Les Pôles de recherche et d’enseignement supérieur (PRES) développent des activités, essentiellement en recherche et en formation doctorale. Ils mobilisent pour cela des ressources (moyens financiers, locaux, personnels) pour atteindre des résultats, si possibles mesurables. Après 3 ans d’existence pour certains PRES, on est en droit de s’interroger : les PRES sont-ils performants ? Ont-ils atteint des résultats par rapport à leurs missions (efficacité) ? Ont-ils consommé beaucoup de ressources pour atteindre les résultats (efficience).
Dans une première étape, il est normal que les PRES soient faiblement efficients et faiblement efficaces. Ils mobilisent des ressources pour lancer des activités, celles-ci n’atteignant pas immédiatement leurs buts. Au terme de 3 ans, des ressources continuent à être utilisées et c’est inquiétant si on ne peut mesurer des résultats objectifs.
EducPros commence un Tour de France des PRES. Première enquête : le PRES Paris-Est. La parole est donnée au Président du PRES, Bernard Saint-Girons (cliquer ici). Il est symptomatique de constater que ce Président mentionne un certain nombre de missions du PRES, d’activités, de ressources allouées mais jamais il ne fournit de résultats concrets. Tout se passe donc comme si le PRES Paris-Est était de moins en moins efficient (3 ans de ressources consommées) et sans qu’on puisse dire quoi que ce soit sur ses résultats. Aucun indicateur de performance du PRES.
Tentative de démonstration dans le commentaire que j’ai posté hier dans la chronique consacrée à ce PRES. “Normal que Bernard Saint-Girons fasse l’apologie du PRES dont il est le deuxième président et qu’il reconnaisse présider un PRES non fusionnel (impossible de fusionner deux universités, une grande école qui appartient également au PRES Paris Tech et des écoles et laboratoires privés).
Bernard Saint-Girons est un soutien objectif de la politique de Valérie Pécresse et il doit faire croire à l’utilité des PRES. Président d’université puis 1er vice-président de la CPU, il obtient des responsabilités importantes sous la droite : recteur d’académie, directeur des enseignements supérieurs, délégué interministériel à l’information et à l’orientation. Etre devenu ensuite président d’un PRES, ce n’est pas la gloire, mais autant croire à sa fonction ou faire semblant d’y croire avant la retraite. Chronique de mon blog : “Présider Paris-Est“.
Professeur à l’université de Marne-la-Vallée jusqu’en novembre 2008, j’ai vécu les débuts du PRES et ai bien entendu suivi ses développements après mon départ. Mon analyse a toujours été la même : ce PRES est artificiel et et ne s’imposera jamais dans le paysage d’enseignement et de recherche français et, a fortiori, dans la compétition internationale de premier rang. Et cela parce qu’il ne peut conduire à une fusion. Les PRES sont obsolètes ; ils ne vont survivre un moment que parce qu’ils vont piloter le dit Plan Campus et le dit Emprunt national. Lire également : “L’IGAENR et les PRES“.
Bernard Saint-Girons fait un bilan somme toute honnête : le PRES coûte beaucoup en financement et en ressources humaines. Il mène de plus en plus d’activités (mais seulement au niveau du doctorat). Mais la performance, ce ne sont pas des activités et des moyens mobilisés, ce sont des résultats.
On est en droit de s’interroger, trois ans après la création du PRES : ce PRES avec ses six écoles doctorales a-t-il commencé à produire plus de docteurs ? Quelle est la part des docteurs de Paris Est dans l’ensemble des docteurs de France ? Quel est le devenir des docteurs récents (alors que les moyens ont été donnés aux deux universités pour ce type d’enquêtes, il n’y a pas d’observatoire au niveau du PRES et pas d’enquêtes). Le PRES, centré sur la recherche, a-t-il produit plus de recherches de qualité, plus de succès dans les appels d’offres français et internationaux, plus d’articles dans les revues labellisées, des progrès dans le Citation Index ? Il ne suffit pas de se voir imposer de signer Paris-Est chacune des publications pour que celles-ci soient mieux repérées (au cours de ma dernière année à Marne, c’était une obsesssion et une injonction répétitive du directeur de la recherche de Marne : vous devez signer “Paris-Est”)…
Quelle visibilité internationale de la recherche du PRES Paris-Est ? Alors que l’université de Versailles Saint-Quentin apparaît désormais dans le classement de Shanghaï, Paris-Est n’y figure toujours pas alors que chacun des 4 membres fondateurs du PRES possède un secteur scientifique et, pour Paris Est Créteil… (j’ai oublié le nouveau nom de Paris 12 impossible à retenir), un secteur médical. Chronique de mon blog “Shanghaï 2010 et les PRES“.
Bref, le PRES Paris-Est : beaucoup de moyens mobilisés (sans compter les coûts de coordination engendrés par de multiples réunions de coordination) pour des résultats non mesurés après 3 ans. Je fais l’hypothèse d’une fort faible efficacité (résultats référés aux moyens mobilisés et imputables à l’existence du PRES. Que Bernard Saint-Girons me détrompe !