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Jean-Luc Vayssière

Crédits de recherche : revenons à l’équilibre !

Notre ministre, Geneviève Fioraso, a annoncé que le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche augmenterait de 2%, je m’en réjouis. Les semaines précédentes, j’ai insisté sur la nécessité de procéder à un rééquilibrage entre les différentes universités, en prenant en considération principalement les difficultés des formations. Cette question est toujours d’actualité pour les formations, mais le rééquilibrage des crédits de la recherche est un enjeu tout aussi fondamental.

Le programme du nouveau président, François Hollande, mentionnait le transfert de crédits contractuels, gérés par l’ANR, vers des crédits récurrents à la disposition des laboratoires. Cette évolution est sans aucun doute souhaitable. Car, si l’obtention de crédits sur projet a pu avoir des effets dynamisants, cette dimension a fini par prendre trop de place dans la vie des laboratoires.
Du côté financier, ces projets n’intégrant que très rarement des coûts complets, des charges nouvelles sont occasionnées par ces appels à projet ; des charges portées non pas par les laboratoires mais par l’université elle-même, mettant en péril d’autres activités universitaires. Du côté scientifique, le travers de la logique des appels à projets conduit les collègues à creuser des sillons déjà bien balisés, alors que les financements récurrents permettent à l’inverse l’émergence de nouvelles thématiques de recherche.

Encore faut-il savoir comment opérer ce rééquilibrage. La solution d’un transfert de l’ANR vers les organismes de recherche semble avoir les faveurs du nouveau gouvernement. Opérateurs de recherche à part entière, les universités ne sauraient rester les bras croisés devant une telle perspective ! Dans de nombreux champs de recherche, en particulier en sciences humaines et sociales, les équipes d’accueil universitaires constituent une grande partie du potentiel de recherche au niveau national. Il paraît donc inquiétant d’imaginer un glissement de crédits qui ferait l’impasse sur les universités.

L’une des priorités de la politique scientifique nationale est de redéfinir les rapports entre des organismes de recherche qui sont sous tutelle directe du ministère, et des universités désormais autonomes. C’est l’un des grands enjeux des Assises de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Cette redéfinition ne peut se faire que dans le respect mutuel des uns et des autres. Faire pencher la balance de manière inconsidérée du côté des organismes nationaux manifesterait une défiance de l’Etat à l’égard des universités, un retour en arrière dans la déconcentration du pilotage de la recherche et l’accroissement des inégalités de condition de travail scientifique entre chercheurs et enseignants-chercheurs. En fin de compte, cela ne rendrait service ni aux universités, ni aux organismes de recherche.

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