Enseigner au XXI siècle

Le faux nez jacobin, masque de l’immobilisme

J’ai le plus grand respect pour le vrai Club des Jacobins, celui créé en 1790 à l’origine par des députés régionaux (bretons) et qui eut une durée éphémère mais marquante dans l’Histoire de notre pays. Il a peu à voir en réalité avec le phénomène du jacobinisme qui oppose les partisans de l’Etat centralisateur et les partisans d’une autonomie relative de l’échelon local (appelés aussi abusivement « girondins »).
En fait, dans l’Education nationale, on qualifie de jacobins ceux qui bien souvent en réalité sont pour l’immobilisme, derrière la défense de l’Etat, d’un « service public » mythique contre les forces du délitement et de l’éparpillement qui aujourd’hui signifieraient le triomphe d’un diabolique libéralisme et la fin des protections de l’Etat-providence. Surtout ne rien changer à l’existant, sauf à revenir en arrière (qui parfois serait préférable), tel est ce qui rassemble trop souvent ces forces conservatrices qui s’opposent constamment à toute réforme, et en particulier dans l’Education nationale.

arrestation girondins 2 juin 93

arrestation des députés girondins le 2 juin 1793

C’est ainsi que sont violemment rejetés les projets ministériels de donner plus d’autonomie aux collèges, de permettre aux équipes, sur place, de disposer d’une marge de manœuvre pourtant assez limitée (de l’ordre de 1/5 du temps), d’adapter un tout petit peu les programmes au contexte local, à l’environnement, de donner plus de pouvoir au conseil pédagogique, moins ligoté par des horaires ou des programmes rigides. Pourtant, tous les théoriciens de la motivation notent que proposer des choix aux individus donne du sens et permet», une mobilisation, un « enrôlement » plus grands (tant pis pour la métaphore militaire malheureuse ici). En réalité, ce champ des possibles n’est nullement incompatible avec une présence forte d’un Etat organisateur et garant d’une certaine égalité territoriale et du respect de certaines normes. Aujourd’hui règne en fait souvent un grand laxisme dans l’application très approximative de textes prétendument contraignants. A condition de prendre ses précautions quand vient http://www.dreamstime.com/royalty-free-stock-images-people-against-reforms-separated-white-image48499739l’Inspecteur (on rectifie son cahier de textes, on prépare ses élèves) et de remplir formellement les principales tâches demandées (remplir un bulletin trimestriel, « faire » le programme-et encore !), on fait à peu près ce qu’on veut. Et, malgré les textes officiellement prescriptifs, peuvent se constituer ici des filières d’élite, avec des classes bilangues et européennes, là des manières de noter les élèves tout à fait contraires aux recommandations officielles. Le « jacobinisme » peut masquer en fait une liberté débridée et sans principes, du moment que l’apparence est sauve.
En donnant plus de pouvoir aux établissements, nous disent les détracteurs de l’autonomie, on renforce le pouvoir des petits chefs ou on nous donne aux « potentats locaux » (des élus du peuple, pourtant !), on déroge au principe de l’égalité républicaine, on laisse place à toutes les dérives.

Et c’est vrai que l’autonomie peut produire cela, même si l’autoritarisme d’un chef d’établissement peut exister très bien dans les conditions actuelles, sans parler des inégalités entre collèges qui sont parfois considérables.

L’autonomie est une chance, mais aussi un risque, c’est certain. Il faut savoir où mettre le curseur, introduire constamment l’idée de « pilotage » et insister sur une autonomie en lien avec plus de démocratie, plus de débats, plus de concertation.

Montrer Cours-CharbMais pousser de hauts cris parce que des collèges auraient à s’organiser, à mettre en place des dispositifs dans ces jours de début juillet où bien des enseignants sont désoeuvrés et aimeraient sans doute mieux préparer collectivement la rentrée, je peux en témoigner (mais cela demande davantage de sens de l’organisation, un professionnalisme accru, notamment de la direction), vociférer parce que des enseignements pratiques interdisciplinaires seraient à bâtir, de façon ingénieuse et subtile, en usant de son pouvoir de créativité, clamer que c’est la fin de la République parce qu’on secoue un peu les habitudes et qu’on quitte le Ciel des grandes déclarations enflammées pour la Terre des réalités des élèves tels qu’ils sont, et qui ont besoin qu’on leur propose des activités ayant du sens, résonnant avec leur vie, dans un environnement où l’ennui n’occuperait qu’une place plus modeste qu’aujourd’hui.

