AP21, Agence de promotion et d’ingénierie interculturelles. “La différence nous enrichit” (le site de l’Agence). Stéphane en est le président. Il aura 30 ans en juin prochain. Je le connais et l’admire depuis 10 ans : il a toujours été un jeune engagé dans la culture, un inventeur infatigable de projets d’intérêt général. Je lui ai trouvé récemment une marque de fabrique qui le définit bien : “Stéphane, le projet bondissant“.
5 Octobre 2010. Emmanuel Ethis, président de l’université d’Avignon, remet à Valérie Pécresse, le rapport de la Commission Culture et Université qu’il a présidée : 128 propositions. Celles mises en oeuvre sont / seront -elles un argument de campagne pour les présidents qui veulent être réélus, celles à réaliser un argument pour les candidats à la présidence (chroniques sur les élections universitaires) ? Je suis sûr qu’Emmanuel Ethis serait d’accord pour ajouter une 129ème proposition que les futurs présidents pourraient reprendre à leur compte : organiser un Prix National pour les jeunes qui ont porté des évènements culturels pendant qu’ils étaient étudiants et qui continuent, depuis qu’ils travaillent, de lancer des projets culturels innovants. L’AP2I et Stéphane seraient d’excellents compétiteurs pour ce Prix.
Mais revenons à la trajectoire universitaire et professionnelle de Stéphane. Au début du nouveau siècle, Stéphane est étudiant en sociologie et je suis un de ses enseignants. Il est élu au conseil d’administration de l’université entre 2003 et 2005, et président de l’association qu’il a créée : “ESTO, Deviens ce que tu es. Pour des actions culturelles et européennes“. Militant, il ne néglige pas pour autant ses études : titulaire d’un DEUG de sociologie, il obtient la licence professionnelle “Management des organisations de l’économie sociale et solidaire” (MOES) en 2005 ; il lance avec d’autres diplômés l’association des anciens et participe le plus souvent possible aux apéros de la licence (photo ci-dessus, juillet 2011).
Aussitôt après la licence, Stéphane recherche un travail, un travail qui correspond à sa formation, qui ait du sens, qui lui permet d’être concepteur et développeur de projets, de gagner sa vie même chichement. Ses emplois de 2005 à 2010 : coordinateur d’une rencontre européenne de jeunes, chargé de développement local à l’AFEV, responsable de l’espace jeunes dans une MJC, volontaire régional de coopération : service volontaire international (SVI) de 2008 à 2010 à Tunis. Stéphane a trouvé son “créneau” de jeune engagé : les échanges interculturels, “la différence nous enrichit”.
Stéphane a été salarié pendant cinq ans, veut enrichir encore ses compétences par l’obtention d’un Master. Malgré ces 5 années d’expérience professionnelle, il ne réussit pas à obtenir une VAE lui permettant de s’inscrire directement en seconde année du Master professionnel “Ingénierie des échanges interculturels” à la Sorbonne. Octobre 2010, le voici donc en 1ère année, en M1 ; il est aujourd’hui en M2. Comment finance-t-il ses études de second cycle ? Il a travaillé cinq ans ; son projet de formation a été validé par Pôle Emploi ; il perçoit des indemnités de chômage jusqu’en juin 2012.
“Le projet bondissant” ne cesse de s’engager tout au long de la période : il est par exemple trésorier de l’association “L’envolée bleue“. Les deux années de master sont fécondes pour concevoir et se lancer dans un nouvel engagement, cohérent avec les précédents, mais qui lui permettra aussi… de gagner sa vie. C’est la création de l’AP2I ! L’agence, c’est déjà une équipe de sept personnes dont deux volontaires de service civique.
Deux projets dans la charge de travail de l’AP21. 1. Le concours graphique “En attendant le couleur” a pour “objet de donner à l’agence son identité visuelle” (Stéphane est un passionné de photographie ; il a réalisé des reportages pour plusieurs commanditaires, en Tunisie en particulier). “Appel à concourir de mars à octobre 2012 lancé auprès des jeunes de 18 à 28 ans des pays de l’Union européenne et du Bassin méditerranéen”.
2. Regards croisés sur nos cités et expositions pluridisciplinaires, rencontres artistiques de jeunes autour de la Méditerranée en 2013-2014. “Grâce aux médias de la photographie et de la création sonore, nous proposerons à 80 jeunes (18-25 ans) de 4 nationalités différentes, d’être des observateurs de l’espace urbain, de la mixité sociale, de la construction culturelle. Ils seront issus de et répartis dans 4 villes du Bassin méditerranéen”.
Tout chef de projet doit rechercher et obtenir des financements, des partenariats. 10 ans de recherche de financements pour Stéphane : il sait faire ! Regards croisés sur nos cités “sera financé en grande partie par le Programme Européen Jeunesse en Action” (PEJA). Les FSDIE des universités de Sorbonne Nouvelle et de Paris 8 Vincennes Saint-Denis ont d’ores et déjà apporté un soutien financier à l’AP2I. C’est sûr que d’autres universités suivront !
Mon voeu le plus sincère pour l’AP2I : que ses premières réalisations donnent confiance à ses partenaires, que, progressivement et au côté des subventions, des commandes lui soient passées. Condition pour la développement de la structure, la stabilisation de ses personnels et une rémunération “juste”.