Suite des chroniques sur les Instituts d’enseignement supérieur (IES). La chronique précédente (”IES. Orientation et numerus clausus“) a démontré que, pour atteindre 50% de jeunes obtenant un diplôme de l’enseignement supérieur, il fallait que progressent le taux de bacheliers chez les jeunes et le taux de poursuites d’études dans le supérieur, en particulier parmi les bacheliers technologiques et professionnels (lire la chronique “Bacheliers professionnels en prépa ECT, Economique et commerciale technologique)”.
50% de diplômés du supérieur dans les générations nouvelles et dans la situation démographique présente, ce sont 480.000 jeunes. Combien de places faut-il donc ouvrir dans les Instituts d’enseignement supérieur public et en particulier en 1ère année ? Si on suppose relativement stables le taux de poursuites d’études dans l’enseignement supérieur privé et le taux d’étudiants étrangers dans le cycle “Licence” (chronique : “Effectifs universitaires : alerte rouge“), tout en comptant sur une progression du taux d’obtention de la licence en 3 ans (diminution des taux de redoublement et d’abandon), il faut ouvrir environ 400.000 places par année d’IES, 1.200.000 pour les 3 années.
Avant d’en déduire le nombre de l’IES à créer, il faut aborder la question de la taille de chaque IES. Chaque IES doit accueillir en 1ère année de licence des étudiants qui, après la licence, poursuivront des études au moins jusqu’à bac+5 et des étudiants qui entreront sur la marché du travail après l’obtention d’une licence professionnelle. Chaque IES doit assurer au moins deux parcours longs et deux parcours professionnels au sein des 5 voies d’études supérieures (santé, sciences, droit et sciences politiques, économie et gestion, lettres, langues et sciences humaines).
Les deux impératifs précédents doivent empêcher une trop forte spécialisation des IES, permettre des passages de la voie longue à la voie professionnelle et inversement, des changements de filières (par exemple Santé vers Sciences et inversement). Si on retient par ailleurs l’hypothèse d’un effectif de 30 étudiants par classe et de trois classes au minimum pour chaque filière longue ou professionnelle, on obtient un effectif minimum de 1.080 étudiants. Un IES qui formerait dans 3 filières longues et 3 filières professionnelles avec chacune 4 classes de 30 èléves atteindrait environ 2.000 étudiants.
C’est cette base qui est retenue comme hypothèse pour la création des IES : pour accueillir 1.200.000 étudiants, il faut donc 600 IES, répartis dans les métropoles, les villes grandes et moyennes du territoire. L’IES doit être un établissement public d’enseignement supérieur de proximité ; la proximité est un de démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur.
Tentons un exercice de territorialisation des IES en région Alsace (ma région d’adoption pour la retraite !). 15.000 jeunes obtiennent le baccalauréat chaque année dans l’académie de Strasbourg (cliquer ici). Vu la poursuite d’études dans l’enseignement supérieur privé et l’attractivité présente des deux universités à l’égard des étudiants étrangers, on peut faire l’hypothèse de la nécessité pour les IES alsaciens d’accueillir un minimum de 10.000 bacheliers par an et de 30 à 34.000 étudiants en tout, soit l’équivalent de 15 à 17 IES dans la région.
Combien de villes accueillent aujourd’hui des étudiants du supérieur en CPGE, BTS, DUT, Licence universitaire ? Le site “Admission Post-bac” nous donne la réponse. La carte des formations est pléthorique et illisible ; elle est la plus éclatée en BTS. La création d’IES y remédierait. 22 villes accueillent des étudiants du Sup, 11 dans le Bas-Rhin et 11 dans le Haut-Rhin. Combien d’établissements ont au moins une formation post-bac ? 64, 38 dans le Bas-Rhin et 26 dans le Haut-Rhin. Combien de formations offertes en 1ère année d’études supérieures ? 272, 178 dans le Bas-Rhin et 94 dans le Haut-Rhin.
Bien sûr, ce sont les deux universités, Strasbourg et Haute-Alsace Mulhouse (UHA), qui offrent le plus de formations de 1ère année : 63 à l’université de Strasbourg (hors IUT) et 20 à l’UHA. Hors université, Strasbourg possède 15 lycées qui proposent des CPGE et/ou des STS (58 formations) et Mulhouse 7 (28 formations).
7 autres villes proposent plus de 5 formations : Haguenau (3 établissements et 9 formations), Illkirch (5 établissements et 22 formations), Schiltigheim (2 établissements et 7 formations), Sélestat (3 établissements et 6 formations), Colmar (8 établissements et 21 formations), Guebwiller (3 établissements et 6 formations), Saint-Louis (1 établissement et 8 formations).
9 villes pour 15 à 17 IES en Alsace, ce devrait être possible !