Enseigner au XXI siècle

Archive mensuelles: mars 2016

Réservé aux volontaires ?

Lorsque des réformes se mettent en place, comme celle du collège, mais aussi par exemple des rythmes scolaires à l’école primaire, si certains s’opposent frontalement à celles-ci, d’autres se réfugient dans une idée qui peut séduire : d’accord avec tout cela, mais seulement pour les volontaires. Aux municipalités de mettre en place ou non des activités périscolaires. Aux circonscriptions de décider si oui ou non il faut quatre ou cinq jours d’école. Aux équipes d’établissement ou même aux enseignants de choisir de faire ou non des enseignements pratiques interdisciplinaires, réforme dessincomme ils peuvent aujourd’hui d’ailleurs prendre l’option de mettre ou pas des notes, d’adopter telle ou telle méthode dans leurs cours. Remarquons que les mêmes personnes peuvent refuser que la liberté de choix existe pour ce qui est de l’enseignement des langues anciennes ou de l’allemand dans les collèges. Mais il est important d’examiner cet argument du volontariat, d’autant qu’il est aussi repris par des partisans des réformes. Ainsi, Yann Forestier qui n’est pas le dernier des innovateurs et avec qui j’ai l’occasion de travailler d’ailleurs écrit-il un commentaire sur facebook où il déclare :  « Comme la plupart des réformes, celle-ci a fait les mêmes erreurs : conçue pour accorder une marge d’autonomie afin de permettre aux acteurs de s’adapter au terrain afin d’être plus efficace, elle se manifeste surtout par le renforcement de contraintes bureaucratiques, sans doute pour faire taire ceux qui s’effraient de voir l’ultralibéralisme s’immiscer dans tous les interstices d’autonomie. Les EPI pourraient être un espace d’innovation, on en a fait une usine à gaz, qui va encore plus contraindre les emplois du temps, les horaires, les parcours des élèves… et apporter de l’eau au moulin des réactionnaires. »

Donc trions. Il y a d’une part la mauvaise foi de conservateurs capables de dire que tout le monde fait de l’interdisciplinarité, qu’on n’a pas attendu les EPI pour cela (tant pis si je rencontre assez peu de gens ayant vécu comme élèves au collège des pratiques vraiment interdisciplinaires ; pour ma part, ça n’a jamais été le cas, mais j’ai été collégien il y a quand même assez longtemps !), et en même temps que l’interdisciplinarité est nocive, renforce les inégalités etc. Il faudrait savoir…Certains arguments sont spécieux et n’ont pour but que de s’opposer de manière plus subtile et détournée. (suite…)

C’était au temps où Bruxelles pleurait…

Un court billet, plein d’émotion, devant le drame de Bruxelles. J’ai plusieurs fois animé des formations, notamment « d’écoles de devoirs » à Molenbeek, accompagné des équipes, participé aussi à des journées autour de l’idée de « passeur culturel » , sans oublier une mémorable parlement-européen1rencontre au Parlement européen avec Dany Cohn-Bendit pour un Cahiers pédagogiques sur l’école en Allemagne (en 1997). Chaque fois, j’ai rencontré beaucoup de gens chaleureux et aussi plein d’humour, cet humour qui s’exerce d’abord sur soi. Combien d’universitaires spécialistes de l’éducation souvent simples (plus peut-être que bien de leurs collègues français!) et possédant cet humour (je pense par exemple à Marc Romainville), qu’on retrouve dans les dessins de Geluck et autres, que j’ai l’occasion d’utiliser en formation. Et puis (ou et pouis), quand  on a été et qu’on reste un fan de Tintin et inconnudelatamisecouv03couv_20081104_8384de Blake et Mortimer, comment ne pas être ému par cette tragédie. Bruxelles, pour moi, c’est une ville sympathique, certes au passé pas toujours bien préservé malgré le superbe patrimoine « art nouveau » et la merveilleuse Grand Place (même si on n’y joue pas Mozart dans je ne sais quel kiosque), c’est aussi le nom maudit « Bruxelles-le diktat néo-libéral, l’Europe qui nous impose les pires choses), le bouc émissaire de nos propres faiblesses et insuffisances… C’est désormais aussi une ville victime de ces sinistres méfaits après Londres, Madrid, Istanbul, Paris… (suite…)

Avant tout du lien, du sens !…

Chaque semaine, j’aide des collégiens à faire leurs devoirs et apprendre leurs leçons pendant une heure trente dans un centre municipal. Et cela depuis plus de 25 ans, dans le cadre d’une association (APRES qui veut dire aussi « après le cours ») que j’ai co-fondée, en lien avec le collège où j’ai enseigné, mais qui fonctionne de manière totalement indépendante de l’institution Après_15scolaire, ce qui n’empêche pas une collaboration étroite.

Pourquoi ce billet à partir de cette expérience riche et passionnante, qui m’a permis d’aider y compris des élèves que j’avais en cours, puis de maintenir un contact fort avec le terrain d’élèves souvent en difficulté ? (suite…)