Le CIO, un dispositif ou un service à la personne VI

Poursuite de mes réflexions autour de la tentative de transférer les personnels d’orientation aux régions en 2003. Je voyais cette période comme une occasion de construire une profession unifiée. C’est ainsi que je formulais la situation.

La reconfiguration de la formation professionnelle

Il s’agirait d’une mission de service publique attribuée aux régions et non au seul champ du privé comme certains le disent.

Où se trouve l’avenir de l’orientation en tant que question sociale ?

Au début du XXème siècle il s’agissait de l’entrée en formation professionnelle de la jeunesse. Puis ce fut la généralisation de la scolarisation avec le développement de l’Orientation scolaire. Aujourd’hui je pense qu’il s’agit de l’accompagnement des personnes dans la Formation professionnelle tout au long de la vie.

 

Il y a des modifications structurelles de la formation professionnelle en Europe mais également à l’université et dans le supérieur, très profondes. L’organisation par crédits est fondamentale. Elle touche toutes les formations professionnelles en Europe, ainsi que l’organisation de l’enseignement supérieur. On sort de la formation « paquet cadeaux », du menu obligatoire, qui simplifiait beaucoup la tâche d’orientation. Il s’agissait de choisir la bonne porte d’entrée dans le chemin nécessaire. Il pouvait y avoir quelques chemins possibles avec choix entre eux. Mais la question de l’orientation était essentiellement le choix de l’entrée.

Une nouvelle conception de l’orientation

La question de l’orientation dans un cadre de crédits, de modules, de compétences, dont les combinaisons sont plus ou moins porteuses de potentialité d’employabilité de la personne, sont je pense beaucoup plus complexes aussi bien pour la personne, que pour le « conseiller », que pour les organismes de formation eux-mêmes.

 

Il s’agit alors de s’interroger sur les compétences professionnelles des services d’orientation alors nécessaires dans ce cadre. J’en distingue quatre :

  • Etre capable d’aider la personne à identifier ce qu’elle veut faire.
  • Quelles compétences nécessaires ou probables seront alors nécessaires pour exercer cette activité.
  • Où les obtenir (et sûrement pas en un seul « lieu » ni d’une seule forme d’acquisition).
  • Maintenir l’information du sujet au cours de ce processus.

La responsabilité personnelle, l’énergie psychologique, les risques personnels seront alors très forts pour le sujet.

Nous savons tous que la conception adéquationniste de la relation formation-emploi est totalement illusoire. Mais elle sera sans doute encore très présente, car elle est simple pour soutenir un discours politique.

 

Donc, à la condition de prendre cette distance et de se positionner par rapport à la Formation Professionnelle tout au long de la vie, nous pouvons alors défendre notre compétence de psychologue. L’accompagnement, au sens fort, des personnes sera essentiel. Ceux qui travaillent notamment dans le cadre de la VAE sentent  bien cette nécessité. Il ne s’agit pas seulement d’un traitement administratif d’une demande de « certification ». Et en passant, c’est également au nom de cette conception complexe de l’orientation, que la nécessité de l’éducation à l’orientation se posera dans l’initial (en faisant la distinction entre la gestion des parcours, le conseil aux personnes, et l’éducation à l’orientation).

Vers une profession unifiée

Sur ce terrain de l’orientation, de la formation et de l’insertion tout au long de la vie, existent déjà quelques dispositifs et des personnels. Beaucoup sont dans des statuts précaires, et seront sans doute très intéressés par la création de ce nouveau corps de fonctionnaires territoriaux. On peut donc penser que la construction de ce nouveau champ professionnel se fera entre autre par l’agglomération de personnels issus d’horizons différents. Il faut rappeler que ce fut déjà le cas lors de la création des COSP avec le rassemblement pas toujours facile entre les anciens de l’OP ceux du BUS et les nouveaux entrants très souvent anciens instituteurs.

 

Pour négocier cette création il nous faudra des structures ouvertes, que ce soient nos syndicats ou des associations, ouvertes à « l’étranger », à d’autres. Oui les conseillers d’orientations-psychologues (COP) actuels ne représentent qu’une petite part de ce champ professionnel, il y a tous les autres.

 

Depuis plusieurs années il y a des débats sur le nom de « conseiller d’orientation » utilisé par d’autres que par les personnels de l’éducation nationale, mais aussi sur qui a droit à exercer la pratique du conseil. C’est aussi le moment où les rapports et les études notamment européennes montrent comment, en France, il y a une multitude d’organismes qui s’occupent d’orientation d’une manière ou d’une autre. Les pratiques sont différentes, ainsi que les critères de recrutement et les compétences des personnels. J’ai pour ma part le modèle québécois. Il existe deux corporations, celle des psychologues et celle des conseillers d’orientation. Une fois formé à l’université, le conseiller québécois adhère à la corporation, il est ensuite employé par divers organismes d’état ou privés. Et c’est la corporation qui régule les professionnels. Ce modèle nous avait été décrit par Conrad Lecomte lors de sa venue en France en 1986 aux journées de l’ACOF d’Annecy.

Quelques universités développent des DESS de formation au conseil en orientation pour professionnaliser les personnels de nombreux organismes ou associations. A l’INETOP, Jean Guichard directeur à l’époque créé un DESS de ce type. Il sera très critiqué en interne et certains syndicats le considèrent comme étant déloyal à la profession des conseillers d’orientation-psychologues. Curieux oubli de la période où l’INOP décernait un diplôme d’Etat avec lequel son détenteur pouvait travailler dans l’éducation nationale mais aussi dans des entreprises pour le recrutement, l’organisation du travail…

 

Et aujourd’hui, en 2018, où en est cette problématique ?

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This entry was posted on jeudi, août 2nd, 2018 at 10:17 and is filed under Orientation. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.

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