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Le journalisme en pleine mutation

Après la vague des blogueurs qui avait redéfini le métier de journaliste arrive la déferlante du datajournalisme* avec ses programmeurs, ses codeurs et ses designers qui viennent à leur tour modifier le paysage de ce métier en pleine mutation. De plus en plus de données sont diffusées par les institutions et les gouvernements et grâce à un datajournaliste, sachant analyser des données par la création de programmes informatiques, il peut mettre en lumière des éléments ou des faits importants comme cela s’est produit dans le cas du scandale des notes de frais des parlementaires britanniques par exemple.
L’exemple le plus célèbre est WikiLeaks, grâce à l’interface mise en place par Owni.fr, ils ont pu exploiter des données confidentielles du Pentagone sur la guerre en Irak et les rendre compréhensibles par tous et faciles à exploiter grâce à de nombreuses entrées de recherche  qui permettent les recoupements et les rapprochements. Analyse impossible à réaliser à partir d’un article papier ou d’un simple site internet. La révolution est en marche !
La preuve de ce changement et de la mise en marche de ce mouvement en France : la deuxième édition Hack The Press. Cet événement dédié au « journalisme de données* ou datajournalisme», qui consiste à combiner des analyses journalistiques chiffrées ou datées à une représentation visuelle marquante, a eu lieu ce mercredi 11 janvier 2012 à La Cantine, en association avec OWNI, média social qui vise à explorer les nouveaux modes de traitement de l’information, Silicon Maniacs, le magazine de Silicon Sentier, association regroupant des entreprises IT innovantes, l’école d’informatique Epitech, l’école de l’innovation et de l’expertise informatique et Regard Citoyens, collectif spécialisé dans l’ouverture des données politiques avec le soutien de La Netscouade, agence spécialiste du web social et participatif.

Sept équipes de datajournalistes*, designers et développeurs se sont affrontées pour créer une application de data-journalisme dans une ambiance bon enfant et l’équipe victorieuse désignée par le public a remporté comme un clin d’œil aux décennies passées un « Minitel d’or ». Les équipes ont travaillé, en cette année d’élection présidentielle sur un jeu de données publiques commun à tous les participants pour ainsi mettre en lumière la façon dont le data-journalisme peut participer au débat démocratique.
Hack The Press est aussi un lieu de rencontres et d’échanges ; ainsi des débats et des workshops avec des intervenants internationaux et français sont venus ponctuer la journée, pour réfléchir à la rédaction de demain.
Alors qu’aux Etats-Unis, tous les grands journaux possèdent une équipe de datajournalistes, en France peu de journalistes exercent ce métier, c’est-à-dire  travaillent au sein d’une rédaction à la production de contenus éditoriaux dont le traitement passe par les données et leur présentation. Et pourtant les savoir-faire existent en France, puisque Lepoint.fr, Le Parisien, Le Monde ont envoyé des équipes participer à la deuxième édition Hack The Press, mais ces talents ne sont pas exploités par les rédactions. Pourquoi ? Les difficultés économiques que connaissent les médias depuis quelques années y sont sans doute pour beaucoup. Pas d’argent pour le journaliste de base donc encore moins pour former des équipes à de nouvelles disciplines et technologies.
Par l’arrivée de cette nouvelle forme de journalisme, la presse en ligne semble devenir l’avenir de la presse papier. D’ailleurs La Tribune qui ne sera plus que On-line est le premier à aller dans ce sens. Pourtant, il paraît évident que le journalisme actuel ne pourra pas être remplacé que par des datajournalistes. Pourquoi ? Parce que  les interfaces journalistiques mises en place par le journaliste de données qui supposent une très forte implication du lecteur/internaute qui doit être capable de réaliser lui-même des interprétations et des analyses des données mises à sa disposition, trouve inéluctablement ses limites.

*Le Journalisme de données (data journalisme en anglais) est une nouvelle technique journalistique1 qui consiste à analyser des données complexes (par exemple des statistiques sportives) ou à extraire des informations pertinentes de quantités importantes de données (data mining). On l’appelle aussi le journalisme “hacker”, censé rapprocher journalistes (”hacks”) et passionnés d’informatiques (”hackers”) pour faire évoluer le journalisme.