Quand Hugh Mason et Meng Weng se sont rencontrés en 2009, ils étaient tous deux des business angels bien installés à Singapour. Pourtant les affaires tournaient au ralenti… En cause (1) des investissements orientés principalement vers l’immobilier et le foncier (2) des entrepreneurs aux idées prometteuses mais incapables de répondre à un besoin précis.
Meng Weng a donc décidé de poser la première brique d’un nouvel l’écosystème d’innovation à Singapour en lançant en 2009 le coworking space Hackerspace (toujours en activité). Dans la foulée, les deux compères vont profiter du passage de David Cohen — fondateur de Techstars — pour lancer une déclinaison locale, donnant ainsi naissance à l’accélérateur JFDI.
Deux valeurs vont alors guider le développement du dispositif :
– un fonctionnement en communauté qui mise sur le capital social d’individus d’horizons divers. Si l’entrepreneur qui réussit a en moyenne 38 ans, c’est bien parce qu’il a de l’expérience et un réseau. Concrètement, cet esprit s’incarne dans l’espace, dont un tiers est en fait un café, ainsi qu’un « open-house » tous les vendredi après-midi pour entretenir cet effort.
– apporter un marché à une technologie et non l’inverse. Trop souvent, les entrepreneurs partent d’une idée et en font une technologie (un brevet)… ce qui les met en porte à faux avec les cycles d’innovation modernes (très itératifs).
Après deux années, 4 promotions et 27 startups accélérées, JFDI prend cette année un nouveau tournant et propose désormais deux modules de formation qui se connectent à l’entrée et à la sortie de l’accélérateur.
En amont, il s’agit de remettre dans le bain des entrepreneurs trop éloignés des besoins des consommateurs avec un stage pour … « désapprendre ». Le constat de Hugh Mason, c’est que la plupart des équipes perdent environ trois semaines au début de l’accélération pour se remettre en phase avec leurs utilisateurs.
En aval, JFDI compte aider les startups à passer le cap des séries A. Traditionnellement, il est simple pour une petite équipe de récolter ce que l’on nomme le seed funding, ces quelques centaines de milliers de dollars qui permettent de tester un projet avec un risque réduit (à Singapour, ces investissements sont largement soutenus par l’Etat). Arriver aux séries A, c’est demander plusieurs millions et montrer qu’on est passé de la bande de copains à une startup avec une stratégie de croissance.
L’expérience de JFDI est donc passionnante… mais loin d’être unique : cet accélérateur fait partie du Global Accelerator Network (motorisé par TechStars), un groupe d’une cinquantaine d’accélérateurs qui permet d’échanger des bonnes pratiques et — surtout — des données pour comprendre et optimiser ces dispositifs aujourd’hui à la base des écosystèmes d’innovation.