Je fais suite à mon précédent billet sur les nouvelles manières d’enseigner avec une première application : l’intelligence économique (IS). De quoi s’agit-il ? D’abord beaucoup de bon sens lié à la question de la propriété intellectuelle et vu les commentaires suscités par le billet sur le plagiat, c’est un sujet sensible !
Comment l’enseigner ?
L’intelligence économique interpelle quand l’expérience arrive. Il faut avoir vécu les règles de sécurité dans une grande entreprise, appréhendés les coûts exorbitants de recherche – un médicament coûte quelque 800 millions d’euros – pour en saisir toute la dimension. Difficile pour un jeune baigné dans la culture de la gratuité et du téléchargement de se rendre compte de son importance pendant son cursus étudiant.
D’autant que les pratiques que nous avons sous les yeux avec des affaires telles que Renault, prêtes à sourire tant l’ambiance James Bond et barbouzes prévaut sur le fond. Nos étudiants nous demandent à quoi bon suivre des cours d’éthique… Ils ont également du mal à intégrer le fait que l’ami d’aujourd’hui sera peut-être l’ennemi de demain, du fait de la mondialisation de la salle de classe.
Autre limite, l’intelligence économique offre peu de perspectives « métier » clairement identifiées pour les étudiants hormis dans de grandes structures. Ce sont souvent des fonctions rattachées à la DG et occupées par des seniors de haut niveau. Quant aux PME, elles ne disposent pas de cellule IS bien que susceptibles d’être victimes de piratage. Ce risque y est géré avec une certaine naïveté, l’intelligence économique étant souvent considérée comme un coût et une perte de temps.
Ne pas baisser la garde.
Malgré ces limites, je considère l’intelligence économique comme un élément de culture générale indispensable. L’intégrer au niveau licence dans les cursus supérieurs comme le prévoit le ministère dès la rentrée 2013 est une bonne nouvelle. Mais d’une mise en œuvre délicate.
La pédagogie « à balles réelles », par l’exemple, me semble la plus judicieuse bien que nous ne disposions pas d’un nombre suffisant d’études de cas. J’exclue, ici, les grandes affaires médiatiques (Renault, Sony ou Safran).
Je crois aussi aux dimensions géopolitiques et géostratégiques de l’intelligence économique. Tout chef d’entreprise devrait avoir une idée précise de la manière dont la Chine – et plus globalement l’ensemble des pays émergents – impactent son activité. L’objectif est de mettre en place la bonne stratégie et de bien gérer son information. Préparer nos étudiants à ces missions relève de notre compétence, en gardant à l’esprit toute la complexité de la mise en œuvre de l’IS, compte tenu de la diversité de son périmètre d’application dans l’entreprise (R&D, exploitation, etc), et du secteur d’activité (industrie, services…).
Nous avons commencé ce chantier mais il faut aller plus loin. J’ai dans l’idée de confier à notre « Junior Entreprise » des missions dans le domaine de l’intelligence économique. Et de poursuivre le développement de partenariats avec des écoles comme l’EISTI – Ecole Internationale des Systèmes du Traitement de l’Information avec laquelle nous avons construit un double-diplôme dans ce domaine (Co-accréditation d’un Mastère Spécialisé Informatique Décisionnelle de Grenoble).
Rappel d’actualité.
Le temps des concours arrive… Une période de stress où les parents sont encore plus angoissés que leurs enfants. Bon courage et bonne chance ! Donnez-nous envie de vous lire. Soyez clairs, synthétiques, écrivez lisiblement, construisez un plan et annoncez-le. Il s’agit d’un ensemble de points pratiques qui donneront un « plus » à votre copie. Pour les meilleurs d’entre vous, rendez-vous en juin pour les oraux à l’ESC Grenoble. Je reviendrai sur quelques conseils pour bien les préparer dans un prochain billet. Restez connectés !