A l’école, ne devrait-on pas demander un peu plus souvent aux élèves à quoi sert d’après eux ce qu’on leur enseigne, et quand on est enseignant réfléchir à la réponse qu’on peut donner lorsque ce sont les élèves qui le demandent ?
Bien sûr , ce n’est jamais simple, mais il ne faut pas avoir peur de se confronter ainsi aux représentations des élèves , car ce qui est en jeu c’est bien un travail sur le sens de ce qui est appris ou devrait être appris. On ne peut s’en tirer en confondant trop vite « utilité » et « utilitarisme étroit » pour clore le débat, ou en renvoyant au fameux « tu comprendras plus tard ! ». Ni abandonner trop vite ce travail sous prétexte que les réponses des élèves sont bien décevantes et pauvres, en oubliant qu’il faut du temps pour que ceux-ci entrent vraiment dans une démarche réflexive, à laquelle ils sont peu habitués.
Un enseignant en tout cas doit être capable d’expliquer pourquoi il faudrait étudier la forme passive ou l’attribut du sujet autrement qu’en lançant un « vous risquez d’avoir une question là-dessus au brevet ». Et pour cela, sans doute faut-il prendre du temps pour s’y préparer lors de sa formation. Mara Goyet dans son livre récent « Jules Ferry et l’enfant sauvage « prône une épreuve d’improvisation au concours de recrutement où le candidat serait bombardé de questions -type d’élèves, parfois embarrassantes pour voir comment il peut réagir. Cela me séduit assez; que l’on sache répondre à la question « à quoi ça sert ce qu’on fait? » pourrait bien être un incontournable du métier…
En fait, la question de l' »utilité » aide à y voir plus clair, comme je l’ai dit dans mon précédent billet sur ce qui doit être enseigné aux différents moments de la scolarité, sur l’articulation connaissances/compétences, sur ce qui doit « rester » quand on aura tout oublié.
Je voudrais reprendre un florilège de réponses d’élèves de sixième que j’ai eus il y a quelques années , à partir de la question : à quoi sert chaque matière au collège ? (question posée en début d’année comme professeur principal en « heure de vie de classe ») et je ferai quelques commentaires. (suite…)