LG-Réforme

dessin de Pol Le Gal dans les Cahiers pédagogiques

Nous espérons que la ministre tiendra bon. Les forces conservatrices se liguent contre les projets, ne proposant que de maintenir un existant qui sert l’élitisme tout en étant peu efficace en fin de compte. On a pourtant là une chance (je ne dirais pas la dernière car on abuse de cette formulation), une opportunité à saisir. Et qui a finalement peu à voir avec un débat figé qui opposerait Girondins et Jacobins ou comme certains le voulaient Républicains et Démocrates. Au fond, je reprendrais bien une formule prononcée par un syndicat appartenant au camp « réformiste » (dans lequel je me reconnais) : être jacobin sur les finalités, les grands objectifs et girondin sur les modalités pratiques et la mise en œuvre.

Commentaires (10)

  1. Inquiète

    Par curiosité: que pensez-vous des projets (avec formations à la clef) qui vont être lancés dès l’an prochain (en ce qui concerne la formation des professeurs) pour la mise en place de (je cite une collègue qui en a parlé cette semaine avec notre IPR) qui souhaite la gagner à ce projet)  » autres moyens de former/faire cours aux élèves par externalisation »,  » pas forcément uniquement face aux élèves, en travaillant sur des dossiers de scénarios/séquences avec une partie en autonomie », mais « sur les établissements avec une organisation spéciale ». En gros, la mise en place de ce qui se fait de plus en plus en université, d’une alternance de cours en présentiel et distanciel, avec tutorat en ligne (forums, etc)… Un professeur sur un écran, pour de nombreux élèves. Eventuellement moins de présence face aux élèves (pour une présence accrue face aux écrans – comptabilisées comment?). Les établissements en zone hyper rurale sont déjà concernés, une pression existe pour que des cours de langue notamment, se fasse de la sorte.
    Pensez-vous que ce projet soit applicable en collège ?

    Et quelques dernières questions: je suis professeur d’allemand, en collège, classe bilangue(je passe sur la sempiternelle accusation d’élitisme, qui me fait presque pleurer ces temps-ci – il faudra tout de même que vousm’expliquiez en quoi des enfants issus de l’immigration, des fils de parents célibataires au RSA, des ouvriers et petits paysans sont les « élites » françaises). 12h sur un établissement, 6h sur un second l’an passé (à 1h de route, de montagne, du premier). Avec la réforme et le passage à 7h par établissement, je vous laisse faire le calcul du nombre d’établissement dans lesquels j’aurai à me rendre:
    – comment m’investir dans la communauté pédagogique d’un établissement?
    – comment participer à des EPI avec des groupes à effectifs hypers réduits (15 en moyenne) ?
    – comment faire vivre ma matière, sachant que tous les ans, je serai soumise à la volonté d’un chef d’établissement et inspecteur qui n’attendent qu’une seule chose: que mes effectifs soient suffisamment faibles pour regrouper des 1ères/2èmes (à l’avenir 3ème ) année d’allemand dans une seule classe? Au-delà de la théorie, des bonnes volontés (et j’en ai, de la bonne volonté, de la motivation, je ne compte pas mes heures pour mes élèves, même de soutien bénévole, d’ateliers, et j’en passe), concrètement, pouvez-vous m’aider à « y croire »? A me dire que dans de telles conditions je pourrais faire mon travail correctement, m’investir dans les EPI et autres?
    Que je pourrai faire autre chose que passer mon temps à sauter d’un établissement à un autre?
    Si mon poste n’a pas été supprimé d’ici là, il faut aussi le dire….
    D’ailleurs, que prévoit la réforme pour tous ces enseignants dont la matière, comme l’allemand, va être sévèrement amputée (en nombres d’heures et donc de postes) – qu’allons nous faire?
    Excusez-moi de ne parler que de ce que je connais: ma matière, mes élèves, ce que dorénavant je pourrais leur enseigner, et puis mes conditions de travail.

