Le Centre d’Etudes et de Recherches sur les Qualifications (CEREQ) tient aujourd’hui à Marseille une journée de réflexion, largement ouverte à des participants extérieurs. Deux chercheurs italiens de Bologne présenteront cet après-midi la stratégie et le dispositif d’enquêtes AlmaLaurea (chroniques de ce blog sur AlmaLaurea et “Le CEREQ et les Observatoires“). Je téléphone la semaine dernière à Frédéric Wacheux, directeur du CEREQ : je lui propose d’intervenir au côté des collègues italiens ; il est d’accord, mais il ne peut prendre en charge mon déplacement entre Strasbourg et Marseille ; il en est de même pour les collègues italiens : ils ont dû financer leur voyage ! Le CEREQ n’est pas en grande forme financière. Il désespère.
Le CEREQ a pourtant les moyens de financer actuellement un audit. Il a relooké son site (chronique : “Le CEREQ a un nouveau site“) ; c’est même un site qui “cause”, sans qu’on le lui demande (interview sur le chômage des jeunes). Les difficultés financières entraînent un des maux récurrents du CEREQ : le retard à publier les données statistiques qu’il a collectées, traitées et analysées. Le cercle vicieux se construit ainsi : difficultés financières, obligation faite aux chargés d’études de collecter des ressources externes (répondre à des appels à projets), multiplication des chantiers, potentiel humain insuffisant pour les exploiter, et donc retards dans les publications. Le CEREQ, sa direction, ses chargés d’études, ceux du Département des entrées et évolutions dans la vie active (DEEVA) en particulier, désespèrent.
Toujours est-il que le CEREQ annonce enfin la présentation des résultats de la dernière enquête d’insertion. Elle aura lieu jeudi 7 avril à 10 heures. Cette enquête dite “Génération 2007” a été réalisée entre avril et juillet 2010 auprès de 25.000 jeunes de tous niveaux de formation, sortis en 2007 du système éducatif. 9 mois pour exploiter et publier les résultats ; par comparaison, AlmaLaurea a enquêté près 400.000 diplômés du supérieur italiens entre octobre et décembre 2010 et a publié les résultats en Mars 2011 (chronique : “Insertion. De pire en pire“). Les chargés d’études du DEEVA désespèrent : ils ont en même temps sur le feu le traitement de l’enquête “Génération 2007″, mais aussi des enquêtes “Génération 2004″ (devenir cinq ans après l’obtention du diplôme) et “Génération 1998″ (devenir dix ans après l’obtention du diplôme). A quoi serviront les résultats de ces deux dernières enquêtes ? Le CEREQ désespère.
Je cherche à ne pas désespérer du CEREQ. Mais c’est presque impossible ces jours-ci ! Le site annonce en fanfare la présentation à la presse des résultats de “Génération 2007″. Pourquoi une telle mise en scène “communicationnelle” ? Est-ce pour organiser un “fuitage” des résultats avant cette date ? Il paraîtrait que Luc Chatel les a commentés hier sur le Figaro, imitant Valérie Pécresse (chronique : “Insertion. Non et non, Valérie !“). Le commentaire d’un lecteur de ce blog, également désespéré, me suggère : “arrêtez de nous vendre le CEREQ comme pilier possible d’un système vertueux indépendant et transparent ! Ce seront [toujours] les mêmes manipulations politiques”.