Une journée thématique sur l’orientation et l’organisation du lycée est organisée par la FCPE à Paris. Elle s’ouvrira sur une table ronde pour laquelle j’étais invité. Elle devrait permettre d’alimenter les travaux des responsables départementaux de la FCPE qui auront lieu l’après-midi. Je devais l’ouvrir en faisant un état des lieux du sujet et poser quelques perspectives. Ne pouvant m’y rendre, je mets en ligne ce que je pensais présenter. J’avais prévu également un prézi pour soutenir mon intervention. Il est en accès public.
Je propose ici une série de posts pour développer mon intervention qui sera articulée autour de quatre questionnements :
- Que produit notre système scolaire ?
- De quel lycée s’agit-il ?
- Quelle orientation ?
- Quelle structuration du système ?
Je poursuivrais cette réflexion avec d’autres références dans un cinquième post.
Donc commençons par « que produit notre système » ?
L’accès au bac
Le graphique suivant (extrait de L’éducation nationale en chiffres) montre bien l’évolution de cet accès.
Part d’une génération ayant le baccalauréat de 1851 à 2014,
C’est en 1992, que ce taux atteint les 50% d’une classe d’âge. Ici, ce n’est pas la question de la diplomation qui doit nous intéresser, mais celle de la scolarisation. Nous avons quitté le siècle où la construction de l’identité se faisait en référence au travail pour la plus grande partie des adolescents. Aujourd’hui cette construction se fait au moins en partie en référence à l’espace scolaire. Tout en sachant qu’une partie d’élèves des lycées sont obligés d’avoir un emploi en parallèle de leurs études.
Un commentaire tout de même sur la répartition des types de diplômes. Les bacs généraux représentent moins de la moitié des bacs ! Pire, c’est la grande progression des bacs pros dans ces dernières années qui fait passer le taux d’accès au bac tout près des 80%.
La scolarisation
Un document de référence vient d’être publié : LA MASSIFICATION SCOLAIRE SOUS LA Ve RÉPUBLIQUE. Une mise en perspective des statistiques de l’Éducation nationale (1958-2014), par Florence Defresne, MENESR-DEPP, unité des méthodes et synthèses statistiques, Jérôme Krop, Université d’Artois ESPE Lille-Nord de France, In Massification scolaire et mixité sociale. ÉDUCATION & FORMATIONS, N° 91, 2016.
J’en extrais deux graphiques sur la progression de la scolarisation à 14 ans et à 17 ans, non seulement en termes de masse qu’en répartition dans le système scolaire. Où étaient-ils et dans quel type de classe ?
On peut repérer que le basculement entre deux systèmes de scolarisation s’est fait dans les années 80. Passage d’une scolarisation loin d’être « normale » (la moitié des enfants étant hors l’école) et à deux étages (la plupart des élèves s’arrêtant à une scolarisation dans un premier niveau secondaire), à une scolarisation longue et de masse (plus de la moitié des jeunes se trouvent scolarisés), et donc à une fréquentation également de masse du deuxième cycle du secondaire.
Et notons que le temps moyens passé dans le système scolaire est de 19 ans.
Législation
Si on a une démographisation du système scolaire il faut également noter une modification de la législation dans le domaine scolaire. Pour la première fois dans une loi, celle 1989 (dite loi Jospin) des objectifs quantitatifs sont formulés pour le système éducatif.
L’objectif des 80% d’une génération au niveau bac est le plus célèbre. Son interprétation fut conflictuelle. Beaucoup de confusions sur deux points. Confusion entre bac obtenu et niveau du bac. Mais aussi confusion sur la nature du bac. Pour beaucoup, le bac, c’est le bac général, et non l’ensemble des bacs et notamment le bac professionnel récemment créé (1985). Actuellement, on approche de la réalisation de cet objectif 17 ans après sa formulation !
Le deuxième objectif, celui des 100 % de qualifiés est moins connus et beaucoup plus difficile à réalisés !
Document extrait de L’état de l’école, 2015.
Pour complément, voir mon article « Rappel des trois objectifs quantitatifs de l’Education nationale ». Pourquoi trois ? Parce que la loi de 2005 a ajouté l’obtention d’un diplôme de l’enseignement supérieur par 50% d’une génération. C’est un objectif européen, et le premier diplôme européen est la licence depuis la mise en place du principe du LMD.
Bernard Desclaux
article suivant :
Les cadres d’une réforme du lycée. Mais de quel Lycée ? 2/5
Merci pour cette synthèse comme toujours très éclairante. A la lecture de ton exposé, j’ai envie de conclure : objectifs atteints. Nous voici dans le paradigme d’une scolarisation secondaire universelle achevée et d’une massification de l’enseignement supérieur concomitante.
Les objectifs quantitatifs sont quasiment atteints. Reste maintenant les défis qualitatifs… et là nous ouvrons la boîte de Pandore de la pédagogie…
Intéressant, j’attends la suite !
[…] une réorganisation de la structure de notre système scolaire (voir ma série d’articles « Les cadres d’une réforme du lycée », et surtout d’une évolution profonde de la conception du/des rôles de l’enseignant […]
[…] du collège. Ces questions ont été développées dans la série d’articles consacrée aux cadres d’une réforme du lycée, et en particulier dans […]