Dans le cadre d’une enquêté réalisée auprès des étudiants, cette question est arrivée de manière récurrente.
J’y réponds !
La voie de l’enseignement.
C’est elle qui m’a ouvert les portes de la direction d’une grande école de commerce. J’ai toujours voulu enseigner et, encore aujourd’hui, je prends beaucoup de plaisir à le faire. La bascule entre enseignement et management s’est effectuée naturellement avec la rapide professionnalisation des écoles de management. Depuis la chute du mur de Berlin, les frontières du monde ont explosé, y compris pour les ESC ! Plus question de cumuler deux ou trois casquettes, celle de professeur, d’administrateur ou de manager. J’ai choisi cette dernière voie me concentrant, dans un premier temps, sur les aspects internationaux de la fonction.
Un métier fantastique.
Je n’en retire que des satisfactions. La culture de l’école à Grenoble y est pour beaucoup. Nous vivons un véritable projet entrepreneurial, sans limites, en mouvement permanent. Et les défis à relever sont multiples car tout a changé : l’enseignement, l’entreprise, les méthodes pédagogiques… Il faut gérer une véritable entreprise qui émet 1 000 bulletins de paie par mois ! Comme un entraîneur de foot, je construis une équipe dans la durée. C’est une véritable force.
C’est également un métier qui demande beaucoup d’abnégation et un fort ego… mais pas trop non plus ! Je réalise aussi toute ma chance par le soutien inconditionnel de ma femme et de mes enfants. Les heures s’accumulent, la pression est permanente, les déplacements nombreux.
Côté limites ?
Je ne nie pas certaines frustrations. En devenant directeur, la relation à l’étudiant change puisque du statut d’enseignant-chercheur, on passe à celui de manager, gestionnaire, père fouettard, diplomate, ambassadeur, développeur, commercial… Il faut également accepter les risques d’un milieu extrêmement compétitif. Un ensemble de contraintes bien vécues malgré tout car les résultats sont là, et chaque action conduit à des résultats immédiats. Les courbatures font moins mal au regard de la croissance de l’école et des ses résultats ! Un écueil à éviter ? Ne pas se croire l’expert universel. D’où l’importance de s’entourer de collaborateurs de qualité et de bien répartir les rôles et les tâches.
Dans 10 ans ?
Le manager d’ESC devra faire face à deux fortes concurrences : extérieure (international, universités) et spécialisée. D’où l’importance d’une stratégie de développement claire avec une bonne articulation entre missions de l’école et certifications/reconnaissance dont l’importance ira croissante. Dernier point : les écoles devront développer de véritables services aux étudiants et aux entreprises mais également déployer de nouveaux partenariats, rechercher de nouvelles sources de financement. Et faire face à de nouveaux défis comme la formation tout au long de la vie.
Mon pire souvenir ?
L’étudiant qui « disjoncte » au meilleur moment de sa vie en stoppant son cursus, par exemple, ou qui commet une bêtise grave… Je le vis toujours comme un échec. Et je ne parle pas des quelques décès que j’ai eu à gérer avec les familles.
Mon meilleur souvenir ?
Les rentrées ! Toujours un moment de bonheur. Surtout ma première en tant que professeur, on m’avait pris pour un étudiant… Le contact avec les étudiants constitue une source de satisfaction et de jouvence.
J’espère avoir répondu à la question ! Vous avez compris que diriger une ESC est un métier passionnant qui évolue dans un contexte en mouvement permanent. J’ai de la chance, surtout celle d’être à Grenoble, d’accompagner des individus, de laisser s’exprimer leurs talents !