Dans le cadre de la Conférence-débat : Jeunes et pratiques d’information, organisée le mardi 25 septembre 2012 par l’INJEP, j’ai participé à la première table ronde intitulée : Orientation : les pratiques d’information changent la donne. Voir la présentation de cette opération sur le site de l’INJEP.
Elle se tenait à l’occasion de deux parutions :
- des Cahiers de l’action n°36; voir Internet change la donne, et l’interview de Gérard Marquié « Le poids du scolaire dans l’orientation est une question centrale » ;
- et des Jeunesses Études et Synthèses n°9. Mon ami Gérard Marquié m’avait demandé un encart pour le deuxième document. Je le reproduis dans ce post.
Viendront ensuite la publication sous forme de plusieurs posts de mon intervention que j’avais intitulée « Trois éléments de contexte ».
Le prezi utilisé se trouve à l’adresse : http://prezi.com/5srqtuwau__i/information-orientation-jeunes/
Améliorer le processus de l’information en matière d’orientation est sans doute nécessaire aujourd’hui en France. La synthèse des travaux de l’INJEP présentée ici, et surtout
les propositions formulées vont dans ce sens :
- mieux s’adapter à la « demande », aux différents profils ;
- trouver la « bonne » interface, celle qui sera « pertinente » pour rentrer en communication, et acceptée par le demandeur ;
- coordonner les dispositifs d’information, objet de la mise en oeuvre actuelle du service public d’orientation tout au long de la vie.
Mais est-ce suffisant pour affronter les deux difficultés majeures à mes yeux qui constituent le problème de l’orientation en France ?
Ce n’est pas l’information qui est complexe et compliquée, mais le monde de la formation. Il est d’abord multiple, foisonnant, mais il est également fait d’entités qui ont chacune leur « politique de recrutement ». Aussi, l’information n’est jamais neutre. Elle est toujours l’effet et l’enjeu de forces, d’autant plus que notre système est marqué par la sélection. Il ne suffit pas d’être informé, et de bien choisir, il faut encore avoir les atouts pour être pris, choisi, retenu.
L’organisation de nos procédures d’orientation a des effets structurants sur l’état des personnes. Elles laissent supposer que le choix de l’élève est premier et essentiel.
Mais les réels décideurs de son orientation étant les personnels de l’éducation, enseignants de l’élève et chef d’établissement (et non pas les conseillers d’orientation), ce sont les critères scolaires (réussite, difficulté dans les matières) qui fonctionnent et non la motivation de l’élève. D’où l’intégration, très vite, par l’élève de ces critères pour arrêter ses « propres choix ».
Si développer un service public d’information et de conseil en orientation est nécessaire pour aider les membres de la société dans la tâche sans doute de plus en plus permanente et répétitive de se réorienter, ce n’est pas suffisant pour que son utilisation soit efficace.
Il faut encore que les compétences et les capacités à s’orienter soient acquises. Et le fonctionnement de nos procédures d’orientation dans le monde scolaire est plutôt contre-productif par rapport à cet objectif.
Bernard Desclaux
Ce qui rend nos procédures contre productives et toxiques pour l’ensemble du corps social, c’est qu ‘elles installent , de fait , un principe d’opposition et d’intérêts divergeant entre l’école et les familles : A y regarder de près , rien ne peut légitimer , aujourd’hui, cette opposition ; même pas le déficit constaté de connaissances à moment donné , dont les études sur le fonctionnement du cerveaux montrent, qu’il n’est pas cumulatif , mais réversible, transformable et transférable . On doit se demander si l’on ne peut pas parler, concernant l’état et ses agents, de « conflits d’intérêts » , quant un « interdit » est posé , à priori , sur une demande d’expérience qui a autant de chances de s’avérer positive que négative . En effet , tout laisse penser que les décisions prises le sont pour préserver l’institution et gérer les flux , plus que dans l’intérêt de l’élève dont on ne veut pas savoir comment il peut évoluer si on lui laisse la responsabilité du « dernier mot » . Ce fonctionnement de défiance , diffuse ensuite dans tout le corps social et impacte lourdement nos rapports , au travail comme dans la famille . Il alimente aussi tout un circuit de cours privés, où on laisse croire qu’on va remédier à un déficit d’autorité de l’institution publique , alors que le fond de la question est le déficit de confiance , d’autonomie et de pouvoir sur soi même : Toute une organisation , qui fera des futurs citoyens respectueux de l’ordre établi , mais incapables de créativité , de générosité et d’ouverture au monde .