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Claude Lelièvre

Du nouveau dans la formation des enseignants?

A la suite notamment des déclarations faites par Geneviève Fioraso – la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche – ce mercredi, on voit se dessiner quelques lignes essentielles acquises. Mais est-ce vraiment nouveau ?

La ministre a annoncé que la formation des enseignants reposera sur trois principes : 1) enseigner est un métier 2) les Ecoles supérieures du professorat et de l’éducation seront des composantes universitaires 3) il y aura un cahier des charges national. Les ESPE auront une double accréditation ( MEN et MESR ) et seront dans une université ou un Etablissement public de coopération scientifique ( EPCS, ex ‘’P¨RES’’ ). Enfin les masters devraient fonctionner sur le ‘’modèle’’ des masters professionnels en alternance.

On sait par ailleurs qu’il est très vraisemblablement acquis que le concours sera placé en M1, l’une des raisons majeures ayant présidé à ce choix étant les contraintes budgétaires ( même en recrutant au niveau de M1, il est prévu qu’un bon tiers des 60000 postes promis devront être affectés à la formation des personnels de l’éducation ).

D’aucuns en concluent que cette formation reviendra pour l’essentiel à ce que l’on a connu avant la réforme Darcos-Sarkozy, et qu’il n’y aura pas grand chose de fondamentalement nouveau, la ‘’refondation’’ s’apparentant plus en l’occurrence à une ‘’restauration’’ qu’à autre chose.

Mais ce serait négliger à la fois la charge symbolique ( et ses effets possibles ) contenue dans le changement d’appellation  ( et qui a son sens : « Ecoles supérieures du professorat et de l’éducation » en lieu et place des « Instituts universitaires de formation des maîtres ), et sans doute la détermination du ministre de l’Education nationale Vincent Peillon en la matière.

Comme le dit très bien Patrice Bride ( rédacteur en chef des « Cahiers pédagogiques » ) sur le site des « Cahiers » :

« le concours en fin de première année de master et une seule année de fonctionnaire stagiaire ensuite, renouant avec le modèle des IUFM : ça ressemble fort à un sage retour au bon vieux temps d’avant Sarkozy plutôt qu’à un grand chambardement progressiste. Et pourtant… une logique d’ouverture sur l’extérieur de l’école pourrait bien avoir beaucoup d’effets à long terme. À l’école primaire, le projet ministériel prévoit une intervention des collectivités locales sur une partie du temps scolaire. Le volume horaire concerné est modeste, mais c’est une façon de reconnaître que les apprentissages ne sont pas du seul ressort de l’école, ce qui n’est pas rien, de créer des temps qui devront être pensés en commun par les professeurs des écoles et des partenaires territoriaux.

Pour les Écoles supérieures du professorat et de l’éducation, le ministre affirme l’ambition que l’élément final de l’intitulé de ces écoles, « et de l’éducation », ne soit pas que formel : il s’agirait bien de lieux de formation communs à l’ensemble des personnels de l’éducation nationale, comme les IUFM, mais également à des éducateurs ou animateurs, et ces écoles seraient donc ouvertes, dans leur direction et leur composition, à des formateurs issus des collectivités locales ou des associations.

L’éducation de la jeunesse n’est plus la seule affaire de l’école. Énoncé ainsi, cela peut sembler une évidence à une époque où l’on sait bien que les enfants apprennent quantité de savoirs et développent quantité de compétences indépendamment des enseignements scolaires. Ces évolutions sont déjà largement prises en compte dans les pratiques quotidiennes. Mais il n’est pas anodin, du tout, que l’institution le reconnaisse ».

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Caroline Chanlon

Pages Instagram vs Pinterest

Partager ses photos est loin d’être une nouveauté, FlickR et Picasa font la course en tête depuis des années maintenant. On peut partager ses photos de paysages, de vacances, de son chat et éventuellement de manifestations officielles mais pas tant que ça… Et c’est là que les petits nouveaux ont senti le bon filon : pourquoi ne pas proposer un média sur lequel je partage des photos mais aussi où je raconte une histoire à travers mes photos. Au delà de la simple création de dossiers, on peut créer de véritables tableaux de bords imagés et interactifs dans lesquels la légende a sa place et où les membres (car oui il s’agit bien de constituer des communautés) peuvent interagir, partager, commenter.

Le dernier né ? Les pages Instagram !

Tout le monde connait l’application iPhone qui permet de prendre une photo et d’en faire une véritable oeuvre d’art grâce aux jolis filtres proposés par Instagram. Après, libre à chacun de partager ses créations sur ses médias sociaux préférés. La nouveauté vient des pages Instagram qui permettent aujourd’hui aux entreprises et institutions de bénéficier d’un univers Instagram avec toutes les photos prises grâce à l’application. Toutes ses oeuvres regroupées sur une page unique et communicable. A première vue on se dit chouette.

Nike est une des premières marques à se lancer : http://instagram.com/nike

En Home page, on nous vend que Instagram ” est un moyen rapide, esthétique et amusant de partager votre vie avec vos amis au travers de vos photos”, du coup on comprend bien l’intérêt pour les particuliers, c’est l’idée de partager sa vie en image mais avec un délicat effet sépia ou oldies.

Mais pour les entreprises, j’ai un peu du mal à comprendre le principe. Elles présentent leurs produits à la manière d’un catalogue dont la seule logique est l’ordre chronologique de “postage” des images. Sur les différentes photos (qui représentent pour beaucoup des produits de la marque), il y a bien des commentaires, mais aucun lien marchand, il ne s’agit donc à priori pas d’une nouvelle façon de faire son shopping en ligne.

Autre remarque, on ne voit pas trop les célèbres filtres instagram sur la page de Nike …Je n’ai peut être pas pris le bon exemple mais du coup quand je lis certains s’impatienter de son ouverture à tout le monde, moi je ne m’impatiente pas …

Quoi de plus que Pinterest ?

De plus, je ne sais pas … de moins : la possibilité de créer des rubriques et ainsi d’organiser ses contenus. Sur l’interface Instagram, les photos sont posées et classées seulement par date. Sur Pinterest on peut créer autant de rubriques que l’on veut et ainsi vraiment créer une logique d’organisation et de valorisation de certains contenus. Il y a une vraie stratégie de communication derrière.

En plus Pinterest a ajouté récemment la fonctionnalité des “Secret Boards” qui peut être tout à fait intéressante pour nous puisqu’elle permet de partager des photos uniquement avec les personnes que nous invitons. Plutôt que d’envoyer toute une série de photos par email à notre graphiste pour qu’il choisisse celle qui fera la Une du guide de l’Etudiant, hop on partage à l’équipe qui peut donner son avis ! Un bon outil pour la communication interne je trouve mais pas que … C’est aussi le moyen de permettre à des partenaires privilégiées d’avoir du contenu privilégié ! C’est aussi le moyen de proposer des accès très personnalisés. Les remises de diplômes ne seront vues que par les membres d’une UFR, d’une communauté, d’un master.

Pour les pages Instagram, peut être que je changerais complètement d’avis d’ici peu quoi qu’il en soit, je ne l’imagine pas du tout comme support de communication pour une université. Mais peut être ais-je tort ? Avis aux fanstagram, n’hésitez pas à me contredire )

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Doctrix

Un ingénieur docteur chef d’entreprise

Avez-vous déjà essayé d’amarrer un vaisseau spatial à l’évier de votre cuisine ? Impossible ! David Vissière, séduisant dirigeant de SYSNAV, nous démontre le contraire. Installés dans la cuisine d’un pavillon de banlieue, l’image fidèle de la cuisine apparaît reconstituée sur l’écran d’un ordinateur. La position précise du porteur de l’ordinateur est calculée en temps réel sans GPS grâce à des capteurs made in SYSNAV… et un vaisseau spatial est incrusté dans l’image ! De quoi imaginer bien des perspectives dans le domaine des jeux vidéo.

Née en octobre 2008, SYSNAV est une spin off du Ministère de la Défense et de MINES-ParisTech où David a effectué sa thèse en mathématiques appliquées sur le thème “Solution de guidage-navigation-pilotage pour véhicules autonomes hétérogènes en vue d’une mission collaborative” au Centre Automatique et Systèmes (résumé de la thèse). Et oui, David est un fort en maths et ce depuis longtemps. Élève sérieux, il quitte Montpellier pour Paris où il fait ses classes prépa au Lycée Louis-Le-Grand, présente les concours des écoles d’ingénieur et décroche une place à l’École polytechnique. “J’étais féru de mathématiques théoriques jusqu’à ce que je suive le cours de M. Pierre Rouchon sur le contrôle des systèmes. J’ai alors basculé dans les Mathématiques Appliquées et l’Automatique”. Les maths, il pratique encore un peu : “Je passe une partie de mon temps sur différents projets de R&D développés par SYSNAV à écrire des équations. Dans un laboratoire de recherche, on prend l’habitude de résoudre un problème avec un angle particulier lié à l’expertise du laboratoire. A cheval sur plusieurs projets, j’ai pris du recul et c’est une situation idéale pour jouer sur les similarités entre les méthodes de résolution des problèmes”. Des équations remplissent les tableaux blancs du pavillon. On trouve l’un d’eux installé dans la cuisine et l’autre dans la salle de réunion. Nous sommes indéniablement chez des technophiles. De la cave au grenier, tous les salariés sont ingénieurs, la moitié ont aussi un doctorat et le senior de l’équipe (40 ans d’expérience, 10 ans de plus que la moyenne d’âge des autres salariés !) est un spécialiste du calcul de trajectoire de missile balistique.