    Une prof motivée mais abattue – très inquiète quant à l’avenir de sa « discipline » mais aussi de ce que nous proposons à notre avenir: nos enfants.

    PS: peut-être saurez-vous me renseigner sur un point sur lequel je ne trouve aucune information: que vont devenir les classes foot/basket/CHAM/CHAD/théâtre/sport études…. Vont-ils disparaître aussi du collège, car trop élitistes?

  2. Le Masson Marie-odile

    D’abord, merci pour cet article et ces propos !
    Enseignante en lycée et formatrice (dans l’enseignement privé, mais peu importe: il s’agit du même service public, au service des enfants, des adolescents, pour leur réussite scolaire et humaine).
    La lecture de l’argumentaire de l’intersyndicale me laisse pantoise. Oui, il faut une volonté politique pour réformer le collège, même si cette volonté d’en haut ne suffit pas: on sait bien comment le système (et ses acteurs) a la capacité à ne rien changer (Cf. le travail par compétences en collège, l’accompagnement personnalisé en lycée, et autres idées qui étaient censées amener des changements de posture…); oui, c’est à la puissance publique de dire quelle école doit être mise en place et pour quelle société; le système scolaire et donc les profs est (sont) au service de, et la réalité nous dit que le collège actuel « aggrave la difficulté scolaire », engendre passivité et ennui ; oui, faire toujours plus du même, c’est à dire encore plus de cloisonnement, de rigidité, risque d’engendrer les mêmes résultats; oui, il faut sortir de l’organisation napoléonienne: 1 prof /1 discipline/ 1 classe; oui, il faut permettre le travail en équipe et l’organisation actuelle ne rend pas la collaboration obligatoire ni facile.
    Et peut-être que les indemnités prévues pour charges supplémentaires sont faibles, mais c’est un autre problème !
    Les enseignants ne peuvent en même temps demander de la reconnaissance et vivre le pantouflage; être considérés comme cadre et compter les heures de présence dans l’établissement; se plaindre que les élèves ne soient pas autonomes et demander à ce que l’organisation de l’établissement soit prescriptive, verrouillée. Cette attitude n’est pas celle de tous, évidemment.
    Je propose l’organisation d’un comité de soutien à notre ministre ! Je suis persuadée que bon nombre d’enseignants sont favorables à cette réforme.

  3. A. Bideau

    Votre propos n’est pas exempt de clichés, qu’ils résultent d’une intention discutable ou d’une méconnaissance de la réalité. Vous parler des classes bilangues comme d’un dispositif élitiste (cité dans la même phrase que des « manières de noter contraires aux recommandations officielles »; tout un programme). Il est temps de (re-)dire que les classes bilangues (qui sont un dispositif tout ce qu’il y a de réglementaire!) existent dans un grand nombre d’établissements et qu’elles ne sont nullement réservées aux milieux favorisés (ni d’ailleurs aux « bons élèves », soit dit en passant). Elles sont avant tout une chance réelle de progrès en langues vivantes et permettent à bien des établissements de tirer leurs élèves vers le haut. On peut refuser l’élitisme, mais c’est la mission de l’école de la République que de donner le maximum aux citoyens de demain. Y compris une maîtrise un peu meilleure des langues vivantes…

