Enseigner au XXI siècle

Archive mensuelles: avril 2018

Dix leçons d’un colloque sur « ces élèves venus d’ailleurs » (deuxième partie)

La suite de ces « leçons », voir mon billet précédent

  1. Temps : choisir le bon braquet

Ceux qui s’occupent de nouveaux arrivants demandent du temps pour former leurs élèves et les faire progresser dans notre langue. Trop souvent, ils n’en ont pas assez et trop tôt ceux-ci sont lâchés sans accompagnement dans des classes ordinaires.
Mais il y aussi le temps de l’urgence. Les nouveaux arrivants ont besoin à la fois d’une langue du quotidien qui les aide dans la vie courante et d’éléments fondamentaux de la langue de l’école (le langage des consignes, certains termes mathématiques) qui ne sont pas forcément compatibles avec une « belle progression structurée, par étapes ». Mais c’est souvent ce qui fait l’intérêt du FLE, ce en quoi il pourrait, devrait inspirer davantage l’enseignement du français langue maternelle : combiner la nécessaire progression dans l’étude de la langue et la réponse aux besoins selon les exigences des autres disciplines par exemple ou de projets divers. (suite…)

Dix leçons d’un colloque sur « ces élèves venus d’ailleurs » (première partie)

J’ai participé récemment (5 et 6 avril) à un remarquable colloque international à l’INSHEA de Suresnes intitulé « Ecole, itinérances, migrations, regards croisés » en lien avec un programme de recherches qui bientôt aboutir à un rapport et des recommandations.. De nombreuses contributions, en plénière (plus de 150 participants) et en ateliers, une grande richesse d’expériences de praticiens et de réflexions de chercheurs, avec une ouverture par la Défenseure des Enfants, Geneviève Avenard, et de nombreux échos avec l’actualité présente, bien sûr. On m’avait demandé d’être le « grand témoin », quelqu’un qui n’est pas expert de la question, mais qui puisse porter un regard de pédagogue et de participant au débat public sur l’école, ce que j’ai donc essayé de faire en clôture du colloque. Je voudrais ici reprendre quelques points essentiels de ce que j’ai pu développer lors de cette « ouverture finale » qui n’est ni synthèse ni conclusion, mais tentative d’opérer des liens entre tout ce qui s’est dit, mais aussi avec les réalités présentes, partant de l’idée que quelque part, pour reprendre la célèbre phrase de Godard, ce sont les marges qui tiennent la Affiche-Colloque-Evascol-page-001page et les questions que nous pose la scolarisation et l’apprentissage du français par ces quelques milliers d’élèves peuvent être fécondes pour le système éducatif en entier, comme l’est tout ce qui peut contribuer à la fondation d’une école vraiment inclusive pour tous. En préparant d’ailleurs cette intervention, je me suis souvenu qu’en fait, j’étais pour ma part un fils de réfugié, comme mon nom peut le suggérer (en précisant que les Russes dits « blancs » n’étaient pas tous de riches aristocrates, loin de là !), mon père après des errances balkaniques ayant finalement  gagné la France où il finit d’apprendre notre langue en attendant une naturalisation des années plus tard. On sait que nous sommes nombreux dans notre pays à être issus de parcours tortueux et parfois improbables… (suite…)