Faut-il préciser que David a débuté sa carrière à la DGA (Délégation Générale pour l’Armement) et qu’il compte parmi ses premiers clients la SAGEM, EADS, Safran… le fleuron de l’industrie militaire française. Explication. “Jusqu’au début des années 2000, les capteurs inertiels coûtaient très chers jusqu’à 200 k€. Un marché de niche. Avec l’arrivée des smartphones, les capteurs sont devenus des produits de consommation pour l’électronique grand public et SYSNAV surfe sur cette vague en travaillant notamment main dans la main avec Parrot pour la conception de l’ARdrone”. Maintenant, ses clients sont variés : dans l’un des bureaux, une ingénieure-docteure développe un système pour mesurer l’efficacité des traitements contre les maladies neuromusculaires. Un capteur qui permettrait d’éviter les prélèvements invasifs lors des essais cliniques. Dans un autre bureau, des capteurs pouvant être installés sur des voitures vont donner leur trajectoire et ce même en l’absence de GPS. La fiabilité de ces capteurs ? Parfaite ! Une table de calibration haute performance, petit bijou de plusieurs mètres de haut, les soumet à des mouvements parfaitement contrôlés avec des variations de température bien pires que celles vécues par les astronautes.

Les tests sur la machine de calibration sont réalisés dans les anciennes écuries, les prototypes sont assemblés au grenier, tout ce monde très high-tech s’est installé dans un environnement qui fleure bon le terroir. Goût des contrastes ? Un peu de ça, car David, jeune homme apparemment très posé, s’est engagé dans un raid de 1 000 km au Vietnam pendant son séjour à Polytechnique. “J’ai toujours aimé les sports extrêmes”, nous avoue-t-il. Est-ce dans ce goût du risque que David, primé de nombreuses fois pour la création de son entreprise, a puisé son moteur pour continuer à faire avancer SYSNAV ? Car il confie : “Créer une entreprise en France n’est pas si facile, il faut aimer les montagnes russes et si les soutiens financiers sont nombreux, ils ne sont pas toujours stables (dispositifs CIR/ JEI), mais c’est vraiment une belle aventure”.

Propos recueillis le 31 octobre 2012 par Evelyne Jardin

David Vissière expose les compétences acquises grâce à la formation par la recherche dans ce témoigne vidéo Le doctorant entrepreneur – Itw de David Vissière par MINES_ParisTech

En savoir plus sur SYSNAV

  • Des systèmes de navigation au GPS : du laboratoire au grand public”, Journal de l’école de Paris, n°86, 2010
  • Démonstration de l’AR Drone de Parrot, CeBIT 2012, site Armines.net, le 15 septembre 2010
  • Dans les nouveaux locaux de SYSNAV où l’on découvre la cuisine (!), les bureaux et l’un des tableaux blancs rempli d’équations, You Tube, le 28 novembre 2011
  • L’histoire de SYSNAV, site Armines.net, le 5 octobre 2012
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Jean-Luc Vayssière

Egalité Hommes/Femmes : l’UVSQ doit progresser !

L’UVSQ est reconnue depuis plusieurs années pour son engagement et son expertise concernant le développement durable. Poursuivant cette dynamique, l’université doit continuer à évoluer sur la responsabilité sociétale dans son ensemble, intégrant les préoccupations environnementales, mais aussi sociales, culturelles, citoyennes et économiques.

Plusieurs actions ont déjà été réalisées sur le territoire universitaire. Novembre est le mois de l’économie sociale et solidaire à Saint-Quentin-en-Yvelines. Le 28 novembre, j’aurai d’ailleurs le plaisir d’accueillir Benoit Hamon, ministre délégué à l’économie sociale et solidaire dans le village des acteurs du territoire installé à l’université (bâtiment d’Alembert). En septembre dernier, j’ai décidé d’étendre les missions de la direction du développement durable au champ social, culturel et citoyen.

Sans m’attarder aujourd’hui sur ce large spectre, je voudrais m’engager sur l’une des thématiques qui doit progresser. Il s’agit de la problématique de l’égalité femmes/hommes, qui, à mon sens, demande un traitement particulier.

La Conférence des présidents d’université s’est récemment dotée d’une charte sur la question de l’égalité Homme/Femme. Je souhaite que l’UVSQ se penche sérieusement sur cette thématique dans son contrat quinquennal 2014-2019. Au delà de la politique générale de l’établissement en la matière, et de la sensibilisation sur les questions d’égalité, j’ai personnellement à coeur que l’on veille au respect mutuel et la lutte contre les stéréotypes et les discriminations.

Concernant les membres du personnel, je souhaite que l’UVSQ favorise la représentation proportionnelle des femmes et des hommes dans toutes les instances, à tous les niveaux, pour toutes les catégories et, autant que faire se peut, tende vers la parité. Je mesure au quotidien dans l’équipe présidentielle (essentiellement masculine) qui travaille à mes côtés, combien l’objectif est encore loin. Mais sans aller jusqu’à se fixer une parité stricte, l’important est de progresser. Pour cela de nombreuses actions peuvent être envisagées. Il nous faudra probablement intensifier l’information auprès des personnels, et des directions de composantes et services, sur les droits et devoirs de chacun en matière de congés de maternité ou de paternité, de congé parental, des droits du travail à temps partiel. Mais également veiller à ne pas pénaliser la carrière des personnels en raison de maternité (et autres situations : famille monoparentale, enfants handicapés,…) et notamment prendre en compte les « conséquences » de la maternité pour le déroulement des carrières. 

Pour les étudiants, ce volet pourrait en particulier concerner la promotion de mesures d’encouragement pour que l’ensemble des filières aient une composition étudiante équilibrée entre les deux sexes ; la diffusion aux étudiants d’informations sur les droits des victimes de violences et harcèlement et l’aide que ces dernières peuvent recevoir. Ce point concerne d’ailleurs également le personnel.

Des actions ayant trait à la politique d’attractivité de l’université peuvent également être envisagés. Je pense par exemple à la valorisation des filières scientifiques et technologiques auprès des lycéennes et de leur famille.

Plus qu’à une révolution des idées reçues, je crois aux actions quotidiennes. C’est pourquoi, j’ai décidé de nommer une chargée de mission Egalité hommes/femmes dès aujourd’hui. Sa mission sera d’explorer ces pistes et de proposer des modalités pratiques de mise en œuvre d’engagements (axes, actions, calendrier, budget) dans le cadre du contrat quinquennal 2014-2019 de l’établissement.

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Bernard Desclaux

La saine colère du socle

Depuis quelques jours des articles virulents contre le socle commun de connaissances et de compétences ont entrainé des réponses sur le web. Je vais donc y ajouter ma propre note dans ce concert à plusieurs voix, ou voies… ?

Éléments d’une séquence

Cette séquence (tout en sachant qu’une séquence est une manière de découper un flux continu) s’est ouverte par un article de Denis Paget, de l’institut de recherche de la FSU : « Que faire du socle ? »
Vient ensuite un article d’Henri Baron dans la Tribune de l’Humanite Tribune intitule : « Socle commun version hard ou version light : débarrassons-nous en ! » .
Jean-Paul Brighelli à poursuivi la charge avec un titre délicat « École : Demain les rats, Quand les pédagogistes cesseront-ils de martyriser la pédagogie ? »


Guillaume Touzé, sur Twitter, a signalé l’article de Luc Cedelle qui avait répondu par avance dès 2010 à ces arguments qui sappuyaient sur des interprétations plus que rapides : « Pour une « baisse de la qualité de l’éducation » ? L’OCDE et ses accusateurs peu scrupuleux ».
Annie Di Martino proposa : « Tout le monde peut se tromper », et Jean-Michel Zakhartchouk : « Oui aux compétences à l’école, mais pas n’importe comment ! »
Et Annie Di Martino repris avec « Le Socle et son marteau, par Thor ! ».
Enfin Laurent Fillon proposa dans son blog “Peut mieux faire” : « Et si on jouait au Bingosocle ? »

Je ne vais pas reprendre les arguments déjà énoncés par ces auteurs pour défendre l’idée d’un socle commun, mais je vais essayer de formuler une condition nécessaire à une mise en œuvre réelle du socle.

Condition du socle pour tous

Un petit rappel historique et politique, et pour cela, je m’appuie sur le petit livre ( petit par la taille, mais par la taille seulement) de Claude Lelièvre : L’Ecole obligatoire : Pourquoi faire ? Une question trop souvent éludée, Editions Retz, 2004). Ce livre écrit avant la loi de 2005 instituant le socle, répond à sa question-titre ainsi : « … la scolarité obligatoire, n’a vraiment de sens que s’il existe une définition claire de l’instruction obligatoire, nécessaire à tous et pour tous. » (page 6 de l’avant-propos).
Et dans la conclusion, il écrit : « La tentation peut être grande de prendre le chemin d’une certaine diversification délibérée au collège et de rejoindre de facto l’ensemble des pays du centre de l’Europe aux types d’enseignement nettement différenciés alors même que leurs résultats paraissent pourtant fortement sujets à caution. Ou bien on choisit clairement la voie de l’ensemble des pays du Nord de l’Europe (une Ecole obligatoire clairement affirmée, à structure unique), qui ont des résultats nettement meilleurs.” (p. 133)

Et son livre montre comment cette question politique n’a jamais pu être réellement prise en charge par les politiques (livre publié en 2004).
Au fond c’est la question de savoir si l’école obligatoire doit être sélective ou congruente ? Doit-elle renforcer la différenciation sociale ou bien l’atténuer ? Ce sont bien là des questions politiques de base qui traditionnellement clivent le champ politique en ses deux camps. Et en effet, le texte de Denis Paget s’ouvre par ce paragraphe :

« L’idée du « socle » est historiquement très marquée à droite sous des formes diverses : savoirs de base, smic culturel, kit de survie… et le socle est effectivement la mesure phare de la politique initiée par F. Fillon. Elle résume l’idéal de l’élitisme républicain : l’école sélectionne et dégage les élites mais la société ne peut fonctionner sans une politique « inclusive » qui façonne les attitudes, les comportements et fournit des compétences de base à la masse de ceux qui n’atteindront jamais le niveau d’un baccalauréat. Ce socle serait le lot de consolation de ceux qu’on considère comme a priori incapables de dépasser la scolarité obligatoire à 16 ans et répond aux inquiétudes ancestrales des classes dirigeantes et du Medef qui craignent la présence d’une population marginalisée et potentiellement menaçante. »

Je suis assez sidéré par cette inversion du sens du socle : ce qui doit être commun à tous, devient ce qui va distinguer les uns des autres. Pourquoi le socle deviendrait l’étalon de différenciation ?