  4. Serge Pouts-Lajus

    Dans son dernier livre, Denis Meuret dit quelque chose du genre : la plus grande victoire des conservateurs c’est d’avoir fait accepter par tous cette idée qu’en éducation aucune réforme structurelle profonde n’était plus possible. Je crois au contraire que sans une réforme structurelle, au moins au niveau de l’établissement, le risque de buter perpétuellement sur le même obstacle est grand. Je crois que l’Etat ne dispose pas aujourd’hui des moyens d’impulser une révolution pédagogique par le haut. L’évolution ne peut se faire que par le bas. C’est pour cela que je défends l’idée d’une réforme de l’établissement. Nous fêtons aujourd’hui Clisthène. Mais pourquoi un seul (ou presque) ? Tu sais bien que tout est construit pour qu’il n’y en ait qu’un. Et même celui-là reste fragile. Il faudrait cesser de penser qu’une réforme qui permettrait de multiplier les Clisthène est impossible. Il faut au contraire la réclamer.
    Ceci étant, je suis bien sûr d’accord avec toi sur les vertus pédagogiques du travail collaboratif et de l’interdisciplinaire et je suis aux côtés de ceux qui défendent la réforme du collège. Mais je t’avoue aussi que les injonctions ministérielles bien intentionnées me lassent et je crains de ne pas être le seul…

  5. Jean-Michel Zakhartchouk (Auteur de l'article)

    merci de ta réponse (je tutoie ceux que je connais personnellement, c’est le cas de Serge) Je ne suis pas vraiment d’accord. SI on attend les changements de structure, on risque d’attendre longtemps. Il faut aussi attaquer par les contenus. Et quand même c’est à l’institution de le faire. Les huit thèmes sont très vastes et permettent beaucoup d’initiatives, mais ce sera appuyé par des propositions qui normalement ne viendront pas de l’IG mais du CSP (même s’il faut impliquer les inspecteurs, et notamment les IPR, tout en veillant à ce qu’ils ne soient pas les « formateurs »). Pas d’accord non plus sur l’interdisciplinarité. Celle-ci est un facteur de changement si elle est « croisée des savoirs « -titre du numéro à paraitre des cahiers pédagogiques. Cela encourage à la créativité et paradoxalement à approfondir ce qui fait la spécificité de la discipline. QUel sens ça a actuellement de travailler en histoire sur un texte d’Homère (si on peut dire ) puis un ou deux mois plus tard en français, sans que les élèves comprennent bien ce qui différencie les deux cours. Un EPI autour des cultures et langues anciennes permettrait d’unir les démarches et de bien faire les différences entre l »étude littéraire et les résonances dans la culture grecque de l’Odyssée, la valeur historique toute relative de ces épisodes, etc.De même, travailler sur l’eau en svt et en physique parallèlement permet de délimiter les frontières: à l’une les bactéries et la pollution, à l’autre les phénomènes chimiques et les changements d’état.
    en tout cas, jacobinisme et girondisme doivent rester des catégories très approximatives et nullement scientifiques….

  6. Serge Pouts-Lajus

    Je souscris pleinement à cette analyse à un détail près : le projet de réforme des collèges, comme toutes les réformes que tu mentionnes qui l’ont précédé, est bien jacobin dans l’expression de ses finalités mais il l’est aussi, au moins dans l’esprit, dans ses modalités de mise en oeuvre. Ce qui pose problème (désespérant est le mot juste), c’est que partisans et adversaires des réformes ne remettent jamais en cause ce principe : que l’Etat définisse à la fois les finalités et les modalités.
    Dans le cas présent, j’ai été surpris d’une chose à propos des EPI. La réforme ne se contente pas de promouvoir l’interdisciplinarité, elle l’enferme dans 8 chapitres thématiques. On sent dans cette liste la marque de ce qui reste de pouvoir à l’inspection générale. C’est là-dessus que l’on va pouvoir s’empailler. Pourquoi l’interdisciplinarité d’abord ? La coopération des enseignants, fussent-ils de la même discipline, ne suffirait-elle pas ? Les adversaires de l’esprit de la réforme moquent le ridicule de certains exemples concoctés par nos bons IG pour nous faire comprendre ce qu’ils imaginent ces EPI devoir être, et il leur sera ensuite encore plus facile de moquer la maladresse avec laquelle ces contraintes imposées seront appliquées sur le terrain. Les partisans de la réforme sont coincés et il va falloir, comme à l’habitude, céder un peu sur le texte et tout le reste sur le terrain.
    Il faudra un jour penser à une réforme qui soit vraiment jacobine dans ses finalités et girondine dans ses modalités. Et puisque nous sommes tous d’accord sur le constat que c’est dans l’établissement que les choses se jouent (c’est sur cette question il me semble que les lignes ont le plus bougé ces dernières années), c’est par une réforme de l’établissement (de l’EPLE en l’occurrence) qu’il faudrait commencer : redéfinir son statut juridique, les responsabilités de la collectivité de tutelle, la nomination des personnels, la gouvernance, remplacer l’inspection individuelle par une inspection de l’établissement, etc. Nous pourrons ensuite être (rester plutôt !) jacobins sur les finalités et devenir girondins dans la réalisation.

