On aurait envie d’opposer de façon binaire la « croyance » au « savoir » (éventuellement au pluriel), la première, qui peut être respectable « mais… » n’ayant pas vraiment sa place à l’école, le second renvoyant aux Lumières, à la
Connaissance, portée par les enseignants qui la transmettent, en ne tenant pas compte des croyances.
C’est évidemment bien plus compliqué que cela, et j’ai en cette fin d’été tenté de décortiquer la question avec les participants de l’atelier animé par mes amis Evelyne Chevigny, prof de sciences physiques et Michel Tozzi, bien connu pour son travail novateur en philosophie, lors des Rencontres annuelles du CRAP-Cahiers pédagogiques. Le grand avantage de ces ateliers est qu’on a du temps, sur cinq jours à raison de deux ou trois heures à chaque fois, de traiter les questions sous des angles divers, avec une grande variété de dispositifs. Qu’on en juge, on avait tout aussi bien un travail individuel puis collectif autour de ces deux notions, un stimulant jeu de rôles où l’on devait défendre le point de vue de diverses personnalités historiques comme Galilée, Popper, ou Auguste Comte défendant des positions différentes sur ce que doit être la Science, un exposé magistral sur l’histoire de l’épistémologie des sciences, une séance mémorable d’éxégèse de la Genèse ou un travail de groupes long sur « que faire de tout ça en classe ? ».
Croire, cela peut être effectivement la superstition, ce que dénoncent les zététiciens pourfendeurs du paranormal et autres charlatanismes, et ici l’adjectif correspondant serait plutôt « crédule ». La religion est évidemment la représentation la plus courante de la croyance, dangereuse quand on fige des textes sacrés et qu’on ne sait en voir le côté symbolique (mais cela est vrai pour les
détracteurs, qui comme les intégristes au fond, peuvent se montrer anachroniques en ne considérant pas le contexte). Mais bien évidemment, la religion ne se réduit pas à cela ; (suite…)