Après la Malaisie et au Kenya, nous revenons en Europe pour nous intéresser au cas de la Wallonie, une région qui fut un centre de l’industrie au XIXe siècle et où parler d’utopie n’est pas tabou. C’est d’ailleurs la ligne directrice du KIKK Festival où nous avons rencontré Emilie Vandermeiren qui agit depuis 2010 dans la promotion de l’innovation au sein d’ID Campus. Si l’objectif du festival est de proposer des parcours pour inspirer les jeunes, ID Campus s’inscrit dans une dimension plus opérationnelle : l’objectif est de développer la créativité dans les pratiques de l’enseignement et dans les entreprises.
Concrètement, Emilie Vandermeiren a monté plusieurs comités académiques : d’abord à HEC Liège, puis dans d’autres facultés et établissements de la région. Les relations internationales, notamment européennes, sont également du programme, grâce à des rapports tissés avec le Bureau d’économie théorique et appliquée de Strasbourg (une unité de recherche du CNRS), mais aussi l’Université Catholique de Lille ou encore la Design Factory d’Helsinki.
Un premier « master en créativité » – basé sur l’interdiscplinarité et l’idéation – a été testé en 2012 pour aider les étudiants à passer de l’idée à l’application. Expérience poursuivie avec l’ID Camp qui se base sur le prototypage de solutions innovantes avec des entreprises partenaires (le passage de la BD l’ère numérique avec la maison d’édition Le Lombard).
L’Exécutive Master est venu compléter le dispositif. Les étudiants, en provenance de filière de management, d’ingénierie ou de sciences humaines, travaillent sur une alternance de « projets bulles » (1 à 2 jours par semaine) et de projets longs (7 mois). La gestion de ces deux temps est un impératif bien réel : des startups sont capables en quelques semaines d’émerger et de bousculer des acteurs installés (on pensera au réseau social SnapChat) alors que d’autres ont besoin de plusieurs mois, voire d’années pour éclore.
Un nouveau campus a permis de s’associer à l’incubateur Nest’Up, où l’on retrouve plusieurs défricheurs et innovateurs qui restent en contact rapproché avec les jeunes et la formation.
ID Campus s’insère plus largement dans deux autres scènes. D’abord, à l’échelle régionale, dans le « Plan Marshall », expression donnée au plan de redressement de la région Wallonie – initié en 2004, relancé en 2009 – qui comporte une dotation de près de 2,6 milliards d’euros pour la période 2009-2014. Son ambition est de redéployer les forces vives en pôles de compétitivité autour des compétences, plutôt qu’autour des filières, en plaçant la créativité au coeur du projet Wallon. C’est ainsi qu’a pu être créé le label « Creative Wallonia« , dont les premières mesures sont liées à l’enseignement.
D’autre part, ID Campus s’insère dans une dimension européenne – la proximité avec Bruxelles n’y étant pas pour rien. La Commission Européenne a ainsi retenu la Wallonie aux côtés de la Toscane dans le cadre de son appel à projet « European Creative Districts« , avec le support de la Direction Générale « Entreprise et Industrie ». L’idée, c’est de transformer les anciennes gloires industrielles en région à nouveau innovantes et créative
L’ensemble du dispositif semble particulièrement intéressant : il s’agit d’une initiative propulsée localement, qui « travaille » littéralement le terrain de la jeunesse et de la formation pour s’inscrire dans le cadre plus large de la région et de l’Europe. Vous pouvez suivre l’actualité d’ID Campus sur leur site et par les comptes sociaux d’Emilie Vandermeiren.
>> Images : photos d’ID Campus (©)