A la veille de la French Touch de l’Education organisée par LearnAssembly en partenariat avec Educpros, nous avons voulu analyser à quel point le digital learning bouleversait les habitudes de formation pour les apprenants comme pour les responsables formation.
Un responsable marketing veut développer le SEO de la chaîne Youtube de son entreprise. Que fera-t-il ? Il s’inspirera probablement d’un pair notoirement talentueux ou consultera le blog d’un expert en la matière. Les technologies et les usages évoluent à un tel rythme qu’il n’est plus envisageable pour lui d’attendre six mois ou un an que son entreprise mette en place une formation adéquate. De facto, la formation continue sort de plus en plus du cadre traditionnel. Chaque salarié pioche l’information où elle se trouve : sur les réseaux, sur les forums, sur les vidéos en ligne; c’est à lui de se former en fonction de ses besoins, de ses missions et de ses lacunes. La formation devient auto-formation, c’est là un changement de paradigme !
Oui mais voilà… Si ces formations et ces informations existent, elles sont souvent difficiles à trouver, perdues dans la jungle du web. Comment sourcer les meilleurs pratiques ? Les blogs les plus pertinents ? Les MOOC les mieux pensés ?
Un changement culturel pour l’organisation
C’est justement là que doit intervenir l’organisation : adapter son rôle à l’aune de ce nouveau paradigme. Elle doit accompagner les salariés dans leur formation en proposant des contenus pertinents, en accord avec leurs besoins. Sur les plateformes LMS des grands groupes, des milliers voire des dizaines de milliers de contenus de formation coexistent. Sur le LMS de Schneider Electric par exemple, “il y a plus de 10.000 learning objects” estime Xavier D’Esquerre, Senior Vice President Workforce Planning & Learning Solutions de l’entreprise. Les grands groupes se mettent donc à sourcer, voire produire des contenus de formation pour répondre aux problématiques de chacun de leurs collaborateurs. Ils vont même plus loin, optimisant le référencement de chaque formation pour que les collaborateurs puissent trouver plus facilement les contenus dont ils ont besoin.
Le rôle du responsable formation évolue.
Le rôle du responsable formation évolue de manière substantielle. En fait, il doit de plus en plus maîtriser les sujets techniques. Il a pour responsabilité de développer des plateformes LMS, de produire de nouveaux formats et de nouveaux contenus. Xavier D’Esquerre, qui interviendra à la French Touch de l’Education, le résume à sa manière : “C’est un rôle plus high-tech, un rôle plus agile, un rôle centré sur l’expérience. Car aujourd’hui si les employés n’ont pas une expérience attirante autour du learning, ils ne vont plus du tout utiliser ce qu’on leur propose.” Le rôle du “RF” est évidemment d’appréhender les besoins de formation de chacun mais il doit également s’assurer que les modalités pédagogiques sont compatibles avec les usages des collaborateurs. Faut-il pousser des contenus accessibles sur mobile ? Faut-il déployer des MOOC ? Faut-il favoriser le blended learning au vu de la complexité des sujets ?
Le responsable formation doit s’approprier l’ensemble des techniques offertes par le digital : “C’est quelqu’un qui doit être très branché sur les tendances digitales, les tendances sur l’apprentissage” analyse Xavier D’Esquerre. La variété des formats, des modalités pédagogiques et des solutions techniques font du digital learning une véritable science. C’est d’ailleurs pour aider les formateurs à réinventer leur métier, à s’approprier les nouveaux outils et les nouveaux usages, que nous avons lancé un parcours de formation dédié au digital learning.
Un changement culturel pour le salarié
Enfin, l’auto-formation demande au salarié d’être proactif et de prendre en main son parcours de formation. Les nouvelles modalités pédagogiques, souvent distancielles, lui permettent de se former où il le veut et quand il le décide. Plus besoin de bloquer une demi journée dans son agenda pour assister à un atelier de formation. Il pourra désormais consommer ces nouveaux formats directement de chez lui, dans les transports, ou simplement depuis sur son poste de travail. Mais cette flexibilité n’est pas toujours bien perçue par les salariés car elle désacralise le temps de formation. Qu’on le déplore ou non, la formation continue est en train de vivre une révolution copernicienne, un profond “changement de culture” comme le dit Xavier D’Esquerre.
Maxime THUILLEZ