Nos procédures d’orientation structurent notre système scolaire depuis fort longtemps (1880, 1959, 1973, 1992). Elles reposent sur un pouvoir sur les élèves concernant leur circulation dans le système scolaire, attribué aux enseignants et aux chefs d’établissement reposant sur une circulaire de 1880. Il serait peut-être temps de prendre une grande décision.
Actuellement, elles produisent des redoublements à quatre niveaux du système : 6ème, 4ème, 3ème du collège et en seconde au LEGT, sans compter ceux qui sont produits en primaire ! Ainsi 49% des élèves de seconde ont fait un parcours « normal ».
Elles ont toujours été justifiées comme permettant d’assurer l’équité et l’égalité des chances, or les résultats de PISA montrent que notre sélection scolaire renforce les inégalités sociales.
Elles devraient également favoriser le dialogue entre l’école et les familles. En effet, on y parle de dialogue, de vœux, de propositions, d’implication familiale, mais l’on observe pression, conflit, passivité, rancune, non seulement entre les familles (les élèves) et les enseignants, mais également entre les enseignants et les chefs d’établissement (l’évaluation de l’établissement, et indirectement de son « chef », se fait en grande partie sur les statistiques d’orientation). Curieusement, et malgré ces faits, les enquêtes d’opinions relèvent la satisfaction globale des familles. L’emprise du pouvoir enseignant est bien intégrée dans la population.
En troisième, fin du collège, s’opère la grande bifurcation, le grand tri entre ceux considérés comme capable de poursuivre en seconde SGT et les autres envoyés en voie professionnelle, car c’est sur cette base que les propositions d’orientation sont prises et non pas sur la motivation des élèves. C’est la réussite scolaire au collège qui justifie cette répartition. Mais ceci ne se justifie pas que sur la base de la troisième. Le collège unique n’a jamais été unique, ses parcours « particuliers » internes ont toujours permis d’atténuer le choc du jugement de la 3ème, et en grande partie de déculpabiliser ses auteurs en fin de parcours.
Ces procédures soutiennent la particularité française des enseignants : faire réussir tout le monde (objectif du socle), tout en produisant des jugements discriminants justifiant l’orientation : paradoxe pragmatique qui aboutit à la constante macabre d’Antibi. Les procédures d’orientation (et d’affectation) nécessitant des notes empêchent une réelle mise en œuvre de l’objectif du socle commun.
Enfin l’éducation à l’orientation (aujourd’hui le PDMF) ne peut réellement se mettre en place car elle n’a aucune utilité dans un système fonctionnant à la contrainte et non à la confiance. La réussite éducative suppose confiance en général dans l’humain et en chacun.
Dernier argument (parmi bien d’autres), le système scolaire qui aux yeux de PISA réunit la plus grande efficacité et la plus grande équité sociale n’a ni notation, ni redoublement, ni procédures d’orientation. Bizarre.
La suppression des procédures entrainera la révision de l’affectation, la mise en place d’une seule seconde (lycée unique), et le développement d’un réel service d’accompagnement des personnes dans leurs pratiques d’orientation.
Bernard Desclaux
Merci pour cet article .. ces procédures d’orientation renforce effectivement les inégalités sociales . C’est une sorte de sélection dissimulé sous de gentils mots .
Claude M. Chez AE
Merci pour cet article ; malheureusement la clé est dans l’accompagnement, les pratiques de soutien et là, il y beaucoup à dire.
Le collège unique est un échec. Il serait peut etre une réussite si les matières dites nobles y avaient moins de place…
Que serait un lycee unique,une high school américaine?
Pour répondre très vite à Milude :
– Le collège unique n’est pas un échec en ce sens qu’il n’a jamais réellement existé (à cause notamment des dispositifs dérogatoires, dont certains sont légitimes, d’autres n’étant que des filières de relégation déguisées). De même, peut-on parler de collège unique si on impose une orientation non choisie en fin de 3e ? Le collège est alors unique, mais pas ses débouchés, et le problème des inégalités demeure.
– Le lycée unique, ce serait en premier lieu un beau projet pour une équipe réellement refondatrice ! Et compte tenu de ce que je viens d’écrire, ça solutionnerait en partie la question de l’orientation en fin de 3e (étant entendu que lycée unique ne veut pas dire à mon sens suppression des spécialisations progressives … il faut juste les faire plus tard).
Bernard, une prise de position qui doit résonner agréablement ! http://www.fcpe.asso.fr/index.php/actualites/item/476-decisions-dorientation-le-jeune-et-ses-parents-doivent-avoir-le-dernier-mot
La plupart des parents dont l’enfant a 3 de moyenne générale , dont l’enfant ne fout rien en classe , insulte frappe les adultes , rackette les autres élèves , provoque incident sur incident , empêche les profs de faire cours , la plupart des parents réclameront une orientation en filière générale ! Et ces jeunes vont continuer d’empoisonner la vie des autres élèves , des sages , des travailleurs qui viennent vraiment pour étudier .
Marre des parents qui savent pas élever leurs gosses ! Au moins au lycée , on pouvait espérer que nos enfants à nous soient tranquilles après une période collège souvent épique , eh bien non , nos enfants vont devoir els supporter 3 ou 4 ans de plus .
MARRE !
Un seul morveux suffit à empoisonner la classe … et dans la plupart des classes , il n’y en a pas un mais plusieurs !
MOI JE VEUX QU4ON FOUTE DEHORS TOUS LES FOUTEURS DE MERDE DE JEUNES POUR QUE LES 2L7VES NORMAUX PUISSENT TRAVAILLER !
POURQUOI CE TYPE DE REVENDICATION N’EST PAS RELAYE ?!!!
Des parents comme moi , il y en a pourtant des tas !
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