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  8. Steph

    Merci pour votre réponse! Et oui je ne suis pas aggressif , content de voir que vous l’avez remarqué!
    En lisant ce second post je me dis qu’effectivement vous n’avez peut-être pas réalisé que votre précedent était emprunt de généralité qui me fait peur. J’aime mon métier, je pense rester bienveillant envers chaque élève et fait de mon mieux pour être à leur écoute. Je les fais aussi travailler et ne vous rejoins pas quand vous pensez que je défends le travail à tout prix. Jai certainement dû mal m’exprimer! Néanmoins je pense que le travail est nécessaire et qu’il permet à l’élève de donner du sens à l’apprentissage. Travailler pour grandir, travailler pour devenir quelqu’un. Parce que notre société est malheureusement très binaire et le monde qui les attend ne leur fournira aucun aménagement. J’ajoute être sur la défensive dès que je lis des billets qui paraissent mettre tout le travail des enseignants en doute. Je rêve qu’on nous redonne du crédit, qu’on reconnaisse nos engagements et nos missions. Je ne suis d’aucun syndicat mais un simple prof qui voudrait de la cohésion au sein même de notre corps. Certainement rêveur, probablement idéaliste mais avant tout las de voir une division au sein de notre métier. Et comme partout il y a des bons et des moins bons, des gens fatigués et d’autres usés ou ayant perdu leur vocation dans une classe il y a quelques années. Moi j’enseigne aussi en ZEP et donne beaucoup de mon temps, de mon énergie…et je suis entouré de gens bien! Or à la lecture de votre 1er post j’ai eu cette sensation que vous attaquiez ces profs qui veulent faire grève. Parce que je sais que nombre d’entre eux cherchent un moyen pour faire entendre leur voix, parce que la réforme telle qu’elle est proposée est plutôt soumise et subie que discutée et réfléchie. Bref un post de vendredi soir! Bonne soirée et bonne continuation !

