Les élections aux conseils universitaires, suivies de celles à la présidence d’université, méritent mieux que la communication institutionnelle qu’en font certaines universités. Ces élections ne sont pas seulement un évènement interne à chaque université, un sujet de conversations de couloir au Colloque national de la CPU et dans le microcosme universitaire.
Elles constituent un évènement local et régional. Les parents des étudiants, les citoyens de la région, les responsables et partenaires politiques, économiques, syndicaux, culturels et sociaux méritent une information détaillée (incluant en particulier le nombre de voix obtenues par les différentes listes par rapport aux inscrits et aux exprimés), information fournie dans des délais très rapides.
Enfin, les élections universitaires, bien que réparties tout au long de l’année 2012, sont un évènement politique national considérable. Les universités forment 1,4 million d’étudiants, emploient plus de 100.000 salariés, mettent en oeuvre des missions décisives pour l’avenir de la France. Il faut donc regretter les déficits de la communication institutionnelle de trop nombreuses universités. Il est dommageable de devoir s’en tenir seulement aux informations fournies par la presse locale ou régionale. Les universités ne doivent plus être une Tour d’ivoire. Exemples de déficits de communication dans cinq universités.
1. Université de Lorraine. Les élections aux conseils de l’Université unifiée ont lieu aujourd’hui, 9 février 2012. Déficit d’information sur le site de l’université : rôle des différents conseils (5 au lieu de 3 dans les universités classiques, nombre de sièges à pourvoir, date du scrutin, adresses des bureaux de vote). Qui sont les candidats à la présidence de l’université ? Leurs professions de foi ? Il faut lire l’Est républicain du 7 février 2012 pour connaître le nom des 3 candidats. Une recherche sur Google permet de trouver la profession de foi de Luc Johann, président sortant de l’université de Metz. Mais pourquoi donc le site de l’université de Lorraine n’indique-t-il pas les liens vers les 3 professions de foi ?
2. Université de Paris-Est Créteil. Les élections aux Conseils ont eu lieu les 1 et 2 février 2012. Deux professeurs sont candidats à la présidence, Luc Hittinger et Catherine Deville Cavellin : cf “Journal des élections universitaires“. Un bon (et non un très bon) point pour l’UPEC : les résultats des élections sont en ligne. Luc Hittinger sera élu président de l’université car les listes qui ont appuyé sa candidature l’ont emporté dans les deux collèges enseignants (12 sièges au CA à 2, grâce à la prime de sièges à la liste arrivée en tête). La participation a été fort élevée, plus importante dans le collège des professeurs (261 votants soit 86% des inscrits) que dans le collège des maîtres de conférences (822 votants soit 74,1% des inscrits). Il manque une information clé : les listes Hittinger l’ont emporté dans les deux collèges enseignants mais combien de voix ont-elles obtenu (plus de 50% certes) par rapport aux listes Catherine Deville ?
3. Université de Paris 13 Nord (Villetaneuse). Les élections aux Conseils ont eu lieu le 7 février 2012 (cf. la chronique : “UP13. Pour une université soutenable“). Aucune information plus de 36 heures après la clôture du scrutin : ni sur le site de l’université (le site “caché” sinfonie n’est accessible que par mot de passe), ni sur le blog de Jean-Loup Salzmann, président et candidat à sa succession. Recherche vaine sur le Web. Pas davantage d’informations sur le Parisien Villetaneuse.
4. Université d’Angers. Les élections aux conseils universitaires ont eu lieu le 17 janvier 2012. Les deux candidats à la présidence, Eric Delabaere et Jean-Paul Saint-André ont fait jeu égal dans les collèges enseignants (7 sièges au CA à 7). Les élus BIATOSS et étudiants feront donc l’élection à la présidence le 15 février 2012 (cf. les chroniques : “Journal des élections universiaires“, “Le président et la profession de foi“). Pas d’informations sur les négociations des deux candidats avec les BIATSS et les érudiants : mais c’est assez logique ! Sur son blog, Eric Delabaere a publié sa déclaration d’intention pour la présidence de l’université. Sur le sien, Jean-Paul Saint-André a lancé, le 23 janvier, un appel.
Le 3 février 2012, sur maville.com, le président sortant, Daniel Martina, retrace sa trajectoire, fait part de ses projets, critique les mécanismes électoraux. Le journaliste : “Il n’y a pas de visibilité quant à votre succession“… “Non, il y a eu une erreur fondamentale dans les mécanismes électoraux dans la loi de 2007. Il y a un sentiment d’inquiétudes là-dessus. Mais l’équipe future, quelle qu’elle soit, saura prendre les choses en main. La compétition terminée, la communauté saura se rassembler derrière le président Jean-Paul Saint-André ou Éric Delabaere”.
5. Università di Corsica Pasquale Paoli. Les listes des collèges enseignants, soutenant la candidature de Paul-Marie Romani, ont emporté les élections du 26 janvier 2012 (cf. “Paul-Marie Romani l’emporte en Corse“). “Sans surprise, celui-ci a été élu à la présidence de l’université” (Corse Matin du 8 février 2012). L’article révèle que le candidat battu, “Antoine Orsini a émis de sérieuses réserves quant à certains électeurs : “Lors du dépôt des listes Arcu le 16 janvier, certains candidats n’étaient pas éligibles car non électeurs. Ces candidats n’apparaissent sur les listes électorales que le 19 janvier. Nous avons fait un recours auprès de la commission de contrôle des opérations électorales sur la non-recevabilité de certaines listes Arcu”. La décision de cette commission devrait être connue en fin de semaine prochaine et pourrait remettre en cause l’élection du président de l’université”. Le site de l’université annonce l’élection du président et le recours de son adversaire, … sans s’y attarder. Déficit partiel de communication.