Enseigner au XXI siècle

Archive mensuelles: janvier 2016

Former des enseignants, ça ne s’improvise pas !

On peut lire ça et là des critiques sur la manière dont sont organisées les formations autour de la réforme du collège. Si certaines sont de mauvaise foi et tendancieuses, il n’en reste pas moins que des témoignages, y compris de sympathisants de la réforme, vont dans le sens de ces critiques, même si la généralisation est abusive, même si d’autres témoignages sont beaucoup plus positifs. De même dans les jugements portés sur les formations en ESPE, s’il faut faire le tri entre le démolissage systématique qui ne repose que sur des anecdotes invérifiables et les critiques honnêtes et étayées, il est vrai qu’on en est loin du compte en matière de qualité et d’efficacité. (suite…)

L’excuse et la compréhension

Beaucoup ont été, à juste titre, choqués par la petite phrase du premier ministre : « comprendre, c’est un peu excuser » à propos du terrorisme. N’est-on pas là en plein populisme anti-intellectuel, dénoncé par Bernard Lahire dans un récent essai, qu’il a voulu lisible par un large public ? Bernard Lahire démonte avec clarté et vigueur les accusations portées contre la sociologie et analyse aussi en fin d’ouvrage les écrits de Val (et non plus Valls) en montrant combien ils sont consternants (Val avoue notamment qu’au fond, il n’a pas lu les livres de sociologie qu’il dénonce !) Il plaide en fait pour la complexité, et sur un phénomène comme le terrorisme, il montre, contrairement à ce qui est prétendu dans les diatribes sociophobes, qu’il ne s’agit pas du tout d’en rester aux « causes sociales », l’action d’un individu étant toujours prise dans un faisceau de motivations. L’auteur a d’ailleurs toujours développé ce point de vue dans son œuvre, dépassant sans doute un certain réductionnisme de Bourdieu dont il ne se réclame que de façon critique. (suite…)

Mieux qu’un brin de paille…

    Certes, en ce début 2016, les raisons d’être pessimiste, inquiet, voire angoissé par l’avenir : un temps trop doux pour être honnête quand le thermomètre dépasse le 0° au Pole Nord, un débat foireux sur la nationalité qui ne résout rien quand les menaces pas symboliques restent à un niveau très élevé, une incapacité du monde intellectuel de débattre sérieusement des questions scolaires (la réforme du collège mis au rang quasiment de destruction barbare de la culture), le pénible constat que d’après une étude du CEVIPOP, plus de la moitié de ceux qui sont censés nous protéger (et le font bien sûr, avec souvent courage et professionnalisme) ont voté pour le Front national (je parle de l’Armée et de la Police)… On peut multiplier tout ce qui irait à l’encontre des raisons d’espérer et se réfugier alors dans des postures telles que le cynisme ricanant qui juge de haut l’état de la société française, le néo-messianisme révolutionnaire enfermé dans un purisme sans prise sur le réel, ou encore le repli sur le privé ou les petites communautés qui à défaut de changer le monde, changent de monde. (suite…)