En ces temps difficiles pour la presse papier, alors même que Le Débat disparait, que des revues scientifiques craignent pour leur avenir, que Sciences Humaines lance un appel inquiet au soutien de ses lecteurs, on pourrait se dire que l’ère du papier est révolu. Mais d’une part, le modèle numérique ne va pas toujours mieux, et il faut se hâter des prédictions hâtives sur la fin du papier (les liseuses devaient mettre fin au livre, or, elles ne marchent pas du tout !)
Dans le domaine pédagogique, Les Cahiers peuvent avec leurs 75 ans, paraitre des dinosaures. Quoi de plus simple que d’aller piocher sur le web des outils, des articles et d’innombrables fiches, tout cela gratuitement. Au passage, qu’on me permette de fustiger ceux qui diffusent de manière sauvage des numéros en PDF intégralement, ce qui équivaut à un acte frauduleux fait avec une candeur ou une mauvaise foi toujours aussi sidérantes.
Une revue, c’est quelque chose de construit, de réfléchi. Chaque numéro a demandé des heures et des heures de confection (en numérique !) : relectures nombreuses, réécritures pour rendre les textes accessibles, vivants, dynamiques. On n’y réussit pas toujours d’ailleurs. Il y aura des évolutions bien entendu, comme il y en a eu toujours dans l’histoire de la revue (il suffit de regarder des numéros de la fin du siècle dernier pour s’en rendre compte). Par ailleurs, la version numérique existe , mais ne remplace pas le papier, pas plus archaique que… le train de nuit (qui revient à l’ordre du jour), les légumes du potager ou l’étude des grands Classiques au collège ou au lycée..
Un numéro, c’est un tout, avec un dossier organisé et des articles périphériques qui tantôt suivent l’actualité éducative, tantôt nous livrent des témoignages au plus près du vécu des enseignants, sans oublier la rubrique des recensions que j’ai l’honneur de piloter.
Et ajouterai-je : s’il est intéressant bien sûr de se procurer des numéros qui intéressent directement l’acheteur (comme les neurosciences et la pédagogie ou en septembre 2020 la métacognition), il est aussi riche et fécond de profiter de la diversité que donne un abonnement. Le professeur des écoles découvre les problématiques du lycée, le prof de français comprend mieux ce qui se joue en éducation physique, et chacun peut saisir mieux d’enjeux majeurs comme la scolarisation des enfants de migrants ou l’éducation à la sexualité.
Pour toutes ces raisons, je me permets de diffuser cet appel, de renvoyer au site des Cahiers pour inciter à s’abonner et à sauver ainsi la revue qui se porte aussi mal financièrement qu’elle se porte bien sur le plan rédactionnel. Cet appel a été signé par de nombreuses personnalités dont on peut apprécier la diversité. Cette liste comprend aussi bien des personnalités médiatiques (Thomas Legrand, Edwy Plenel), des artistes ou écrivains (Annie Ernaux, Jul), des scientifiques (Etienne Klein, Jean Jouzel), des philosophes (Abdenour Bidar, Elena Pasquinelli), des psychologues (Serge Tisseron), des chercheurs en sciences cognitives (Jean-Philippe Lachaux), des sociologues (une palette large de François Dubet ou Gérald Bronner aux Poinçon-Charlot), des responsables d’associations amies (CEMEA, GFEN, AFEV…), sans oublier des inclassables comme Edgar Morin…Et notre ancienne ministre, Najat Vallaud-Belkacem et des anciens Inspecteurs généraux, aujourd’hui mis à l’écart ;
Enfin, notons la pluralité des familles de pensée, y compris sur un plan idéologico-politique, de Stéphane Bonnéry ou Bernard Charlot à Alain Bouvier ou Jean-Pierre Obin, en passant par Jean-Paul Delahaye ou Antoine Prost.
Une revue pluraliste, mais engagée sur des valeurs humanistes pour une école plus juste, un outil pour les professionnels de l’éducation, un ensemble rédactionnel qui refuse le dogmatisme, le « bon sens » empêcheur de penser la complexité et qui donne la parole chaque année à deux à trois cent contributeurs (entre la revue, le site et les hors série, et peut-être plus), ça ne peut pas, ça ne doit pas disparaitre…
Bonjour,
Je m’appelle Marion Six et je suis professeur de mathématiques au lycée.
Je suis actuellement le DU « Neurosciences et apprentissages tout au long de la vie » à l’UCO d’Angers. J’ai ainsi découvert votre ouvrage « apprendre à apprendre » qui m’a passionnée.
J’ai qq questions à vous poser sur votre ouvrage et j’aimerais savoir si cela était possible et à quelle adresse ?
Par ailleurs, j’envisage d’effectuer mon mémoire sur le thème suivant « la séance de correction d’une évaluation sommative est-elle un moment propice pour travailler la metacognition et l inhibition des élèves en s appuyant sur leurs erreurs ? » et votre avis, vos conseils d’ouvrage m’intéresse énormément.
Je vous remercie pour votre ouvrage et vous souhaite une belle journée,
Marion Six.