Online school : des initiatives hybrides entre salles de classes virtuelles et traditionnelles ouvrent la voie à une éducation de qualité pour tous

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Les modèles des cours en ligne ouverts aux masses (MOOC, Massive Online Open Course), sensés permettre l’éducation pour tous grâce à la technologie, sont régulièrement remis en question. Dans les pays émergents, des initiatives d’éducation hybrides utilisant les nouvelles technologies mais conservant les atouts des traditionnelles salles de classe en termes de motivation et d’interactions sociales, rencontrent un succès grandissant.

Les « Ecoles en ligne » au Bangladesh sont un modèle de réussite en ce sens. Ces salles de classe dans les régions reculées et les bidonvilles sont connectées en ligne avec des écoles dans la capitale, à Dhaka, où le professeur donne cours en vidéoconférence, avec le soutien d’une équipe de modérateurs assignés à la salle de classe locale. Ces modérateurs viennent des communautés locales et soutiennent les professeurs en cas de problèmes opérationnels.

Dans un pays où environ 50% des enfants abandonnent l’école avant d’avoir fini le primaire pour travailler, où 72% de la population vit dans des régions rurales reculées et où les enseignants qualifiés se font rares, ce modèle innovant est un véritable succès. Les enfants partagent avec enthousiasme ce qu’ils ont appris avec leurs parents, qui les envoient dans ces écoles car ils pensent que l’enseignement y est de meilleure qualité et plus compétitif internationalement.

La première « Ecole en ligne » du pays a été lancée en 2013 à Gazipur, à 20 km au nord de Dhaka, et se sont ensuite multipliées. L’objectif à terme est de fournir 2.1 millions d’heures de cours à 250 écoles à travers le pays, pour 100.000 élèves.

Ces écoles sont le résultat d’un partenariat entre la principale compagnie telecom locale, Grameenphone, la fondation JAAGO qui fournit le cursus scolaire, et la société Agni Systems qui offre et maintient une connexion gratuitement dans les régions les plus reculées. « Nous voulions montrer comment la connectivité mobile peut transformer les manières conventionnelles d’offrir des services basiques aux populations » explique Kazi Monirul Kabir, Chief Communications Officer chez Grameenphone.

Publicité de Grameenphone sur les « Ecoles en ligne » au Bangladesh

Au niveau universitaire, un phénomène similaire s’est mis en place à l’initiative des communautés locales défavorisées dans les pays émergents : des petits groupes de travail informels qui suivent collectivement les cours en ligne les plus récents mis à disposition gratuitement par les institutions les plus prestigieuses au niveau mondial Coursera, la plus large société américaine de MOOC associée à une centaine d’universités prestigieuses, annonçait d’ailleurs en 2012 que 62% de son premier million d’utilisateurs étaient situés en dehors des Etats-Unis, en particulier dans les pays émergents. Ces rassemblements informels ont le mérite de faire le pont entre le « online » et le « offline », de bénéficier d’un matériel éducatif autrefois réservé aux élites tout en comblant le manque d’interactions sociales et d’entraide qui lui font défaut et qui sont nécessaires à la motivation des étudiants.

Lors de leur lancement en 2012, l’objectif premier des MOOC était de rendre l’éducation accessible à tous, tout en permettant aux enseignants, écoles et universités d’acquérir une visibilité internationale. Si la plupart de ces cours en ligne sont effectivement accessibles gratuitement, l’objectif initial est loin d’être atteint et l’excitation de départ est largement retombée. En effet, il s’avère que ces cours sont suivis essentiellement par des étudiants déjà diplômés qui cherchent à maintenir leurs connaissances à jour.  Une évaluation sur 2 ans des MOOC créés par les HarvardX et MITx sur la plateforme edX révèle que strictement aucun cours n’est suivi par une majorité de non-universitaires. De plus, la participation chute souvent de 43% entre le premier et le second cours, ce qui pose des questions sur la qualité du cours mais aussi et surtout la difficulté de rester motivé lorsqu’on est livré à soi-même et qu’on étudie seul à la lumière de sa lampe de chevet.

Rendre l’éducation accessible à tous grâce aux MOOC suppose que les futures générations de par le monde soient capables de s’auto-motiver, aient toutes accès à internet et maîtrisent les nouvelles technologies, ce qui est encore utopiste à l’heure actuelle. C’est pourquoi les initiatives hybrides entre salles de classes virtuelles et traditionnelles, qui ouvrent la voie à une véritable éducation pour tous, devraient continuer à fleurir dans les pays émergents et pourraient même transformer l’éducation supérieure dans tous les pays où les coûts des études exorbitants la réservent encore aux élites.

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