La décision du Conseil d’administration de Paris 9 Dauphine d’augmenter les droits d’inscription dans une 40ne de masters, dénommés “masters d’établissement”, a attiré immédiatement les ires de Valérie Pécresse, de la CPU et des représentants syndicaux au CNESER . Dans ma chronique du 3 février 2010 (cliquer ici), j’ai soutenu le principe de l’augmentation de ces droits, droits en fonction des revenus des parents (les boursiers étant exonérés). Les commentaires à cette chronique rejoignent mon analyse, à une exception près.
Le 3 février 2010 (cliquer ici), Valérie Pécresse “s’est employée à rassurer les syndicats et les étudiants“… “Nous vérifierons que ce que Dauphine fait est légal”… “Il n’est absolument pas question d’augmenter les frais d’inscription à l’université”.
Dans sa Lettre d’information du 4 février 2010, la CPU fait preuve d’une rare hypocrisie (cliquer ici). Les droits d’inscription sont effectivement “libres” pour les diplômes d’établissement, mais ceux-ci ne peuvent bénéficier de fonds d’Etat ! La CPU sait pourtant pertinemment qu’il est impossible de connaître les ressources affectées à chacun des diplômes !
Le 15 février 2010, le CNESER, dans une motion votée par 23 voix contre 3 et une abstention, demande à Valérie Pécresse de “faire un rappel immédiat à la loi et d’imposer à Paris-Dauphine le retour à des diplômes nationaux et donc à des droits d’inscription normaux”, cette université ne “respectant pas l’avis du Conseil d’État à seule fin d’augmenter les frais d’inscription”.
Seule contre tous, Dauphine ne s’en laisse pas compter. Son président, Laurent Batsch, mène la contre-attaque sur trois plans. La communication institutionnelle de l’université cible l’objectif : “Diversifier les ressources pour développer nos talents à l’international” (cliquer ici) : fonds publics, fondation, formation continue, taxe d’apprentissage et… droits d’inscription. “A toutes ces ressources, il faut maintenant ajouter l’apport des droits d’inscription : ils ne sont pas un substitut aux autres financements, mais un supplément indispensable pour élever notre qualité aux standards internationaux”.
Deuxième volet de la contre-attaque : s’appuyer sur un rapport récent de la Cour des comptes (cliquer ici) qui souligne l’accord du Ministère : “Dauphine pourra, dans le cadre de son statut de grand établissement bénéficier d’une autonomie financière accrue… par une capacité à générer des ressources accrues en fixant éventuellement des niveaux de droits d’inscription à ses diplômes d’établissement adaptés à sa politique pédagogique et à l’environnement dans lequel celle-ci s’inscrit… Le ministère entérine ainsi la liberté de l’établissement de fixer les droits de scolarité pour ses propres diplômes“.
Troisième volet de la contre-attaque. Il n’y a aucune raison de ne pas bénéficier, à l’instar de Sciences Politiques, de fonds d’Etat. Dauphine demande l’égalité de traitement entre tous les Grands établissements. “L’État attribue à Sciences Po chaque année près de 18 millions d’euros de plus qu’à Dauphine, soit 1,8 fois le financement attribué à Dauphine”… “La contribution publique par étudiant est de 5.200 euros pour Dauphine et de 8.400 euros pour l’IEP”.
Le Conseil d’Etat devrait juger de nouveau ! A suivre.