Méfions-nous des métonymies abusives!
On le sait : on a tous tendance à prendre ce qui nous arrange dans la réalité, à étendre le cas particulier en en faisant une loi générale.
La jeune fille sage issue de l’immigration qui travaille si bien à la maison avec des parents qui la poussent avec une sévérité bienveillante sur le fond, mais rude sur la forme, nous montrerait à quelles conditions la méritocratie peut marcher. Mais demain, n’est-ce pas, des élèves comme elle n’auront plus ces classes bilangues, ces cours de latin, qui leur permettaient de réussir. Et voilà comment on détruirait « ce qui marche ».
Le jeune élève de cinquième qui se fait quasiment traiter de « débile » (mais oui, ça existe, je peux en témoigner) par un professeur qui ne se rend pas compte de ce qu’il dit, qui a des parents qui ne parlent pas français à la maison et qui vit dans des conditions précaires montre bien le caractère inégalitaire de notre système éducatif et confirme ce qu’est cette « guerre aux pauvres » qui commence à l’école selon Ruwen Ogien.
Dans ce lycée de banlieue, un cours sur la Shoah s’est très mal passé, entre fous rires devant des images pourtant immondes de la déportation et déclarations honteuses du style « Hitler n’avait pas forcément tort quand on voit ce que font les juifs aujourd’hui en Palestine ». Une vision qu’on veut cacher de la réalité des « territoires perdus de la République » ?
Dans ce lycée de banlieue, comme dans le beau film Les Héritiers, inspiré du travail de Anne Anglès, des jeunes issus de multiples nationalités ont réalisé un projet magnifique autour de « Voltaire et la tolérance » aujourd’hui, mêlant les œuvres classiques, des passages de Candide ou du Traité de la tolérance et l’actualité dans divers endroits du monde. L’école républicaine n’est pas morte, pour peu qu’on veuille vraiment la faire vivre !
Témoignages de plusieurs professeurs sur la réforme du collège. « on est contre, parce que ça alourdit notre travail ; si encore ça permettait de réduire les inégalités, mais les EPI vont surtout enlever des heures de cours » ; « dans notre établissement, le chef veut nous imposer la réunionnite permanente, nous ne voulons pas cautionner cette réforme ridicule » ; « nous, profs de latin, pouvons témoigner que nous ne sommes pas élitistes et que notre disparition ne fera qu’enfoncer un peu plus bien des élèves dans l’échec ». Et ici, dans ce petit collège, les enseignants sont unanimes à refuser cette réforme « qu’on veut nous imposer ». (suite…)