Un étalon est nécessaire au principe de l’orientation

Je pense avoir une « réponse » : parce que le raisonnement se fait dans un état du fonctionnement du système inchangé. En effet, si le collège reste la machine à trier pour le lycée, alors le socle, comme la « réussite scolaire » actuellement, sera utilisé pour argument dans le jugement d’orientation. Les enseignants n’auront en effet pas d’autre solution.
Si en effet la refondation se fait sur le principe du socle commun tout en gardant le fonctionnement de la procédure d’orientation au collège alors, en effet les détracteurs du socle auront/avaient raison. J’ai largement défendu ce point de vu dans de nombreux article sur ce blog. Je vous renvoie à un petit article que j’avais écrit « Une condition oubliée pour le socle commun » et publiée le 15 mars 2012 sur le site LE SOCLE COMMUN, promesse démocratique.

Pour réfléchir, encore

Je propose un extrait d’un article de Pascal Le Merrer : « Rapprocher l’école et l’entreprise, oui mais comment ? » afin de poursuivre cette réflexion.

« Du côté de l’Education nationale on a de longue date privilégié l’acquisition des connaissances avec pour corollaire, la notation, l’orientation “sélective”, l’angoisse de l’échec et le décrochage précoce. Problème, cet élève qui fait un long parcours de la maternelle jusqu’à l’enseignement professionnel ou supérieur intègre l’idée que seuls les meilleurs ont une chance de s’en sortir. Pour cela il vaut mieux ne rien dire quand on n’a pas compris et montrer, si tout va bien, que l’on peut répéter le discours du professeur. Résultat, on apprend peu aux élèves à coopérer, à construire de la confiance entre eux et en eux. Enfin on néglige l’acquisition des compétences. Finalement, l’image du système éducatif se dégrade comme celle de l’entreprise. »

Mais il s’agit d’un économiste… enseignant à l’ENS de Lyon voir sa page.

Bernard Desclaux

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Michel Abherve

Extension de l’accord interprofessionnel concernant les stages abusifs

L’Accord National Interprofessionnel sur l’accès des jeunes aux formations en alternance et aux stages en entreprise  signé par les organisations patronales et syndicales le 7 juin 2011 a été étendu par arrêté du Ministère du Travail du 22 octobre 2012.
Il comporte un volet destiné à lutter contre les stages abusifs, avec l’affirmation de principes
 
 

Les organisations […]

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Bernard Desclaux

Où en est l’orientation en lycée ?

Il y a deux ans, suite à la mise en œuvre de la réforme du lycée j’écrivais un article dans ce blog : L’orientation au lycée, réforme nationale ou locale ? je m’interrogeais sur l’évolution réelle des procédures d’orientation. Je pointais l’idée que cette réforme reposerait sur le local, et cela de plusieurs façons :

  • les moyens dégagés dans les établissements pour mettre en œuvre les modules et les stages,
  • l’implication des personnels,
  • et l’engagement des chefs d’établissement.

Je n’avais pas insisté sur un quatrième élément : l’information des parents d’élèves et des élèves eux-mêmes !
Etant donné l’absence de données ce sujet de la part du Ministère, je fais un appel aux collègues du terrain, aux collègues de toutes fonction. J’attends vos témoignages et vos informations sur ce qui se passe dans vos bassins, dans vos établissements. N’hésitez pas à prendre contact avec moi.

Une exploration des sites du ministère

Voici ma maigre récolte sur ces sites.
Sur le site du ministère, nulle explication des modifications de la procédure d’orientation sur la page qui y est consacrée « Le choix d’orientation d’un élève » . Rien non plus sur la page « Orientation au lycée » . On y parle par exemple de l’orientation active, mais pas des procédures.
Cette réforme repose pourtant sur un décret, le décret n° 2010-100 du 27-1-2010 – J.O. du 28-1-2010 (NOR > MENE0929872D)  et pas une simple circulaire.
Sur le site Eduscol, où se cache l’orientation ? Dans la page intitulée « Personnalisation des parcours » . Et sur cette page, dans la partie consacrée à l’Orientation, on trouve :

Et toujours pas un mot sur les procédures et leur assouplissement au Lycée.
Bien sûr, je m’empresse d’y aller sur cette page… et que trouve-t-on ? Une présentation de l’analyse statistique de juin 2010 (nous sommes en novembre 2012 !)  avec une simple page et quelques résultats et aucune autre statistique sérieuse. Et depuis juin 2010, rien, pas un chiffre ! Pourquoi ? En fouillant on trouve finalement quelques données « Fin de seconde générale et technologique, juin 2007 à juin 2010 ».

Sur le site national de l’ONISEP, pas un mot sur les procédures d’orientation au lycée. La brochure de l’an dernier, vers les 1ères n’existe plus sur le site.
Il faut donc remonter au Code de l’éducation et explorer… et trouver la section 4 : La procédure d’orientatio….  qui ne comporte que deux articles. Curieux, vraiment très curieux, mais je me trompe peut-être dans des manipulations sur LegiFrance. Je poursuis cette recherche et je tombe sur le site droit-finances.commentcamarche.net et qui fait une présentation également du code l’éducation, et à la section 4, il affiche  23 articles dont le dernier pour l’application à Saint-Pierre-et-Miquelon.
Et dans cette présentation je trouve enfin quelques éléments du décret.

Quant aux sites des fédérations de parents d’élève, je n’ai rien trouvé également.

Ce parcours que je viens de faire, combien de familles vont-elles le faire pour s’informer ?
Et si elles le font, combien comprendrons de quoi il retourne ?

Donc comme on dit,

Appel à témoins !

Comment ça se passe chez vous dans votre établissement, dans votre bassin ?

Bernard Desclaux

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Michel Abherve

Hôtellerie restauration : objectif contractualise : + 20 000 nouveaux apprentis. Résultat zéro

La baisse du taux de TVA dans la restauration s’était accompagnée d’engagements formels de la profession. Le rapport parlementaire que vient de publier Clément Thevenoud, député PS de Saône et Loire, montre que ceux-ci ont été très peu tenus (voir Rapport Thévénoud : les restaurateurs menacent de rétorsion sur l’apprentissage)
Le député a eu du mal à […]

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Caroline Chanlon

Chat … alors ?

Nous avons organisé hier, jeudi 8 novembre, notre premier chat live uB-link sur les différentes pratiques de recrutement. Au programme : les réponses de Julien Mimeur, notre expert recrutement et accessoirement ancien de l’uB. Bilan de l’expérience …

Au niveau technique, nous utilisons CoverItLIve pour créer nos lives chats. C’est un outil relativement ergonomique qui permet la modération des commentaires à priori. Une fonctionnalité tout à fait utile pour assurer la cohérence de l’information. En effet, il est possible de choisir les questions qui vont apparaitre sur le chat et donc d’apporter la réponse dans le déroulé du chat. Cela évite d’avoir une vision brouillonne des échanges avec des questions qui tombent et les réponses qui ne suivent pas forcément directement. C’est aussi intéressant lorsqu’on souhaite conserver le chat et le laisser en consultation pour ceux qui auraient malheureusement manqué le RDV …

Au niveau de l’organisation, nous avons jugé pertinent d’avoir un expert unique assisté d’une personne de notre service d’insertion professionnelle pour éventuellement apporter des éclairages sur les réponses. Il semble que deux personnes soit le maximum pour permettre la cohérence de l’information pour les visiteurs. Trop de répondants risquant de brouiller les messages. Le chat doit être efficace, facilement lisible. Les réponses doivent être claires et éventuellement “découpées” si elles le nécessitent. Bémol pour les utilisateurs qui doivent parfois attendre plusieurs minutes pour voir apparaitre leur question. Dans le cas d’hier, nous avons tenu à répondre à toutes les questions ce qui nous a fait déborder un peu de l’horaire prévu. Mais en cas de grande affluence ?

Notre expert a naturellement créé des transitions et réalisé un travail d’animation en introduisant les questions, en remerciant les participants pour la pertinence de leurs propos.  Il me semble, en relisant les échanges, que je consulte une retranscription de réunion physique…

Le chat tel qu’il est aujourd’hui est facilement consultable sur sa forme graphique mais aussi grâce au travail d’animation. Nous n’en avions pas parlé avant, comme quoi les règles de vie se transposent assez naturellement sur un environnement numérique !

Nous avons communiqué surtout via les réseaux sociaux : posts Facebook, plusieurs tweets, création d’un événement, d’une actualité, et d’une bannière dédiée sur le site uB-link.fr. L’annonce de l’événement permettait aussi de poser des questions en amont, ce qui a modérément utilisé par les membres mais quand même 3 questions posées en amont.

Au final, nous avons eu des questions pendant un peu plus d’une heure postées par une quinzaine de personnes différentes. Les participants ont remercié l’expert à l’annonce de la dernière question… Un bilan très satisfaisant pour nous qui redoutions le chat désert et l’arrêt imposé au bout de 15 minutes.

Cela tombe bien, deux autres chats sont d’ores et déjà programmés sur le mois de novembre )

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Jean-François Fiorina

L’école du futur… c’est pour demain ?

Wise Summit, Educatec/Educatice, Online Educa Berlin, articles de presse, rapport de l’Inspection de l’Education nationale sur les tablettes numériques… l’école de demain intéresse et mobilise. Je délaisse donc pour un temps mon actualité de directeur pour me diriger vers celle du pédagogue en plein questionnement. J’aimerais échanger avec vous sur ce thème en démarrant une série de posts sur cette « école du futur ».

