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Pierre Dubois

10.076 formations post-bac

Admission post-bac, c’est parti ! Cliquer ici. A compter d’aujourd’hui et jusqu’au 20 mars 2011, les élèves de classe terminale, qui souhaitent poursuivre des études supérieures, peuvent saisir en ligne leurs souhaits de suivre tel ou tel type de formation, les principales filières étant : BTS, CPGE, DUT, Licence. Combien de voeux ? Un maximum de 36, mais 12 au maximum par filière. Ces voeux doivent être classés par ordre de préférence : l’ordre pourra cependant être modifié jusqu’au 31 mai.

Admission post-bac est un outil technique fort bien fait, multifonctionnel (saisie des voeux, informations détaillées sur les différentes formations… et possible outil d’analyse de l’offre de formation). C’est un outil efficace : il accélère les admissions et permet de ne laisser auxun élève sur “le carreau”. Je viens d’explorer le site pendant plus d’une heure, aux fins d’analyser l’offre de formation de 1ère année : aucun bogue, le jour même de l’ouverture des voeux, bravo !

Combien de spécialités de formation ? Cliquer ici. 15 grands types de formation, rangés par ordre alphabétique : 15, c’est déjà trop. Je ne cite que les principales : BTS/BTSA, CPGE, DUT, Métiers d’Art, Ecoles d’architecture, Formations d’ingénieurs, Licences, Prépas des professions paramédicales et sociales. Combien de spécialités pour le BTS / BTSA ? 124. Combien pour la CPGE ? 3 filières et 19 voies. Combien pour le DUT ? 45. Combien pour la licence ? 56. Combien pour l’ensemble des 15 types de formation offerts ? 364. Oui, les futurs bacheliers ont le choix entre 364 formations différentes ! Offre de formation pléthorique et donc illisible.

Bien entendu, les futurs bacheliers vont choisir une formation en fonction de sa localisation. Le site propose de “trier” les formations par région, académie (l’Ile de France et Rhône-alpes ont plusieurs académies), par département et par ville. Une même formation étant proposée dans plusieurs régions, départements, villes, il s’ensuit une multiplication des offres. Combien en tout ? 10.076 (dont 957 en alternance). 5.407 localisations pour le BTS (dont 3.953 dans le public), 841 pour les CPGE, 880 pour les DUT, 63 pour les métiers d’art, 21 écoles d’architecture, 156 formations d’ingénieur post-bac, 2.257 licences, 95 préparations aux formations paramédicales et sociales.

Les formations universitaires sont minoritaires : 2.257 licences et 880 DUT, soit 3.137 (31% des formations). Les formations supérieures des lycées sont majoritaires : 5.407 BTS, 841 CPGE, 63 Métiers d’art, 95 prépas aux formations paramédicales et sociales (63,5% des formations). Les autres formations sont proposées en dehors des lycées et des universités. Les formations universitaires me semblent battues dès le départ à cause de cette disproportion de l’offre. Les lycées sont gagnants ! A noter également que seules les 2.257 localisations de licence universitaire sont libres d’accès : toutes les autres possibilités (soit plus de 75% des possibilités post-bac) font l’objet d’une sélection à l’entrée. L’université est engagée dans un combat à armes inégales !

Ces chiffres énormes (364 types de formations et 10.076 formations localisées) résument l’irrationnalité de la situation française : c’est trop, beaucoup trop ! Que résulte-t-il de cette pléthore de l’offre ? L’orientation, quels que soient les réformes, les portails, les outils techniques, les palmarès, les salons et les journées portes ouvertes, l’implication des personnels de l’orientation, sera toujours un rocher de Sisyphe… et un gouffre financier ! 

Ce qu’il faut réformer d’abord, c’est l’offre de formation. Il faut la simplifier ! C’est le projet que porte ce blog avec la création d’Instituts d’enseignement supérieur, préparant à la licence, en dehors des universités, dédiées désormais aux seuls masters, écoles d’ingénieur, de commerce, de management, de sciences politiques.. et doctorats (tag IES). Les IES permettraient de rendre l’offre de formation post-bac plus simple et plus lisible : elle serait limitée à une trentaine de filières au plus (et non 364 !).

Admission post-bac est fort utile pour analyser la répartition de l’offre de formation post-bac sur le territoire. Elle est bien sûr, inégalement répartie, et c’est logique : il y a plus de formations proposées dans les grandes villes que dans les petites. Mais, derrière cette inégale répartition géographique, se glisse une forte hiérarchisation des territoires, source d’obstacles à la démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur. Ce sera l’objet d’une prochaine chronique ! Toutes les choniques de ce blog sur l’orientation (ici) et sur les parcours de formation (ici).

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