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Jean-François Fiorina

Le Doctorat, seul vrai diplôme ?

C’est le pavé dans la marre qu’a lancé le mathématicien Cédric Villani, médaillé Fields* 2010, lors du Congrès annuel des grandes écoles, début octobre. Et pourquoi pas ? Je rebondis sur cette idée pertinente à quelques réserves près.

L’opérationnel. Oui, mais…

Une école de management forme d’abord de jeunes talents dans l’objectif de les rendre opérationnels à court-terme, puis porteur d’innovation et de changement dans les entreprises, dans un deuxième temps. Ces étapes sont incontournables dans une vie professionnelle mais ne touchent-elles pas leurs limites au moment où le cadre aborde la décennie de la quarantaine ? A-t-il forcément reçu la formation intellectuelle pour gérer des situations inconnues ? Se remettre en cause ? S’adapter à un monde en perpétuel mouvement ? Pas sûr.

Intégrer une nouvelle dimension.

C’est ici qu’intervient la nécessité d’une vision à long terme que peut porter le doctorant. Une manière de penser flexible, créatif, non spécialisé, s’appuyant sur une recherche accessible, à la fois fondamentale et ancrée dans la réalité. Un temps nécessaire pour la prise de distance et la pensée complexe. La question est de savoir quand placer cette ou ces années de formation complémentaire ? En fin de 3ème année d’école, à tout moment dans la carrière du manager ? L’idée serait d’abord de donner cette possibilité sans la systématiser. Quitte à adapter les formes de doctorats. Nous connaissons à Grenoble depuis de nombreuses années les DBA (Doctor of Business Administration) mêlant recherche académique et expérience professionnelle sénior, contrairement aux PH.D (Doctor of philosophy). D’autres sont certainement à inventer.

Eviter le doctorat de reconversion.
Pour en faire un vrai diplôme complémentaire, un diplôme d’investissement, il faut éviter de le percevoir comme un diplôme de reconversion. Ce dernier a également son utilité mais il ne concerne pas directement les entreprises. Finalement, ce doctorat « nouvelle formule » ne serait-il pas une des formes que doit prendre la « formation tout au long de la vie » que nous défendons tous sans trouver la formule idéale ?

*L’équivalent du Nobel côté mathématiques, prix remporté avec le franco-vietnamien Ngô Bo Châu.

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