« Le cours d’amphi est-il en train de vivre ses derniers instants » comme l’a prédit Le Monde en date 11 octobre ? Aurait-il titré de cette manière, il y a seulement deux ans ? Sommes-nous arrivés à l’ère des MOOC ‪(Massive open online course) que le Financial Times (Free, high-quality and with mass appeal), Courrier International (Harvard pour tous) ou le magazine Uzbek et Rika (La Revanche des cancres) présentent comme des solutions d’avenir, à l’heure de la nécessaire massification/démocratisation du savoir ?

L’acte d’enseigner est en profonde mutation. Les attentes sont fortes et les modèles en cours d’évolution. Nos écoles doivent s’engager sur le chemin des Fab Labs* adaptés à la pédagogie. Ces Educ Labs ouvriront la voie à l’expérimentation concrète d’outils, de méthodes et de technologies nouvelles pour former les prochaines générations. Geneviève Fioraso annonce d’ailleurs « le suivi obligatoire d’un cours dédié à l’innovation et à l’entrepreneuriat dans toutes les formations de l’enseignement supérieur. »

Aux USA, les profils Facebook servent à recruter ou à éliminer les candidats pour les meilleures universités qui l’expliquent ouvertement (lire cet intéressant article du Wall Street Journal). D’autres assurent qu’une partie des cours sera organisée sur ce même réseau social, ouvert et gratuit…

Je suis également interpellé par les liens étroits que doivent maintenant entretenir la compétitivité de nos entreprises et la réforme de notre système éducatif. Le rapport de l’Institut de l’Entreprise « La France dans la mondialisation : se protéger ou se projeter ? » est, à ce propos très éclairant. L’élection présidentielle de 2012 a confirmé que l’opinion française reste l’une des plus méfiantes du monde à l’égard de la mondialisation. Que devons transmettre aux jeunes générations dans un monde en mutation ? J’aime citer le discours d’Yvon Gattaz sur la nécessaire mutation de l’enseignement supérieur : « Nous devrons apprendre aux jeunes les approches efficaces sans la recherche permanente de cette mythique vérité absolue. En effet, de nos jours, avoir des idées définitivement claires dans un environnement définitivement flou peut être un manque de bon sens. »

Je vous invite également à lire la synthèse que j’ai rédigée à l’issue du voyage d’études dans les Liberal arts colleges américains avec l’AGERA (Alliance des grandes écoles de Rhône-Alpes) au printemps dernier.

J’attends vos réactions et contributions !

*frabrication laboratories lancés par le MIT.

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Jean-François Fiorina

Le rapport Gallois côté enseignement supérieur

Les propositions qui me plaisent et qui vont impacter le monde de l’enseignement supérieur :

– Les 5 dispositifs prioritaires à stabiliser pendant le quinquennat (crédit impôt, dispositif Dutreil, Contribution Economique Territoriale – ex Taxe Professionnelle, mesures d’investissement dans les entreprises…). A lire aussi sur Lesechos.fr,

– L’aide aux exportations,

– Le développement des PME,

– Le doublement du nombre de contrats d’alternance,

– La sanctuarisation du budget de la recherche,

– La priorité à l’industrie (technologies génériques, santé, énergie),

– Le renforcement des filières.

Ces mesures nous impactent à deux niveaux :

  • Etudiant : avec la nécessité de les informer sur ces dispositifs et de créer des parcours spécialisés pour aider les entreprises (avec un focus spécifique PME).
  • Entreprise : les informer en amont et leur fournir les «moyens » et les talents de leur performance: étudiants (formation initiale), formation continue, recherche appliquée…
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Bernard Desclaux

Francis Danvers, l’orientation et la sérendipité

Francis Danvers vient de publier le tome 2 de son dictionnaire de sciences humaines et sociales aux éditions Septentrion, intitulé : S’orienter dans la vie : la sérendipité au travail ?  Un conseil pour ceux qui s’intéressent à l’orientation et à l’éducation : vous vous le procurez et vous le conservez près de vous.

Ancien conseiller d’orientation, Francis Danvers est professeur de psychologie de l’éducation à l’Université de Lille III.

Un dictionnaire ? Oui, mais pas seulement

Un dictionnaire, c’est bien sûr des mots classés par ordre alphabétique, et ce livre suit en effet cette règle, mais une petite astuce vient bouleverser ce calme. Chaque mot est précédé d’une question. Et vous avez là, en main, cent questions.
Utilisons la sérendipité, et piochons au hasard.
L’entrée « Orientation pédagogique » est précédée de la question « Y a-t-il une révolution pédagogique de l’orientation ? ». Six pages sont consacrées à y répondre par une excellente synthèse de ce thème, avec de nombreuses citations et références et trois conseils de lecture.
« Goût » est coiffé de la question : « Faire ce que l’on aime, ou aimer ce que l’on fait ? ».
« Démocratie » est introduite par « La démocratie est-elle simplement un régime de la décision ? », et « Temporalité » par « L’ère post-moderne : des temporalités qui s’entrechoquent ? ».
« Affectation » est premier ouvrant ce livre, et il est l’occasion pour Francis Danvers de nous questionner : « Pourquoi en France, la question de la relation affectation-orientation est-elle source de malentendu ? ».
Ainsi peut aller votre lecture. Au hasard des pages, les réponses aux questions sont toujours ouvertes et vous engagent vers d’autres pistes. Ainsi le mot « Latin », qui est amené par la question « Pourquoi le latin fut-il bien autre chose qu’une question linguistique qui devait se traduire en termes de compétences et de performances », renvoi à « Didactique », « Elite », « Front-populaire », « Humanités », « Langue », « Plan Langevin-Wallon ».
Ces cent mots et questions forment un panorama des thématiques concernant l’orientation et l’éducation. Car on mesure combien en France l’orientation est encrée du côté de l’éducation et finalement assez peu du côté du travail. Malgré cette donnée culturelle, Francis Danvers élargi le propos, et comme le dit la quatrième de couverture : « Son objectif est d’élaborer des éléments de connaissance pour une approche anthropologique de l’orientation au sens large du terme… ».
En ces temps de réflexions sur le fonctionnement de notre éducation nationale, cet ouvrage montre que l’orientation est loin d’être une question institutionnelle. Il s’agit d’un processus qui définit l’homme. Et l’éducation devrait d’abord le reconnaître et participer à son développement et à sa réalisation.
Pour prendre connaissance des dernières publications de Francis Danvers – Les ouvrages scientifiques
Et à propos de la sérendipité :
Colloque de Cerisy : La sérendipité dans les sciences, les arts et la décision, sous la direction de Pek Van ANDEL et Danièle BOURCIER

Bernard Desclaux

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Jean-François Fiorina

Baromètre Grandes écoles : le directeur-adjoint de TNS-Sofres explique sa démarche

Eric Chauvet en charge du Baromètre des Grances Ecoles TNS SOFRES.

Eric Chauvet responsable du Baromètre des Grances Ecoles/TNS SOFRES.

J’ai souhaité rencontrer Eric Chauvet, DG-adjoint, en charge du département Stratégies d’opinion, pour échanger sur la récente publication de son baromètre annuel Grandes Ecoles. Cette étude interroge les étudiants des écoles de commerce et d’ingénieurs pour connaître leurs attentes à l’égard de l’entreprise et l’attractivité de leurs futurs employeurs.

Pour un directeur d’école, ces études sont autant d’outils de pilotage que je confronte avec mes propres informations. En aucun cas, elles n’entrainent de coups de barre à 180° dans la stratégie mais elles permettent une mise en cohérence, un comparatif par rapport au marché et avec mes écoles paires. Je fais un parallèle avec le classement des grandes écoles. Ce n’est pas une fin en soi mais un outil de pilotage et d’amélioration continue.

*TNS Sofres a interrogé en face à face et en ligne 2061 étudiants parmi les écoles retenues.

Jean-François Fiorina (JFF) // Votre baromètre existe depuis 27 ans. A-t-il un client particulier ? Auprès de qui est-il diffusé ?

Eric Chauvet (EC) // C’est ce que l’on appelle, dans notre jargon, une étude en « souscription » proposée aux entreprises. Nous clients viennent de la finance, de l’énergie, de l’industrie. Certains sont fidèles, d’autres ne souscriront pas à l’enquête tous les ans. Leurs noms restent confidentiels.

JFF // Il y a une profusion d’études de ce genre sur le marché. Comment vous positionnez-vous par rapport à Universum, par exemple ?

EC // Globalement, ce que nous disent nos clients c’est qu’on est plus dans l’accompagnement, plus dans le « prêt à l’emploi ». On est plus digeste. Techniquement, il y a des différences. Universum demande de choisir 5 entreprises que vous préférez et, à partir de là, ils posent leurs questions. Chez nous, l’évaluation de nos clients s’effectue sur l’ensemble des gens qui participent sans automatiquement le faire auprès de ceux qui sont « conquis », c’est-à-dire qui vous ont mis dans les 5 employeurs préférés. C’est donc une approche assez différente. Universum est plus dans l’analyse de vos « fans », alors que nous, ils ont plutôt une analyse de l’ensemble de la population.

JFF // En 27 ans, qu’est-ce qui a changé auprès des étudiants d’écoles de management ou d’écoles d’ingénieurs vis-à-vis de l’entreprise ?

EC // Des choses ont évolué mais, pour être provocateur, beaucoup moins qu’on ne le croie. Il y a des valeurs sûres : le fait de trouver un emploi. Cela bouge notamment en fonction de l’état du marché du travail mais c’est l’ampleur de l’évolution qui est intéressante car ce n’est pas un scoop sur le fond.

Les souhaits des rémunérations progressaient assez régulièrement voire très vite en plein emploi mais stagnaient en périodes de crise. Cette année, ils reculent même.

Il y a d’autres éléments qui évoluent. Si les stages et les candidatures spontanées ont été les moyens les plus efficaces de trouver un emploi, les premiers restent quasi imperturbables depuis 25 ans pour les écoles de commerce tandis que les seconds sont, aujourd’hui, à un niveau quasi inexistant. Alors que les candidatures spontanées faisaient jeu égal avec le  stage jusqu’en 1992…

Ce sont des évolutions de grande ampleur que seul le recul permet d’appréhender.

