Peu auraient parié il y a encore quelques mois sur la destinée des Assises de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Promises par la candidat Hollande lors de la présidentielle et lancées en plein cœur de l’été, ces “assises” doivent porter le pays vers l’après-LRU.
Après une première phase de consultation de juillet à septembre, des débats territoriaux se sont ouverts en octobre préfigurant les assises nationales de la semaine prochaine. Un rapport doit être remis en décembre et une nouvelle loi-cadre doit être soumise au parlement en début d’année prochaine.
Le comité de pilotage présidé par Françoise Barré-Sinoussi a publié, après sa première série d’auditions, (plus d’une centaine à ce jour), une note de synthèse qui recense tout à la fois des problématiques qui ne font pas vraiment débat (la simplification des structures, la coopération des acteurs, la démocratisation de l’offre…) et d’autres qui posent encore question (le rééquilibrage territorial, la sélection, les droits d’inscription…).
La composition dudit comité était déjà un modèle d’équilibre entre les tenants de l’ouverture internationale, ceux de la “culture entreprenariale”, les chantres de l’innovation et une aile plus réformatrice. Les corps intermédiaires, mis à mal lors du précédent quinquennat, y sont largement représentés, comme le conseil économique, social et environnemental.
Ce genre de grande consultation vise essentiellement à renouer le dialogue, après cinq années de compétition à marche forcée, dont on a déjà souligné ici le bilan et les inégalités de traitement qu’il a durablement installées dans le paysage. Mais au-delà, que peut-on en attendre ?
Le nombre des contributions (près de 1200 à ce jour !) montre l’engouement qu’a suscité cette nouvelle dynamique. Ce n’est pas le moindre des succès d’avoir au moins libéré la parole, même si l’abondance rend la lecture et l’analyse de tous ces documents plutôt ardue.
Cette attente – dont on remarquera au passage que la traduction médiatique est pour le moins discrète – imposera de trouver demain un “point d’équilibre”, comme l’appelle la Conférence des présidents d’université, à la fois adapté au terrain et capable d’être porté par une majorité. Rien ne serait pire en effet qu’un catalogue de conclusions fourre-tout, abstraites ou à un simple retour en arrière.
Les précédentes consultations du même genre, dans les années 80 et au début des années 2000, n’ont guère eu de traduction concrète immédiate. L’ambition de cette édition 2012 est au contraire d’en tracer la perspective. Et dans le contexte actuel, au moment où le ministère annonce une augmentation des moyens pour 2013 inférieure ou très légèrement supérieure à l’inflation, la voie est plus qu’étroite…