Enseigner au XXI siècle

Archive mensuelles: janvier 2018

Non, les femmes n’ont pas « gagné le combat »

Parmi les sottises proférées par certains intellectuels médiatiques déclinistes et haineux de notre  présent,  il y a cette idée que les féministes auraient gagné, dans nos sociétés, et que du coup il ne faudrait pas aller plus loin, au risque de graves dérives (dont l’abandon de la « galanterie », promue comme valeur et soi-disant précurseuse de la libération de la femme). Au fond, la pétition récente lancée par Catherine Millet et autres s’inscrit dans la même logique, qui est celle du conservatisme éternel  qui insiste toujours sur les effets pervers pour remettre en cause le « nouveau ». Notons cependant qu’il serait malhonnête et dangereux de faire des amalgames hâtifs. Les déclarations scandaleuses d’une Brigitte Delahaie ou Elisabeth Lévy (mais qui peut accorder du crédit à une Elisabeth Lévy ?) ne déconsidèrent pas forcément un texte qui ne justifie nullement les agressions ni ne banalise le viol. On peut (et je le fais) le critiquer, montrer en quoi il est inopportun et non pertinent, sans pour autant le confondre avec ce qui a pu être dit après par certaines. Car à l’inverse, les aberrations au nom du féminisme de ceux qui veulent interdire le baiser du Prince charmant ou changer la fin de Carmen en dénaturant le sens de l’opéra de Bizet ne sont pas à mettre sur le dos de l’idée féministe qui est une des grandes avancées de l’humanité vers plus de progrès et de justice. (suite…)

L’oral au bac, parlons-en!

Lisons d’abord ces quelques lignes, qui nous semblent écrites aujourd’hui.

« L’écolier apprend à lire, à écrire, à compter, à raisonner, non à parler. Or c’est en parlant que bien souvent il devra exercer sa profession ; c’est en parlant, en tout cas, qu’il lui faudra presque toujours défendre ses intérêts, soutenir sa pensée, convaincre ses interlocuteurs.

Trop souvent les meilleurs sujets de nos lycées en sortent enrichis de connaissances, mais inhabiles à en tirer une argumentation verbale, incapables quelquefois de faire prévaloir les ressources de leur intelligence. Ils seront dans la vie la proie de quelque bavard, expert au langage courant. Ils rédigeront parfaitement à tête reposée ; mais ils improviseront mal. […}

A personne, l’art de discuter, de mener méthodiquement une controverse, fût-elle d’ordre purement pratique, de choisir et de mettre en ordre des arguments, de vaincre la timidité, n’a été enseigné. »

zayCes lignes sont en réalité extraites du magnifique ouvrage qui reprend le journal du grand Jean Zay, Souvenirs et solitude. Le 1 septembre 1943, peu de temps avant qu’il ne puisse plus tenir ce journal, il revient sur les réformes de l’enseignement qu’il a lancées et met donc en avant pour le futur, auquel il espère participer, l’enseignement de l’oral (suite…)