JFF // Que pensent vos clients et comment interprètent-ils ces évolutions ?

EC // Ils souhaitent savoir quel message mettre en évidence, quel créneau privilégier, qu’est-ce qui compte aujourd’hui pour les étudiants ?

JFF // Dans les résultats, un élément m’a particulièrement surpris : le taux relativement élevé, encore plus chez les ingénieurs que chez les commerciaux, des étudiants qui affirment que le travail prime sur la qualité de vie. J’avais plutôt constaté leur souhait d’équilibrer vie privée et vie professionnelle.  Une génération très « contractuelle » finalement, c’est du « donnant-donnant ».

EC // On est 100 % d’accord sur le « contractuel » et le « donnant-donnant ». C’est même la deuxième génération car nous avons commencé à mesurer ce phénomène au milieu des années 90.

La formulation de cette question qui est très ancienne peut poser problème. Avec les historiques, cela permet d’y voir plus clair.

En tout cas, le « travailler beaucoup pour gagner beaucoup », semble-t-il, continue à faire recette.

Comme vous le dites, c’est une génération qui est quand même très « contractuelle », « donnant-donnant ». Si vous ne donnez pas beaucoup, il n’y a aucune chance qu’ils travaillent beaucoup. Une dimension que parfois, certains employeurs, ont tendance à oublier. Ils ne travaillent pas uniquement dans l’espoir d’être un jour récompensé. Ils veulent gagner beaucoup tout de suite.

Un exemple un peu provocateur, la finance n’a pas eu beaucoup de difficultés à recruter au cours des années 2000 sur des jobs extrêmement « prenants» qui rémunéraient vraiment beaucoup, alors que tout le monde critiquait cette génération qui ne voulait pas travailler !

JFF // Le secteur de la finance est intéressant. C’est ici que la baisse d’attractivité des entreprises est la plus importante, en spontané également.

EC // Oui, tout à fait. Phénomène qui est assez récent globalement. Dans les années 2000, sa mise en cause lui a fait perdre des points. Mais pour relativiser, elle a quand même plutôt pas mal résistée après 2008. La finance reste attractive. Elle a perdu son leadership mais pour une deuxième position cette année…

Les plans sociaux assez massifs sur certains marchés ont marqué les étudiants. Un secteur qui embauche moins sera bien sûr moins convoité. Les étudiants sont sensibles à l’intérêt du travail et à la rémunération mais également au volume de jobs disponibles dans un secteur donné. Ils analysent le marché et essaient de se positionner là où ils vont trouver le meilleur potentiel, entre le nombre d’opportunités, l’intérêt du travail et la rémunération.

JFF // Je suis entièrement d’accord avec vous. Les étudiants ont une démarche très rationnelle. Ils sont très au courant en amont de ce qui ce passe. Par contre, au niveau de la finance, une petite surprise pour moi, c’est le petit recul des cabinets d’audit qui sont d’importants recruteurs d’étudiants d’écoles de management. D’ailleurs, dans votre classement, ils sont en « tir groupé ». C’est peut-être un début de tendance ?

EC // Ceci dit, ils restent quand même à des places honorables. Les sociétés d’audit qui sont des entreprises de relative petite taille, si on les compare à Danone, BNP-Paribas, L’Oréal, apparaissent quand même dans le classement. C’est déjà en soi une performance extraordinaire ! C’est aussi certainement dû à leur très grande présence sur les campus.

JFF // C’est vrai mais également, je trouve qu’il y a de plus en plus un décalage entre les entreprises dans lesquelles les étudiants aimeraient bien travailler, une sorte d’idéal, et puis, la réalité du marché qui fait qu’ils prennent ce qui vient.

EC //  Sur le palmarès que l’on publie : un est « en assisté », l’autre « en spontané ». Dans le spontané : il faut que l’étudiant pense spontanément à l’entreprise pour la citer. Dans l’assisté : on cite l’entreprise dans une banque de données. Les décalages sont alors énormes. Typiquement, les boîtes qui font rêver (Google, Apple, Canal+) ont régulièrement de très bonnes places dans le classement assisté. En revanche, comme ils ne sont pas très présents sur les campus et qu’ils n’offrent pas forcement beaucoup de jobs, ils ne vont pas faire partie de ceux que l’on va citer spontanément. Car pas suffisamment présents à l’esprit.

JFF // Pour les ingénieurs, dans la notion d’attractivité assistée, on voit qu’il y a une sanction relativement immédiate liée à leur image ou à cause d’informations négatives. Je pense à Areva, PSA, Total…

EC //  En fait, ce qui marche le mieux, entre guillemets, pour perdre des points, c’est quand même les mauvaises informations économiques.

Globalement, il y a eu des périodes où certaines entreprises étaient mises en cause dans les médias par leur posture RSE pas idéale mais je ne les ai pas vu franchement reculer.

En revanche, si d’un seul coup, une entreprise florissante se met à faire un plan social ou à avoir des résultats en baisse, ça baisse beaucoup plus vite, sachant aussi qu’il y a un double phénomène qui est que, dans ces situations-là, en règle générale, ils réduisent la voilure sur les campus, ils annoncent qu’ils ne vont pas recruter. Du coup, ils perdent également un peu sur la dimension « employeur de référence » qui fait partie de leur image sur les campus et dont les étudiants discutent.

JFF // Là aussi, on le constate bien avec les entreprises qui participent aux événements sur le campus mais qui ne vont pas recruter. Ils se constituent une base de CV ou sont dans la pure marque employeur pour rester dans l’inconscient des étudiants.

EC //  Vaut-il mieux venir pour maintenir le contact même si on doit passer des messages qui ne vont pas beaucoup plaire aux étudiants du type, « oui, nous sommes très bons mais nous ne pouvons pas recruter » ou ne faut-il pas venir ? Quelle est la meilleure stratégie ? Je ne suis pas sûr d’avoir la bonne réponse. Il y a du pour et du contre dans les 2 attitudes.

JFF // Certains ont même une position intermédiaire qui est d’avoir des processus de recrutement très longs pour maintenir un peu la pression et se dire que quand il y aura un peu des budgets ou une petite fenêtre de tir, à ce moment-là, on peut dégainer très vite !

EC //  Je n’ai pas osé aller jusque-là !

JFF // Autres renseignement de votre sondage, vous mettez : « perception de la crise encore plus aiguë pour les étudiants d’écoles de management avec un niveau de pessimisme jamais atteint depuis 1993 ». C’est vrai que pour nous, école de management, l’année 1993 a été une année de grande crise. Pourquoi ces étudiants font-ils alors des études s’ils sont pessimistes et s’ils doivent dépenser de l’argent ?

EC //  Premièrement, on a interrogé les étudiants de dernière année. Quand ils se sont inscrits, il y a trois ans, la situation était différente.

Après, il faut toujours les donner en relatif. Un tiers nous dise « c’est facile de trouver un emploi » au printemps 2012. Si nous interrogions d’autres catégories de population, nous n’aurions pas le même score. Pour les BTS, c’est à peine 15 %. Lorsqu’ils se sont inscrits, ils étaient dans une logique où près de la moitié étaient confiants sur le fait de trouver un emploi.

JFF // Il y a peut-être une frustration plus importante, un décalage entre un processus de fabrication qui a été plus long que l’évolution économique.

EC //  Voilà, après je serais extraordinairement surpris que les tensions sur le marché du travail se traduisent par une baisse des inscriptions dans ces écoles qui conservent les mêmes taux d’insertion professionnelle. Cela veut dire surtout que la prise de conscience est telle, que ces profils-là deviennent aussi inquiets.

Il ne faut pas croire qu’à côté, un jeune qui sort du lycée à 20 ans, ou un troisième en situation d’échec, se dit qu’il a 80 % de chance de trouver un emploi très facilement !

Même, les mieux lotis commencent à douter y compris les ingénieurs qui sont pourtant conscients de la pénurie de leurs profils sur le marché du travail.

JFF // Peut-être parce qu’ils ont le choix de s’engager dans des métiers de production, que l’on parle de compétitivité, d’industrie… C’est pour eux synonymes de potentiel de recrutement ?

EC //  Oui, puis globalement, on dit qu’il y a plutôt une pénurie d’ingénieurs. C’est quand même beaucoup plus facile pour eux de trouver des jobs alors que les profils de management sont en revanche, peut-être un peu moins difficiles à trouver. Ils comprennent que cela ne sera pas aussi facile.

JFF // Si je prends le cas de Grenoble. Les étudiants nous disent que l’inquiétude n’est pas à court terme car il y a poursuite de stages ou de l’embauche, à la suite à des projets de fin d’études. Leur grosse inquiétude, c’est plutôt dans un an ou deux, et le fait de se retrouver en concurrence avec des jeunes diplômés seniors qui eux aussi font l’objet de plans de licenciement, avec la crainte donc de se dire « on sera moins compétents ». Il y a un petit décalage. Il y a une crise du recrutement dans beaucoup d’écoles et, les familles, se posent la question du retour sur investissement.

EC //  J’avais, par contre, pas du tout ça en tête !

JFF // Il y a à la fois cette demande de retour sur investissement, une concurrence en hausse et notamment de la fac avec des Masters qui ont pas mal progressé, un peu de concurrence étrangère… La question que se poseront les familles dans les années à venir est la suivante : « je suis prêt à investir en étant convaincu qu’il y aura un retour important : le job de mes rêves, au salaire de mes rêves, dans l’entreprise de mes rêves et… le plus vite possible, rejoindre l’entreprise qui tienne ces promesses. »

EC //  C’est quand même la clé de succès des écoles de management depuis des décennies !

JFF // Enfin, c’est un sondage qui s’adresse aux écoles. La fac, en termes de concurrence, bouge. On parle de professionnalisation, d’insertion. Est-ce que vos clients vont étendre, dans les années à venir, cette étude à un troisième groupe de population : les étudiants issus de l’université ?

