Comme souvent avec le numérique, les clients sont souvent bien mieux traités que les salariés des entreprises. Le client-roi bénéficie d’une expérience de plus en plus complète : on parle de parcours client sans couture. Les prospects peuvent maintenant commencer leur parcours sur le web, le prolonger en agence et finaliser le devis sur mobile par exemple. Les abonnés à Netflix peuvent reprendre leur série préférée exactement là où ils s’étaient arrêtés, sans avoir à effectuer aucune action.Pourquoi l’omnicanal ne serait-il pas également de rigueur en formation ?
L’exemple de la formation est à cet égard criant. L’une des tendances de fond de la formation, comme en relation client, est la capacité à proposer, n’importe où et n’importe quand, un dispositif de formation. La formation, devenue une commodité doit être au plus proche de l’apprenant, afin de l’encercler. Tout comme le client-roi, l’apprenant-roi doit pouvoir accéder à sa formation sans effort.
Le blended learning est ce qui se rapproche le plus d’une formation réellement omnicanale. Certaines plateformes LMS sont désormais en mesure de proposer des connecteurs à des outils externes de visioconférence, de tchat, de vidéo, de gestion du présentiel. D’autres éditeurs de LMS ont fait le choix de proposer leurs propres outils de gestion de la formation multimodale.
Côté contenu de formation, la possibilité d’utiliser des learning objects et de les ré-assembler intelligemment dans différents contextes est une plus-value forte. Pourtant parler de formation omnicanale est encore un vœu pieu.
Première barrière, l’équipement : le taux d’équipement en mobile professionnel reste faible; et le droit à la déconnexion entre en conflit avec le mobile learning. L’envie de certains collaborateurs de se former en mobilité ne pourrait être érigée en norme obligatoire. L’équipement en PC ou en bornes pédagogiques pour des sites industriels est là encore très inégalitaire. Enfin, les applications mobiles ou version responsive de certains LMS sont très superficielles.
Au-delà de l’enjeu d’équipement, les deux autres blocages sont d’ordre culturel et légal. L’omnicanal, c’est un mode de consommation fragmenté, dilué dans le temps. Or la formation, au sens légal du terme, reste une action unique, dans le temps et l’espace. Même le digital learning reproduit ces contraintes venues du présentiel en enfermant les collaborateurs dans une “salle de classe virtuelle” et en mesurant leur “temps passé”. Comment développer l’omnicanal si les collaborateurs ne sont pas incités à se former en permanence, par petites touches régulières ?
Côté légal, la collecte de données de différents terminaux ainsi que l’interopérabilité entre les différentes solutions technologiques sont de véritables casse-têtes. Agréger la donnée, la consolider dans des tableaux de bord clairs reste une tannée.
L’heure de l’omnicanal dans la formation est loin d’être arrivée; mais la tendance est là !
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