  9. Jean-Michel Zakhartchouk (Auteur de l'article)

    Je tombe un peu des nues de ce que vous voyez du mépris pour le corps professoral dans ce texte ou que vous y trouviez de la suffisance de celui qui prétendrait être « meilleur ». L’arrogance, je la vois souvent chez des plumitifs réactionnaires à la brighelli qui eux « savent » comment enseigner. Je suis maintenant depuis l’an passé à la retraite, je garde un certain contact avec les élèves de mon collège ZEP à travers du soutien (association d’aide aux devoirs que j’ai créée il y a vingt-cinq ans) et je me rends compte de tout le mal qu’ont ces élèves à faire leur travail, malgré leurs efforts (certains viennent tous les soirs de 5 à 6h 30). J’ai dans mon collège souvent travaillé en équipes, dans des projets interdisciplinaires et c’était ma plus grande joie ces dernières années que de le faire avec de jeunes collègues sur des thèmes liés au français et d’autres matières (histoire, svt, arts plastiques, etc). Je rencontre beaucoup de collègues qui sont souvent l’honneur du monde enseignant et qui tous sont soucieux de réussite et ne mâchent pas du tout le travail des élèves, contrairement à ce que vous dites. Ce n’est pas parce qu’on en fait « baver » les élèves qu’ils seront davantage prêts pour la vie, car ils ont besoin de confiance, de reconquete de l’estime de soi, etc. Ceci dit, j’avais la réputation de les faire beaucoup travailler, à l’école et en dehors, mais en montant souvent des projets, en me servant peut-être du ludique, mais pas n’importe comment, un ludique « pour faire apprendre », une des multiples entrées que j’ai développées dans mon livre « enseigner en classes hétérogènes ».
    c’est bien parce que j’ai une très haute idée du métier que je suis sévère avec certains dirigeants syndicaux qui le font aller vers le bas, qui donnent une triste image de la profession. Je ne vois vraiment pas ce qu’il y a de démago, car au contraire, on est parfois peu populaire de défendre certaines réformes, qu’on pense justes.
    et si j’appartiens à un collectif, le crap-cahiers pédagogiques, c’est bien parce que j’y ai trouvé à la fois de la convivialité, du professionnalisme et une mise en oeuvre de convictions autrement que par des belles paroles. Je ne comprends pas comment vous pouvez lire à travers ma critique de l’immobilisme (dans le ton d’un blog bien entendu, si possible avec un peu d’humour) la prétention de quelqu’un qui se croirait supérieur. Je ne sais pas ce qu’est un bon cours à vrai dire, ni un bon prof. Je sais seulement qu’il y a de mauvais cours et des profs, une minorité, qui ne font pas leur travail correctement, ou d’autres qui aspirent à enseigner autrement (les centaines et centaines que j’ai eu en formation, avec souvent des témoignages positifs et parfois très touchants).
    Mais vous avez trouvé mon billet « intéressant », tout n’est pas perdu! Et vous utilisez un ton qui correspond aux commentaires moyens de ce blog: d’une certaine tenue et pas agressifs, c’est l’essentiel

  10. Steph

    Article intéressant certes mais très démago…Prof depuis quelques années, je ne me reconnais pas du tout dans ce discours anti profs qui dressent des caricatures épouvantables! Oui il existe des collègues qui refusent tout changement mais la GRANDE majorité des profs sont conciliants, dociles et obéissent les yeux fermés aux réformes devenues presque systématiques à chaque changement de gouvernement ! Parce que la bienveillance envers les élèves est là, il faut arrêter de véhiculer de fausses idées et nous faire passer pour des immobilistes ! Je trouve ce discours réducteur et qui n’apporte rien au débat actuel. Tellement facile de se considérer comme meilleur prof que les autres ! Parce qu’à vous lire on a cette sensation que vous serez toujours meilleur que votre collègue d’à côté à qui vous direz tout de même bonjour, avec qui vous prendrez un café mais que vous mépriserez tellement vous avez une haute estime de vous ! Qu’est-ce qu’un bon prof? Un prof qui accepte le tout ludique au détriment du savoir académique ? Parce que oui, l’apprentissage des savoirs passent aussi par l’apprentissage des leçons ! On a cette impression qu’un paquet de profs que je classifierai de démago pensent que ce mot est devenu un gros mot! Apprendre n’est pas mal ! Oui pour mélanger nos pratiques, elles ont évolué et nous partageons nos pratiques dans la salle des profs, sur elyco…et j’en passe! Je connais trop peu d’enseignants tels que vous les décrivez! J’enseigne dans un établissement avec 70 profs et je n’ai pas ce sentiment!
    La réforme du collège est légitime, mais pas au détriment des élèves à qui on mâche beaucoup de choses pour qu’ils les digèrent plus facilement. Or à quel monde les préparons-nous? Parce que si on regarde et qu’on prend un peu de recul, on réalise qu’ils perdent en autonomie, qu’ils perdent en initiative une fois sur le marché du travail. On leur facilite tellement tout que la notion d’effort à disparu… J’entends déjà des profs démago me dire  » bah ils feront des efforts si tu leur proposes des courus intéressants! » Mes cours sont intéressants, vifs et variés. Les élèves semblent passer du « bon temps » mais je reste très sceptique sur l’après… Voilà, juste envie de répondre parce que des billets de profs anti profs ça me fatigue! Arrêtez de généraliser!!!

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