EC //  C’est très partagé. Avec l’aide de la CPU (Conférence des Présidents d’Université), nous avons transposé, l’année dernière, cette étude. Les universités hésitent à la reconduire. Les organisations étaient demandeuses. Cela paraît plus complexe d’organiser ce genre d’enquête en fac mais je sens que c’est quand même plus ouvert aujourd’hui.

J’avais essayé de lancer le produit vers 2002/2003… échec. Le monde de l’entreprise n’était pas intéressé par la fac en général ou alors s’intéressait à deux ou trois Masters, ce qui nous permettait difficilement de faire un nombre suffisant d’interviews pour leur apporter de vraies réponses. Mais, on sent aujourd’hui, que l’intérêt pour l’université est plus clairement développé.

JFF // Enfin, pour terminer, une question un peu difficile. Vous êtes un institut de sondage. Vous faites beaucoup d’enquêtes sur ce sujet de la crise, de sa perception, des peurs. Nos étudiants, qu’ils soient en école de management ou en école d’ingénieurs, ont des comportements identiques à la population française ou des comportements un peu atypiques ?

EC //  C’est un peu complexe, dans la mesure où les études que l’on fait auprès d’eux sont très ciblées sur des problématiques les concernant directement.

Ce que l’on peut comparer, c’est plutôt, les attitudes au travail. Et là, ils ne sont pas si atypiques que cela, en fait.

Je le dis toujours, le trio de tête des attentes majeures pour l’emploi sont : un travail passionnant, un poste formateur, une bonne ambiance. On le retrouve chez vous et dans les écoles d’ingénieurs. Idem dans les BTS, DUT, chez les salariés de nos clients lorsqu’on fait un baromètre interne. On le trouve également pour les profils qui ont arrêté l’école niveau Bac. Sur les fondamentaux, ils se ressemblent beaucoup et depuis longtemps.

JFF // Ce qui voudrait dire que la génération Y n’existe pas ?

EC //  Je n’ai pas dit cela non plus. Je fais partie de ceux qui ont tendance à le relativiser. Quand je regarde les attentes des élèves en termes d’emploi, le type de job qu’ils aimeraient sur les quelque 20 dernières années, il y a plus de stabilité que d’évolutions massives. Il y a beaucoup moins d’évolution qu’on ne le pense.

JFF // Ce sera une très belle conclusion et cela peut rassurer un directeur d’école !

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Gilles Gleyze

Grandes Ecoles et réseau d’Alumni : vers une refondation ?

Je vais parler aujourd’hui d’un sujet sensible, parfois conflictuel, et en pleine évolution : celui des relations entre les Ecoles et leurs Anciens Elèves, qu’on désigne de plus en plus sous le terme américain d’Alumni.

Sujet sensible car il porte sur des relations de nature « familiale », avec la part d’affect qui caractérise souvent les relations de famille.

Et évolutif, car les relations entre ces 2 univers sont en pleine transformation aujourd’hui.

Historiquement en France, les alumni des grandes écoles sont très organisés.

Ils ont créé des structures juridiques spécifiques, généralement anciennes ; celles-ci disposent souvent de revenus propres, et parfois d’un patrimoine qui leur assure indépendance financière, et capacité à financer des salariés permanents.

Elle tiennent à jour un annuaire des Anciens, qui est un outil clef de gestion du réseau.

Leurs activités sont larges, et diverses : gestion de carrière, entraide professionnelle, animation de groupements géographiques à l’étranger, activités culturelles, networking sectoriel, activités de relations publiques visant à assurer la visibilité globale de la communauté …

Souvent, ces associations entretiennent une relation complexe avec leur Ecole : en termes d’image, elles utilisent la marque de l’Ecole, et très souvent son logo. Aux yeux du public elles sont une composante de l’Ecole, et leurs initiatives engagent l’Ecole.

Toutefois, en pratique, elles sont très autonomes par rapport à l’Ecole ; non seulement sur le plan financier pour les raisons financières évoquées plus haut, mais parce que l’objet social de l’Association des Alumni ne se confond pas avec celui de l’Ecole :

L’objet social de l’Ecole est principalement de former des jeunes, et de produire de la recherche ; l’Ecole n’est souvent impliquée que marginalement dans la carrière de ses Anciens, et principalement sur le premier job.

L’Association des Alumni a par contre pour objectif premier de promouvoir ses membres, leur carrière, et de contribuer à leur réussite et à leur visibilité. Il se trouve que le point commun entre ces membres est d’avoir le même diplôme, mais la finalité est principalement de tisser un réseau au sein d’une communauté de professionnels, et de favoriser la réussite.

Bien sûr il y a des liens entre les deux objets sociaux : la visibilité d’une Ecole et la valeur de son diplôme sont directement liés à la réussite de ses Alumni des Anciens est indissociable.

Et c’est parce que Ecoles et Associations d’Alumni sont indéfectiblement liées par l’impératif de défendre une marque commune, alors même que leurs objets sociaux sont différents, que les relations entre elles sont parfois complexes. Les préjugés et projections sont nombreux : peur des Ecoles d’être mises sous tutelle par leurs Anciens ; sentiment des Anciens qu’ils sont les garants d’une sorte de continuité de l’Ecole, du maintien de sa qualité dans le temps ; sentiment ressenti par l’Ecole que la spécificité des métiers académique n’est pas comprise par des Anciens qui sont le plus souvent issus du monde de l’entreprise ; conviction des Anciens que leur expérience de l’entreprise (du monde « réel » selon certains) doit aider l’Ecole à s’orienter et à orienter ses élèves ….

La place des Alumni dans la gouvernance des Ecoles est très variable selon les Ecoles : majoritaires au Conseil d’Administration dans certains cas (l’Ecole étant alors perçue comme une émanation de l’Association des Anciens) ; ou simplement représentés par un siège au Conseil. Le dosage entre Anciens et professionnels issus d’autres horizons, dans les Conseils d’Administration des Ecoles mais aussi leurs Comités de Direction, est un exercice subtil qui est propre à chaque établissement, et donne lieu à des arbitrages subtils …

La coexistence a longtemps été assurée par une sorte de « Yalta » tacite, qui se vérifie dans de nombreuses écoles : l’Ecole s’occupe des étudiants jusqu’à leur diplômation, ou à la rigueur jusqu’à leur premier job ; ensuite le suivi du diplômé relève de l’Association, et l’Ecole n’a plus de rôle actif à jouer dans la carrière de ses diplômés. Ce partage facilite la coexistence pacifique.

Mais le monde change … très vite !

Ces dernières années, les Associations d’Alumni ont été fragilisées par la fin de la déductibilité fiscale des cotisations ; le législateur a en effet considéré que des associations limitées à une catégorie restreinte d’adhérents ne répondaient pas aux critères requis pour la reconnaissance d’utilité publique. Beaucoup d’Associations ont vu leurs cotisations diminuer, et leur assise financière se fragiliser.

Dans le même temps, les Ecoles ont commencé à s’intéresser aux Alumni, bien au-delà du premier job. L’évolution de l’Ecole Centrale Paris est à ce titre intéressante. Le changement est venu d’abord de la mise en place d’une démarche de Fund Raising ; pour financer ses projets stratégiques, l’Ecole Centrale, comme d’autres écoles, s’est tournée vers ses Anciens, et s’est dotée d’une équipe consacrée au Mécénat. Cette démarche passe au préalable par une étape de « Friend Raising », qui vise à renouer le contact avec les Alumni, de tous âges ; les plus âgés étant souvent les donateurs les plus importants, la frontière du Yalta que je décrivais plus haut s’est trouvée allègrement franchie !

Cette étape a permis à l’Ecole de tisser des liens avec des milliers d’alumni qui lui étaient jusque là inconnus ; et c’est là que l’Ecole a progressivement pris conscience de l’importance de ce réseau d’anciens, qui peuvent l’aider dans de multiples situations : conseil et lobbying pour soutenir ses projets stratégiques ; orientation pour ses formations, afin de préparer les élèves aux métiers de demain ; conseil aux étudiants, dans une démarche de Career Center ; accès aux grands groupes internationaux, dans des pays aussi lointains que la Chine ou le Brésil …

Bref, la relation Alumni est vite apparue comme une ressource clef pour les Ecoles (un «asset » stratégique, en termes business). Et les Ecoles comprennent que la gestion de ce réseau est fondamentale pour leuravenir ; qu’elles doitven  entretenir un lien direct avec ses Alumni, les connaître et cultiver la relation avec eux.

Ces changements, marqués par des initiatives de plus en plus nombreuses des Ecoles dans un champ traditionnellement réservé aux Associations d’Alumni, sont potentiellement déstabilisantes pour ces Associations ; notamment à un moment où elles sont fragilisées par une baisse de leurs recettes. Parfois même le succès du fund raising de l’Ecole est perçu comme une des causes de la baisse des cotisations à l’Association des Anciens !

Quelles sont les pistes pour l’avenir ? Certaines écoles regardent vers le schéma américain, dans lequel fréquemment les associations d’alumni n’ont pas de ressources propres, mais sont portées par le service Alumni de l’Université. L’adhésion à l’Association est dans ce cas gratuite ou presque (une adhésion à vie pour quelques dizaines de dollars), et les moyens de l’Association sont apportés par l’Université. C’est la voie qu’a choisi l’INSEAD par exemple.

D’autres voies sont possibles, plus respectueuses de l’héritage français, qui repose sur des associations d’alumni fortes et autonomes. Elles passent par une compréhension mutuelle des objectifs de chacune des parties ; la reconnaissance que les objectifs des Associations et ceux des Ecoles sont différents ; et l’identification de champs de coopération : suivi des carrières ; conseil aux étudiants ; financement des projets stratégiques de l’Ecole ; défense de la Marque ; valorisation des réussites individuelles et collectives …

Ces voies reposent sur le respect mutuel, la reconnaissance des différences, et la coopération. Elles supposent parfois de sortir d’une liaison de type «familiale », trop marquée par l’affectif, et d’aller vers des relations plus contractuelles, fondées sur la convergence des intérêts propres. C’est probablement la voie d’avenir la plus réaliste …

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Bernard Desclaux

Une nouvelle gouvernance dans l’éducation nationale

Poursuite de la réflexion à propos de la décentralisation des CIO.
Dans un premier article « Après la décentralisation, la territorialisation des services d’orientation » , je rappelais mon analyse que je faisais en 2003 lors de la première tentative. Jean-Marie Quairel dans l’article que je publiais « Services d’Orientation de l’EN : Un virage pour rebondir ou pour disparaître ? » précise les conditions nécessaire d’une telle modification.
Dans ce billet court, j’essaye de replacer cela dans un contexte plus général.

