En attendant le Grand Soir, que rien ne bouge !
Dans un de ses chefs d’œuvre, la Cerisaie, Anton Tchekhov met en scène le personnage de Trofimov, l’éternel étudiant. Celui-ci n’arrête pas d’exhorter à changer le monde, ou du moins la Russie, proclame sans cesse qu’il faut « travailler » (on retrouve ce thème dans d’autres pièces d’ailleurs). Certains, surtout les communistes, comme Elsa Triolet dont j’avais lu la préface d’une édition de la pièce, exaltaient ces paroles, considérées comme prophétiques : « L’humanité va toujours de l’avant, perfectionnant ses forces. Tout ce qui à présent lui est inaccessible, lui sera proche un jour, compréhensible; il faut seulement travailler, aider de toutes nos forces ceux qui cherchent la vérité. »
Cependant, tout le long de la pièce, Trofimov parle, parle, mais ne fait pas grand-chose …
Il me semble qu’au-delà de la procrastination, ce personnage est un peu emblématique d’un type de pensée « radicale ». Tout ce qui vient d’en haut est corrompu, un jour viendra couleur de rose et il faut préparer le Grand Soir du réveil du peuple. Aujourd’hui, cela prend bien évidemment bien d’autres formes que par le passé, en particulier dans les discours. (suite…)