Le parti « les Républicains » vient de publier un document d’orientation suite à une journée de travail le 6 avril. Rarement on aura vu un écrit programmatique sur l’école aussi déconnecté des exigences de l’école du XXIème siècle, rarement ou aura vu des propositions issues d’un grand parti se voulant démocratique et républicain aussi marquées à droite, et en l’occurrence aussi proches des propositions du Front national. On est loin, très loin, des avancées du gaullisme dans les années 60 à 80, au temps où on construisait le collège unique, où on limitait les barrières entre les différents secteurs de l’école obligatoire, et où on ne considérait pas l’école comme un champ de bataille idéologique contre les idées progressistes. Certes, on pouvait faire bien des critiques aux
ministres réformateurs de la Vème République qui d’ailleurs pouvaient subir les pressions des secteurs les plus conservateurs (sous la pression de la Société des Agrégés, les Cahiers pédagogiques furent brutalement privés de subventions) ; on pouvait aussi trouver que des réformes de structure intéressantes ne s’accompagnaient pas vraiment d’une mise en place d’un tronc commun ou que les travaux de recherche (INRP) restaient marginaux et n’influençaient guère la politique en vigueur. Mais un certain virage avait été pris par le gaullisme comme l’a si souvent rappelé Claude Lelièvre, le pragmatique De Gaulle sous une apparence archaïque s’opposant d’ailleurs à l’agrégé de Lettres Pompidou, beaucoup moins chaud pour l’enseignement de masse. Puis sous Giscard, la nécessité de démocratiser l’enseignement secondaire allait être encore plus forte, suscitant d’ailleurs l’ire des conservateurs (voir aussi les travaux d’Antoine Prost).
Les ministres de droite qui se sont succédé de 2002 à 2012 ont déjà bien mis à mal les acquis progressistes de la période précédente. Mais la mise en place du socle commun sous le ministère Fillion, tout aussi imparfaite qu’elle ait été, et malgré le peu de conviction de son instigateur théorique, demeure un point très positif. Certaines commissions indépendantes ont pu fonctionner (Thélot par exemple) et le Haut Conseil de l’éducation par exemple était loin d’être une institution rétrograde. Des parlementaires comme Grosperrin (à l’époque, mais il a bien changé, hélas !) ou Périssol dialoguaient avec des forces réformistes prônant une pédagogie active et démocratisante.
Or, si on examine les propositions des Républicains, qui sont très loin aussi de celles de Alain Juppé (que j’ai analysées pour les Cahiers pédagogiques), on est partagé entre colère et consternation, par moments amusé par le ridicule de certaines d’entre elles, mais le plus souvent indigné, révolté. (suite…)