Enseigner au XXI siècle

Archive mensuelles: décembre 2016

Des souhaits, deux ans après

Faire des vœux, émettre des souhaits, doit-on échapper à cet exercice de style alors que va s’ouvrir bientôt l’année 2017, celle du centenaire des « dix jours qui ébranlèrent le monde », celle des élections dans les deux grands de l’Europe, celle des menaces bien sûr, entre résistible ascension d’un nouveau tsar, risques que fait courir un sinistre et cynique incompétent à la tête d’une puissance nucléaire, et des probables nouvelles attaques terroristes que le triomphe d’Assad ne fera que renforcer. ?

les-trois-souhaitsIl est peut-être plus intéressant pour moi de revenir sur des souhaits précédents, et avec un recul de deux ans, pour voir s’ils ont eu ou non un début de réalisation, concernant l’école avant tout.
Aussi je vais reprendre mon billet de début janvier 2015, quelques jours avant la tragédie de Charlie Hebdo. IL s’agissait bien sûr de vœux, chacun pourra dire s’ils étaient ou  pas « pieux », pas de prédictions ou prévisions. Au passage, il serait bon que la presse reprenne régulièrement toutes celles qui s’avèrent fausses et qui devraient inciter leurs auteurs à être moins péremptoire. On peut ne pas se contenter de citer Trump, Fillon  ou le Brexit car chacun peut prendre pour son grade (je me souviens d’un Alexandre Adler énonçant que la guerre en Irak n’aurait pas lieu, de spécialistes des États-Unis proclamant que « jamais un noir ne pourrait être élu président », et plus récemment d’un Mélenchon sûr que le gouvernement Valls serait censuré à l’Assemblée ou pour rester dans le domaine éducatif d’un Julien Dray assuré que de grandes manifestations de rue balaieraient la réforme du collège ou d’analystes annonçant le départ de la ministre ou en tout cas son recul sur cette même réforme du collège. (suite…)

Macron et l’éducation : quel sens de la marche ?

Emmanuel Macron fait beaucoup parler de lui et parait être un candidat sérieux à l’élection présidentielle. Malgré la publication de son ouvrage Révolution, son programme reste encore flou et incomplet. Je ne m’intéressai ici bien entendu qu’à l’aspect éducation, en espérant que les éclaircissements à venir iront dans le bon sens… de la marche.

Comme la plupart des analystes de notre système éducatif, Emmanuel Macron ne peut que constater le caractère inégalitaire de notre système éducatif, malgré la massification réussie des dernières décennies. Cela n’est guère original, puisque fortement étayé et partagé. Mais on sait combien divergent les politiques quant aux causes de ce creusement des inégalités et donc aux remèdes et réponses à ce phénomène. (suite…)

Instruction et démocratie

L’élection de Donald Trump met au grand jour plus que jamais la question du rapport entre le degré d’instruction des citoyens et leur vote. En effet, les différentes enquêtes d’opinion montrent l’extraordinaire différence de résultats selon le niveau de diplôme des électeurs. Certes, des gens peu instruits ont voté Clinton (et il y a supercherie à dire que Trump a représenté les masses populaires, en oubliant la forte abstention et la perte de sept millions de voix par rapport à Obama des démocrates, voir cette très juste tribune de Sylvie Laurent), certes, des personnes ayant fait des études universitaires ont voté Trump, mais si l’on prend les grandes masses, il est indiscutable que le nouveau président a dû son élection à ceux qui ont le moins suivi d’études.
En un sens, il y a quelque chose de rassurant : l’instruction sert quand même à ne pas voter pour les candidats extrêmistes et dangereux. Et on retrouve le même phénomène en France pour le vote Front national. Ou pour les partisans du Brexit. Le cas italien est différent, mais Cinq étoiles est un mouvement composite et difficile à classer : il semble attirer beaucoup d’étudiants. Pourtant, on a vu cette incroyable déclaration en fin de campagne référendaire de Pepe Grillo : « je vous demande de voter avec vos tripes, car le cerveau est faible et les tripes ne mentent pas » qui révèle ce qu’est ce sinistre personnage ! (suite…)

Après PISA, de l’avenir ne faisons surtout pas table rase !

Les commentaires suite à la publication des résultats de l’enquête Pisa, c’est un peu comme ces soirées électorales d’autrefois où chacun trouvait des raisons de se réjouir et  de dire qu’il avait gagné. Comme c’est pour la France moins catastrophique qu’on aurait pu le craindre, les uns vont dire que c’est grâce aux réformes mises en œuvre après 2008 qui portent leurs fruits (légère amélioration en maitrise de la langue, stabilisation dans les matières scientifiques) tandis que les autres verront dans le constat cruel d’un maintien fort des inégalités  la nécessité d’approfondir les réformes actuelles dont on ne pourra vraiment voir les effets que dans quelques années. On voit bien au passage la distorsion entre le temps des politiques et le temps de l’éducation. En egalité chancesregardant les titres des journaux (catastrophe ou simplement stagnation, selon qu’on lit le Figaro ou le Monde, on peut aussi imaginer une bonne séquence d’EMI (éducation aux médias et à l’information) avec des élèves…

De même sur le plan international, les remarquables résultats des pays asiatiques, interprétés souvent de manière caricaturale et stéréotypée, iront, selon certains, dans le sens d’une école « centrée sur les savoirs », autoritaire et prônant l’effort et l’exigence, alors que d’autres constateront une fois de plus que les systèmes peu sélectifs et mettant en avant le bien-être des élèves et la confiance ont de bons résultats, même s’ils sont un peu en dessous des pays d’Asie (Finlande, Canada, Norvège, et pour ce qui est de la moindre sélection la Pologne, avant les retours en arrière possibles du gouvernement actuel). Sur ce sujet, lire la passionnante interview de Jean-Marie de Ketele et notamment sa réponse à la dernière question ou sur la Pologne le chapitre de l’excellent Changer le collège. (suite…)