Enseigner au XXI siècle

Archive mensuelles: octobre 2014

Evaluation de la compétence à désinformer

Certains dans notre société éducative développent, avec hélas pas mal de succès, des compétences à désinformer, à déformer la réalité à partir d’assertions non étayées,  d’instillation d’une culture du « soupçon permanent ». Ce qui montre au passage que les compétences ne sont pas plus au service du « bien » que d’ailleurs du « mal » (ultra-libéral, bien sûr) : les compétences en mathématiques peuvent être mobilisées pour spéculer abusivement en bourse et celles en chimie à fabriquer des bombes artisanales pour terroristes, etc.

La désinformation, on la voit si souvent à l’œuvre donc dans le domaine de l’école. Et on vient d’en voir une illustration avec certaines réactions à la suite de la mise en place du jury pour la conférence nationale sur l’évaluation, organisée par le Ministère de l’éducation nationale.

Le syndicat SNALC, l’inévitable Brighelli (faisant la « une » du Point version numérique -mais pour lui, je me refuse à faire un lien, sinon celui-ci…) et quelques autres dénoncent la composition du jury qui indiquerait que tout est joué d’avance au profit des « pédagogistes » qui trusteraient toutes les places. (suite…)

A propos de la consultation sur le socle commun

En ces jours d’octobre, de nombreux enseignants de France sont consultés sur le socle commun dans les écoles et collèges. Pas tous, car il y a eu des recours dans certains départements de la part de parents d’élèves pour privation de jours de classe, et du coup la consultation n’aura pas toujours lieu. Il est vrai qu’il est assez incompréhensible de ne pas l’avoir mis partout un mercredi après-midi, alors même qu’il faut compenser le jour de rentrée qui avait été reculée, suite au triste épisode du report par Benoit Hamon de cette date.

Je voudrais ici faire une série de remarques sur cette consultation qui révèle un certain nombre de modes de fonctionnement de notre école qu’il faudrait absolument voir évoluer.

  • Il s’agit d’une consultation sur le socle, c’est-à-dire ce que tous les élèves doivent apprendre durant leur scolarité obligatoire. Et une des innovations issues de la loi de 2012 est l’existence d’un cycle commun école-collège (cycle 3 : CM et sixième). Cela aurait justifié un regroupement pour la circonstance d’écoles et de collèges dans les différents lieux. Un peu compliqué techniquement, je l’accorde, mais tellement plus cohérent. D’ailleurs, ici ou là, cela s’est fait et c’est une occasion d’échanger entre premier et second degré, ce qui n’est forcément fréquent. Sans le rendre obligatoire, cela aurait pu être encouragé par l’institution…
  • On a vu en cette circonstance au déferlement de diatribes contre rumorsl’institution et aux déclarations cyniques et désabusés, ainsi qu’à la diffusion de « rumeurs » et autres désinformations, de la part parfois d’organisations qui déshonorent la belle tradition du syndicalisme. Par exemple –et je n’invente rien :

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On écrit pour ses lecteurs, un truisme?

Pardon pour cette évidence : oui, on doit avoir dans sa tête l’image du lecteur quand on écrit, on n’écrit pas pour soi-même (sauf cas particulier style journal intime ou notes personnelles), on n’écrit pas ou on ne devrait pas écrire uniquement pour être publié, pour voir son article référencé dans une bibliographie par exemple. Truisme, qui en même temps a de grandes conséquences et pourrait servir à des relectures-réécritures de nombreux textes si lectureon le prenait plus souvent au sérieux.

Et cela touche en particulier le monde de la recherche et de l’enseignement. Et je voudrais ici en donner quelques exemples, que je tire aussi de la fonction que j’ai occupée comme rédacteur en chef des Cahiers pédagogiques ou comme directeur de collection à l’ex-SCEREN-CNDP, où j’ai été confronté à un nombre très important de textes qu’il fallait souvent réviser, avec des réactions d’auteurs les plus diverses (entre coopération et indignation, avec toute une gamme d’attitudes entre les deux). Mais je partirai aussi de mon expérience d’enseignant, face à des manuels scolaires ou des cours d’enseignants qui rendent inutilement la vie difficile à leurs élèves et dont on se demande s’ils se posent vraiment la question d’être lus et encore mieux compris… (suite…)