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Bernard Desclaux

Rapport de Jean-Robert Pitte sur l’orientation : la professionnalité des personnels

Ce quatrième commentaire au rapport du DIO sera consacré à la stratégie. Le DIO propose une évolution du dispositif AIO en France par une étape de collaboration entre les structures dans une activité commune : le service public d’orientation tout au long de la vie (SPOTLV). Une autre stratégie est peut-être possible, celle de la professionnalisation des personnels.

« Le labyrinthe de l’AIO » (p. 21)

« Comme le tableau suivant établi par le CEREQ le démontre, le système d’orientation en France est extraordinairement complexe, pour ne pas dire confus pour les usagers. » (p. 21)

Nous nous permettons de reproduire ce tableau en effet édifiant. «A terme, une simplification et un resserrement du nombre d’organismes s’impose, non seulement en raison des économies de dépenses publiques qui s’imposent dans la situation budgétaire actuelle, qu’en vue de faciliter les démarches des usagers. » écrit le DIO (p. 21). D’un point de vue économique, la simplification est sans doute nécessaire, mais est-on si sûr de la complexité apparente pour le public ? La plus part de ces structures sont soit assez spécifiques pour un public identifié, d’autres ont une fonction unique, et d’autres encore sont ce que l’on pourrait appeler des généralistes. Bien sûr il faudra sans doute se déplacer après un premier contact, mas la mise en place d’un service public tout au long de la vie, tel qu’il est prévu, ne supprime pas cela.

Par contre ce que l’on peut assurer c’est l’extrême diversité de la qualité professionnelle des personnels que l’on peut trouver dans ces différents organismes.

Une stratégie de la formation des personnels

Le DIO s’engage également dans cette direction en demandant de favoriser, voire d’imposer une formation continue commune pour les personnels participant au service labellisé. Mais n’est-ce pas avec une formation reconnue, identifiée, que l’on peut tenter d’assurer une qualité du service rendu ?

Sans chercher à rejoindre le modèle québécois, il est permis d’y réfléchir. En sachant toutefois qu’en ce pays existent deux corporations distinctes : celle des psychologues et celle des conseillers d’orientation. Ces deux corporations reposent sur deux formations distinctes également (même s’il y a beaucoup de psychologie dans la formation conseiller). Les différents organismes utilisant des conseillers d’orientation dans divers champs (éducation, formation professionnelle, placement…) recrutent ces diplômés, éventuellement les adaptent à la fonction. Mais il existe des compétences communes, repérées à cette profession, une « profession » étant définie indépendamment de ses employeurs.

En France c’est l’organisation qui recrute, forme, définit la professionnalité de ce type de personnel.

Bien sûr cette stratégie est également sans doute bien difficile car elle s’attaque à des conceptions très profondes de notre société. Mais elle ne doit pas être exclue. Une qualification basée sur une formation suppose également une « grille » de rémunération, or la diversité du statut des employeurs renvoi également à une diversité des rémunérations et des statuts d’embauche, ou d’emploi. Dans certains cas on est même dans le bénévolat. Tout ceci supposerait une réglementation du travail de ce secteur sans doute difficile à mettre en œuvre. Mais…

Bernard Desclaux