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Jean-Luc Vayssière

Rendre l’université attractive, dès la première année !

Le paradoxe est connu, il n’en reste pas moins étonnant. Alors que les universités ont un potentiel pédagogique exceptionnel, qui repose sur des enseignants qui sont aussi des chercheurs (à la différence de filières comme les BTS, les classes préparatoires ou de la plupart des écoles accessibles après le bac), elles conservent au fil des années une image négative au moment du choix des étudiants après le bac. L’une des difficultés réside dans le fait que le plus souvent ceux qui parlent de l’université la connaissent peu ou en ont une vision surannée. L’université a beaucoup évolué ces vingt dernières années, les universités nouvelles comme l’UVSQ sont les fers de lance de cette mutation qui a gagné l’ensemble du secteur. Cette transformation est encore méconnue. Changer cet état de fait est l’un des plus grands défis pour l’université française dans son ensemble.

Comment rendre l’université attractive ? On sait bien que tous les acteurs de l’enseignement supérieur ne sont pas à égalité sur la ligne de départ. Tandis que certains pratiquent la sélection et affichent d’importantes dépenses par étudiant, d’autres accueillent tous les bacheliers et souffrent en plus d’un sous-financement chronique.  Je reviendrai bientôt sur cette question. Mais avant d’envisager l’ensemble du système de formation, je préfère évoquer les initiatives positives que les universités peuvent prendre -et parfois ont déjà prises- pour aller de l’avant et prouver leur valeur aux bacheliers.

Outre les qualités traditionnellement propres au système universitaire – encadrement par des chercheurs, développement de l’autonomie intellectuelle des étudiants, souplesse des cursus – il importe de mettre en avant les nouvelles pratiques pédagogiques de l’université. Le suivi individuel en première année, le travail en petits groupes durant tout le cursus, mais aussi l’ouverture précoce à des enseignements professionnalisants pouvant déboucher sur des formations de master extrêmement valorisées, sont une réalité qu’il faut mieux faire connaître dans la société.

Une dose d’innovation et d’imagination est indispensable pour adapter davantage les cursus de licence aux étudiants de niveaux très variés. D’un côté, il faudrait un suivi plus attentif pour les étudiants décrocheurs, en particulier dans les premiers mois de la première année, et probablement réfléchir à l’instauration d’une « année zéro » pour l’adaptation des étudiants les moins armés pour l’enseignement supérieur. Mais d’un autre côté, il faut aussi permettre aux étudiants de très bon niveau faisant le choix de l’université de s’épanouir. Pourquoi ne pas étudier la possibilité de faire des licences en deux ans, ou de suivre un double diplôme,  non seulement à l’intérieur d’un même domaine, mais aussi avec une vraie interdisciplinarité, comme c’est le cas à l’UVSQ avec le droit et l’anglais, ou, de manière différente, la musique et les sciences humaines ? Imaginer des co-diplomations avec des universités étrangères qui systématisent la mobilité des étudiants, des dispositifs en alternance qui favorisent la professionnalisation ou des « licences recherche » qui intègrent la formation par la recherche, l’un de nos points forts en master, dès le niveau licence. Autant d’innovations qui sont à la portée d’une université comme la nôtre, et qui symboliseraient la valeur des filières universitaires, dès la première année !

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