Modification du fonctionnement des CIO

« A la mi-octobre, Vincent Peillon a annoncé aux syndicats sa volonté de transférer les CIO aux régions, et de placer les conseillers d’orientation-psychologues et les directeurs des CIO sous une double autorité rectorale et régionale. » écrit Sandrine Chesnel.
Si je comprends bien cette déclaration, il faut distinguer deux modifications. L’une porte sur l’établissement, le service et son budget, et l’autre sur les personnels.
Pour la première, il faut rappeler que lors de la transformation des COSP (centres d’orientation scolaires et professionnels) en CIO (Centres d’information et d’orientation), il s’agissait de transférer à l’état la responsabilité du financement de ces organismes qui jusque-là se trouvaient financés par le département. Nous étions au début des années 70. Aujourd’hui plus des deux tiers des CIO sont encore départementaux. Il faut dire que lors de la première loi de décentralisation au début des années 80, les CIO ont été oubliés dans la répartition des attributions et depuis quelques années (pour certains, cela fait 20 ans tout de même) les Conseils généraux remettent en question leurs responsabilité dans le financement de ces organismes.

Beaucoup sont passés à l’acte, obligeant les recteurs à réagir : réaménagement, fusion, suppression. Le BOEN publie les suppressions ou créations de CIO (d’état), Bulletin officiel n° 39 du 25 octobre 2012 par exemple.
En tout cas, le transfert aux régions sera sans doute compliqué. Entre l’installation dans des propriétés de l’état ou du département, les locations, et l’hébergement dans des établissements scolaire, la situation immobilière de ces organismes et loin d’être simple.
Pour l’autre modification
, le statut de fonctionnaire de l’état ne semble pas remis en cause. Mais la ligne hiérarchique serait double : rectorat et région. Cela peut paraitre fou, bizarre, impossible à mette en œuvre. Sandrine Chesnel rapporte dans sa présentation que les syndicats SNES, CGT Education, Education Sud et SNFOLC pensent que la double tutelle, conduiraient à créer un nouveau style de fonctionnaire, « dépendant de l’Education nationale le matin et de la Région l’après-midi ».
Mais cette évolution de la gouvernance est-elle réservée à nos seuls services ?

Vers une nouvelle gouvernance

Le décret n° 2012-1193 du 26 octobre 2012 modifiant l’organisation administrative et financière des établissements publics locaux d’enseignement, précise :

« Le budget sera dorénavant élaboré en tenant compte notamment du projet d’établissement, du contrat d’objectifs conclu avec l’autorité académique ainsi que des orientations et objectifs fixés par la collectivité territoriale de rattachement. »

Un principe « ternaire » de gouvernance s’installe dans l’éducation nationale : relier le projet de fonctionnement de l’unité à deux attentes extérieures, celle de l’autorité académique représentant l’état, et celle de la collectivité territoriale représentant la population locale élargie.
Je pense que c’est cette conception qui va s’appliquer également aux CIO, et considérer les CIO comme une unité de fonctionnement de l’éducation nationale n’est au fond peut-être pas une si mauvaise nouvelle.

Bernard Desclaux

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Michel Abherve

Les primes de l’Etat se sont arrêtées et l’apprentissage est en hausse depuis trois mois

Après neuf mois durant l’année 2012, le nombre de contrats en alternance dont bénéficient des jeunes est pratiquement au niveau de 2011. Nous en sommes, fin septembre, en effet, selon les chiffres publiés par la DARES à 214 114 contrats, 1 512 de moins qu’à la même période de l’année précedente, soit une baisse de 0,6%.
Ce […]

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Jean-Luc Vayssière

Paris-Saclay : benchmark, bonnes pratiques, idées concrètes

Enorme succès, pourtant peu médiatisé, pour le 7e Forum de l’innovation et de la recherche qui s’est tenu le 30 octobre à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris. Le thème choisi y était évidemment pour beaucoup. Il s’agissait de présenter les clés du succès des plus grands clusters mondiaux et d’étudier les meilleures propositions pour permettre à Paris-Saclay d’attirer talents, investisseurs et capitaux.

Le tout Paris de l’enseignement supérieur et de la recherche -et bien au-delà- était présent pour écouter un quinzaine d’intervenants convaincus parmi lesquels Alain Bénichou, président d’IBM France, Pascal Colombani, président de Valeo, Alain Crozier, président France de Microsoft et Michel Mariton, PDG d’Horiba.
En présence de Genieviève Fioraso, Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, de Cécile Duflot, Ministre de l’Egalité des territoires et du Logement, et de François Lamy, Ministre délégué auprès de la ministre de l’Egalité des territoires et du Logement, chargé de la Ville, le Premier Ministre a affirmé dans son discours de clôture  l’engagement financier de l’Etat dans le projet Paris-Saclay (un milliard d’euros destinée aux opérations immobilières prévues pour rapprocher les établissements, une dotation en capital  de 850 millions d’euros du Plan Campus et la dotation supplémentaire de près d’un milliard d’euros au titre des investissements d’avenir).
Jean-Marc Ayrault a également insisté sur le respect des spécificités des établissements dans le projet du futur cluster.  « Cette dynamique doit permettre le développement de relations nouvelles entre universités et grandes écoles. Dans le même esprit, des relations nouvelles se développeront entre les universités de Paris-Sud et de Versailles Saint-Quentin, monsieur le président Huchon, des universités proches comme celle d’Evry qui tireront profit, j’en suis sûr, de cette dynamique et Paris-Saclay devra développer absolument une coopération de qualité avec les établissements de Paris intra-muros. »

Des exemples internationaux
L’étude menée par Paris-Ile de France Capitale Economique avec le cabinet Deloitte présentait 12 clusters internationaux : la Silicon Valley de San Francisco (Californie), Boston (Massachussets), Los Angeles (Caltech, Californie), Cambridge (Royaume Uni), Haïfa-Tel Aviv (Israël), Stockholm (Suède), Munich (Allemagne), Zurich (Suisse), Bangalore (Inde), Beijing-Tsinghua (Chine), Tokyo (Tsukuba (Japon). Si la première particularité de ces clusters est de loger en leur sein des universités prestigieuses dotées d’un excellent classement mondial, les contours des clusters sont souvent méconnus. Lorsque l’on évoque la Silicon Valley à San Francisco, on parle en réalité de 30 universités, dont Stanford et Berkeley, implantées sur 5000 km2.  Pour Boston, il s’agit d’Harvard et du MIT, mais aussi du Boston College et de Boston University, toutes situées en plein centre ville sur moins de 300 km2. Des situations bien différentes.

On ne peut qu’être d’accord avec les 10 bonnes pratiques issues de ce benchmarking. Tout d’abord, comme à San Francisco, la nécessité de conforter l’esprit entrepreneurial, la capacité à risquer et la tolérance à l’échec. Comme à San Francisco et Tsinghua, inciter les professeurs à devenir des professeurs entrepreneurs. Il faudrait ensuite favoriser les échanges entre enseignants et entrepreneurs, et même aménager des parcs technologiques comme en Israël. Développer des instituts de valorisation comme à Caltech et Munich. Inciter l’insertion des doctorants dans les entreprises, comme à Stockholm. Veiller au partenariat « public-privé » comme à Singapour, Munich et Stockholm. Mais aussi mettre en place des dispositifs favorables aux investissements internationaux comme à San Francisco, Boston, Cambridge, Bangalore et en Israël. Enfin, développer les réseaux sociaux comme à Caltech, San Francisco et Stockholm.

Des propositions concrètes pour Paris-Saclay
Le groupe de travail Paris Saclay de Paris-Ile de France Capitale Economique, sous la présidence d’Augustin de Romanet, a proposé des mesures concrètes, articulées autour des 3 principales clés du succès retenues dans l’étude :
– d’excellentes liaisons, en particulier en transports en commun, entre les campus de la métropole, et vers les aéroports et gares,
– l’attractivité des clusters et campus, renforcée par un nom et une marque prestigieuse, d’excellentes conditions de vie et d’emploi et une forte ouverture sur le monde,
– des grands campus où il fait bon vivre associés à la proximité de parcs immobiliers où les entreprises de hautes technologies puissent elles-mêmes se regrouper et où elles puissent trouver un ensemble de services dédiés.

Des contours incluant l’UVSQ
Outre les déclarations sur la nécessité de rapprocher les 2 universités (Paris Sud et Versailles-Saint-Quentin) des écoles et des entreprises, les territoires ont fait l’objet d’une attention particulière. Augustin de Romanet et Jean-Paul Huchon ont rappelé l’importance du bassin d’entreprises de Saint-Quentin, confirmant ainsi explicitement les contours géographiques du cluster Paris Saclay, au delà du Plateau du Moulon. L’ancien directeur général de la Caisse des Dépôts rappelant qu’il fallait « lancer rapidement et définitivement la construction de la ligne de transports en commun (métro léger par exemple) Orly-Versailles, condition sine qua non pour l’existence d’un cluster de dimension mondiale à Paris-Saclay.

