Edtech Europe : mais ou sont les Frenchies ?

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Je participais la semaine passée à la conférence EdtechXEurope2016, à Londres. Pendant deux jours, plusieurs centaines de participants venus du monde entier échangeaient sur le futur de l’edtech. L’évènement, très orienté business models et levée de fonds, s’est imposé comme le hub annuel de l’edtech.

A ma grande surprise, les Français étaient très absents à ce grand raout de l’edtech mondial. D’autant plus surprenant que la table-ronde animée par Marie-Caroline Missir sur l’écosystème edtech français était correctement remplie (même si concurrence de Daphne Koller, CEO de Coursera, et son apparition quasiment mystique et totalement surréaliste de grande prêtresse des Moocs, a été rude).

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Au cours de cette table-ronde à laquelle participaient Gabrielle Leroux, chef de projet E-Fran à la Caisse des Dépôts et Raphael Taieb du Livre Scolaire, plusieurs constats ont été faits.

Le premier, le dynamisme réel, en termes de création d’entreprises et de projets innovants. Le second : l’absence de communauté edtech à proprement parler, les écosystème K-12, enseignement supérieur et formation professionnelle étant très cloisonnés et pas alignés. Le troisième, si le marché de la formation professionnelle offre de très belles opportunités aux startups positionnées sur ce créneau, les business models dans le secondaire et le ludo-éducatif sont à la peine, en raison du poids historique des acteurs publics et d’un rapport au numérique et à l’innovation encore « complexe », pour dire les choses avec pudeur.

Comment expliquer l’absence des Français ?  Malgré l’évidence de la mondialisation, les Français restent très franco-français. On sait par exemple que les startups françaises, edtech ou pas, peinent à s’internationaliser et à lever des fonds.

Les Français se croient aussi encore protégés par des barrières réglementaires et historiques, qui n’en sont en fait plus vraiment. Si les barrières réglementaires du marché de la formation professionnelle protègent bien les acteurs historiques de leurs concurrents étrangers, elles accentuent par la même occasion le retard français en termes d’innovation et donc de compétitivité à long-terme. Les entreprises elles, n’attendent pas : certaines inscrivent déjà en masse des collaborateurs sur les programmes certifiants d’Udacity faute de trouver une offre de qualité en France.

A nous d’inventer au XXIème siècle les nouveaux acteurs de cette excellence éducative, fiers de leurs spécificités françaises certes, mais capables d’intégrer les innovations pour leur donner du sens, sans s’arquebouter sur un modèle qui a fait son temps.

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Voici quelques actions qui pourraient contribuer à valoriser l’écosystème du numérique éducatif français, qui n’a pas à rougir de sa vitalité : j’ai assisté au panorama de l’écosystème edtech allemand, qui m’a paradoxalement rassuré, tant les quatre speakers étaient au bord du burn-out.

Premièrement, organiser des roadshows edtech ouverts aux étrangers. Axelle Lemaire a organisé ce type de roadshow avec des bloggeurs américains, qui a failli tourner au bad buzz, mais c’est un risque à prendre et l’impact global reste positif. Inviter des universités, journalistes, investisseurs, entreprises étrangères à faire le tour des acteurs du monde du numérique éducatif français pourrait contribuer à développer notre notoriété. Israël a réussi à se positionner comme un acteur central de l’edtech, grâce à une approche structurée en termes de financement, de communication et de partenariat.

Deuxièmement, les Français, entrepreneurs comme universitaires, doivent sortir la tête du guidon francophone et échanger avec leurs pairs internationaux. Chez LearnAssembly, nous réfléchissons à des partenariats en sciences de l’éducation avec des universités ou des startups du monde entier. Tout le monde est à portée d’un skype ou d’un mail : pourquoi se priver ? Même si les contacts n’aboutissent pas, la veille, la détection de signaux faibles, sont des compétences critiques pour les innovateurs du XXIème siècle.

Troisièmement, les acteurs de l’enseignement supérieur implantés à l’international pourraient endosser le rôle de hub, de tête de réseau de l’innovation pédagogique. Le K-Center de Skema Business School, le projet d’école de demain de Grenoble Ecole de Management ou encore la stratégie internationale et Mooc de l’Essec illustrent bien cette tendance. Problème : trop d’acteurs universitaires voient les innovations edtech soit comme un moyen d’avoir un article de presse, soit comme une menace frontale à leur activité.

Dernière piste, celle que nous privilégions de très loin, compte tenu de l’activité de LearnAssembly qui est orientée vers la formation continue : travailler avec des universités d’entreprise, académies digitales ou autres services formation « nouvelle génération » et construire des projets de formation edtech innovants et d’envergure internationale.

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