Enseigner au XXI siècle

Archive mensuelles: janvier 2019

Haine des médias, haine de la démocratie?

Dans le domaine que je connais le mieux, l’éducation, j’aurais beaucoup de reproches à faire aux médias classiques. En tout premier lieu à ceux qui s’y connaissent fort peu et qui éditorialisent à tours de clavier, énonçant des opinions d’un simplisme parfois consternant. Un jour, un journaliste spécialisé approuvait largement mes propos quand je qualifiais les éditorialistes « le malheur du journalisme » dans le domaine de l’école (et sans doute pas seulement). Quant aux personnes plus spécialisées, en dehors de quelques figures qui se comptent sur les doigts des deux mains si on est généreux, on est frappé parfois par leur méconnaissance de l’histoire de l’école, mais aussi parfois de son présent. Je me souviens d’un débat sur une radio auquel j’avais participé et où un journaliste du Figaro découvrait que tous les élèves de France (ou peu s’en faut) passaient le Brevet des collèges. Concernant les appréciations respectives sur la politique de Najat Vallaud-Belkacem et de Blanquer, que d’approximations et que de contre-vérités, de bonne foi ou mal intentionnées, cela dépend.  La caricature faite des EPI par un pourtant brillant animateur du matin à France Culture, l’adhésion à des idées simplistes concernant les langues anciennes ou les classes bilangues d’un côté, (suite…)

Le petit jeu des références historiques

Qui ne joue pas à un moment ou un autre au jeu des comparaisons entre l’actualité et des événements historiques ? C’est à la fois légitime et dangereux. Légitime, parce que le passé éclaire le présent et nous aide à situer des événements dans le temps long, parce que les acteurs du présent ont souvent besoin de symboles et de références, c’est pourquoi d’ailleurs on aime tant les commémorations. Dangereux car la tentation des analogies rapides et parfois douteuses nous guette constamment. Aussi est-il toujours important d’examiner les faits avec rigueur, de rester lucides sur le passé embelli ou au contraire obscurci par ces comparaisons qui peuvent aussi être rétrospectives (Napoléon, déjà un petit Hitler, Spartacus un quasi combattant des droits de l’homme…) Juger l’événement ou le personnage du passé dans sa complexité, sans que celle-ci soit trop envahissante. La signature de l’édit de Nantes, malgré ses limites, est une page glorieuse de notre Histoire, le combat pour la tolérance de Voltaire n’est pas entaché par les faiblesses d’un écrivain s’alarmant d’une instruction excessive qui pourrait être donnée au peuple, Churchill est une grande figure, qu’on peut admirer même si sa part d’ombre est grande (son colonialisme par exemple). Et même les horreurs commises par les soldats soviétiques en Allemagne en 1945 n’empêchent pas de saluer avec émotion tout ce qu’on doit à l’Armée Rouge en ces années terribles. (suite…)