Les facteurs clés de succès des clusters scientifiques et technologiques 

1. Clusters
L’innovation se concentre dans des clusters technologiques qui regroupent universités prestigieuses, laboratoires de pointe, grands groupes, start-ups, où les savoirs et les projets peuvent se croiser, s’enrichir et leurs auteurs trouver émulation, compétition, soutien et financement.
Ces clusters sont des sources d’innovation qui se renouvellent en permanence. Ils anticipent les évolutions technologiques et sont capables d’investir lourdement pour se positionner parmi les leaders mondiaux dans la nouvelle génération d’innovation.
Ils sont en compétition entre eux pour attirer chercheurs, entrepreneurs, laboratoires et finance- ments. Ils se reconnaissent entre eux comme source d’inspiration et comme concurrents (cf. «Silicon Wadi » et « Silicon Fen », inspirés de la « Silicon Valley »).
Des classements tendent à formaliser la hiérarchie mondiale et à accroître la visibilité des meilleurs, ce qui renforce les phénomènes d’imitation (classement ARWU, THE).
Les meilleurs clusters servent d’exemple aux autres. Mais les meilleurs s’appuient sur un écosystème longuement muri et une grande autonomie, alors que les nouveaux entrants sont souvent très dépendants du volontarisme des pouvoirs publics.
Ils sont donc peu nombreux à l’échelle mondiale. Disposer d’un tel cluster est un atout majeur pour l’attractivité, le développement économique et l’emploi d’une métropole et d’un pays.

2. Universités.
Les principaux clusters mondiaux se composent pour la plupart de deux ou trois grandes universités au rayonnement international, dotées d’une taille critique pour figurer dans les premières places des classements et capables de donner à leur métropole une identité forte sur les technologies de pointe.
Ces universités sont en général tournées vers les sciences appliquées, mais adossent leurs spécialisa- tions sur de solides formations fondamentales. Les étudiants ont généralement la possibilité de suivre des cursus diversifiés ou des double formations, ce qui facilite les croisements de savoirs et l’innovation. L’initiation à la recherche peut être favorisée dès les premières années d’études (cf. Le Summer Undergraduate Research Fellowship, Caltech).
Les universités sont le plus souvent dotées d’une gouvernance autonome. Leurs enseignants mais aussi leurs anciens élèves composent l’essentiel des conseils d’administration. Ils sont directement intéressés à la réussite du cluster dont ils deviennent les représentants et les « stars »…
Les universités disposent de capacités d’investissement importantes, tant pour le recrutement de leur personnel que pour la gestion de leurs bâtiments. Elles peuvent investir dans des entreprises innovantes via des structures dédiées. Elles sont puissamment soutenues par des fonds publics.

3. Proximité des Global Cities
Ces clusters tirent leur vitalité de leur proximité avec un grand centre de décision international. C’est pourquoi ils se situent dans les principales métropoles mondiales.
La première échelle du cluster est le campus, un lieu où se concentrent, outre les structures universitaires, les lieux conviviaux de rencontre et d’échanges.
Les campus sont en général très bien reliés aux centre-villes et aux quartiers d’affaire. Cette proximité physique permet, en particulier via les réseaux d’anciens élèves, d’associer pouvoirs publics, entre- prises, investisseurs et créateurs d’entreprises à la définition des stratégies des 34 universités, de leurs laboratoires, des entreprises qu’ils accueillent. (Contre-exemple : Tsukuba, dans une moindre mesure Cambridge).
Il existe ainsi une véritable communauté qui vit autour des grandes universités, y échange, s’y distingue et au sein de laquelle la concurrence et la coopération peuvent s’intensifier.
Les campus mais aussi la métropole se prêtent à des expérimentations et deviennent un laboratoire vivant et une « smart city ». Par exemple le Campus de Stanford expérimente internet, diverses solutions de haut débit. San Francisco autorise des véhicules automatiques expérimentaux, etc.
Chercheurs et entrepreneurs sont des acteurs économiques valorisés qui trouvent facilement à intégrer d’autres sociétés. Celui qui est d’abord professeur peut aussi être un entrepreneur, un mentor, un consultant, un administrateur. Le cumul de ses fonctions n’est pas mal perçu.
La présence de PhD à la tête de grands groupes n’est pas rare. L’Etat peut, dans ce sens, montrer l’exemple en plaçant d’anciens chercheurs à la tête de ses entités (cf. le CEA en France).

4. Parcs technologiques
A proximité des campus, des parcs technologiques sont développés. Ce sont des zones où les laboratoires des entreprises, leurs département de développement et de design, les incubateurs et les pépinières peuvent trouver facilement à se loger pour un coût maîtrisé et transparent (Stanford Industrial Park, Matam High Tech Park, Zurich Technopark…).
Ces parcs technologiques sont, pour les meilleurs d’entre eux, relativement spécialisés. Leurs employés se fréquentent et changent fréquemment d’employeurs, ce qui encourage une fois encore l’esprit de compétition et les transferts d’idées et de technologies (une tendance volontairement amplifiée par les lois californiennes, qui éliminent la plupart des clauses anticoncurrentielles des contrats de travail).
Ces parcs offrent des services qui facilitent la communication et les échanges : télécentres, très haut débit, mais aussi centres de conférences, hôtel d’entreprises, lieux de convivialité, cafés, bars, clubs, terrains de sport… (cf. le projet de Kista Science City soutenu par la Fondation Electrum).
Dans les meilleurs des cas, se sont les universités elles-mêmes qui ont développé ces parcs technologiques (Stanford, Cambridge, Technion…). Leurs administrateurs, qui sont en majorités des enseignants et des anciens élèves, sont capables d’orienter les formations délivrées par les universités et les recherches menées dans leurs laboratoires vers le développement de technologies de pointe nécessaires aux applications commerciales. Ils peuvent ainsi participer aux tours de table lors de lancement d’entreprises. En retour, les laboratoires bénéficient des retombées commerciales des sociétés qui mobilisent leurs découvertes. Ceci implique souvent que l’Etat reconnaisse et protège la propriété intellectuelle des laboratoires publics (cf. le Bayh Dole Act aux Etats-Unis et les lois inspirées par celui-ci, notamment en France).

5. Structures spécialisées
Les universités disposent d’une agence spécialisée dans le transfert de technologies bien identifiée et de règles acceptées par les laboratoires comme par les entreprises. Cette agence est souvent détenue via une joint-venture par plusieurs universités et opère à l’échelle du cluster, mais ce n’est pas une condition nécessaire à son succès. Dans les meilleurs cas, elle participe à la sélection des projets éligibles aux aides publiques qui sont souvent importantes pour les jeunes entreprises technologiques (cf. en particulier BioM à Munich, Technion Technology Transfer ou StarTAU).
Les dispositifs de financement les plus performants sont ceux qui s’ajoutent aux investissements privés et non ceux qui s’y substituent : une double sélection des meilleurs projets est ainsi possible. Ces aides peuvent être attribuées par l’Etat (Programme Yozma, Israël) sur sélection d’une agence spécialisée au niveau du cluster (Allemagne) ou par l’université (Tsinghua Holding).
Les universités construisent aussi des hôtels d’entreprises, des pépinières et incubateurs destinés, à proximité immédiate des laboratoires, à faciliter au maximum le lancement des entreprises nouvelles.
Des réseaux d’entreprises ou pôles de compétitivité peuvent être associés à la gouvernance du cluster (Munich, Zurich).
Le cluster peut se doter d’une marque, partagée ou plus généralement restreinte à certains acteurs- clés : universités, parcs technologiques, agences de valorisation. Cependant, les clusters les mieux reconnus n’ont pas développé de marque propre (Silicon Valley, Silicon Wadi, Boston, Munich) et certaines marques de cluster se signalent plutôt par leur manque de visibilité (Zurich, Cambridge).

6. L’ouverture sur le monde
Les grandes universités acceptent le risque de fuite des cerveaux (brain drain) et le combattent en pratiquant une politique d’attractivité salariale volontariste (Harvard).
Ces clusters comprennent un nombre important d’étudiants, d’enseignants et d’actifs d’origine étrangère. Cette diversité est un de leurs objectifs. Elle est mesurée et valorisée.
Les démarches administratives liées à l’entrée des étudiants et actifs étrangers doivent être simples et peu onéreuses, de même que les démarches administratives liées à la création d’une entreprise.
Lorsque l’Etat ne dispose pas de règles générales simples dans ces domaines, des zones spéciales et des réglementations ad hoc peuvent être prévues, mais il s’agit de solutions bien moins performantes puisqu’elles limitent la taille de l’écosystème en compétition (bon exemple : Kista, contre-exemple : Skolkovo).
Des événements : congrès ou salons, permettent régulièrement aux visiteurs de découvrir l’excellence académique, technologique et entrepreneuriale (exemple : Munich, l’Oktoberfest scientifique).

(sources :  Etude Deloitte, Les clés du succès des grands clusters mondiaux et Paris IDF Capitale économique, 10 propositions pour rejoindre le top 10 des clusters mondiaux)

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Bernard Desclaux

Services d’Orientation de l’EN : Un virage pour rebondir ou pour disparaître ?

Toujours suite à la déclaration de Vincent Peillon rapportée par sur le site d’Educpros j’ai proposé un premier article sur mon blog.
Jean-Maire Quairel
a écrit l’article suivant. Il précise bien les éléments en question dans ce débat, c’est pourquoi je le propose dans mon blog.

Bref historique

Lâchés depuis plus de 20 ans par les Ministères successifs, les Conseillers d’orientation Psychologues et Directeurs de CIO sont à l’agonie : Recrutements en bernes, obligeant à faire appels à des centaines de contractuels non formés et budgets de fonctionnement misérables pour les CIO d’Etat, rendent la situation très difficile. Si on y ajoute le désengagement de nombreux CG de la gestion des CIO départementaux, associé à une mise en place chaotique et mal pilotée d’un nouveau Service Public d’orientation (SPO) en lien avec la loi sur « le droit à l’orientation tout au long de la vie », nécessitant une « labellisation » des organismes concernés, tous les ingrédients sont réunis pour créer les conditions d’une situation totalement délétère. Le contexte de dérégulation libérale de l’économie et de la finance, entraînant logiquement une méfiance des acteurs de la formation à l’égard des évolutions proposées, augmente un peu plus les enjeux autour de l’orientation des jeunes. Au-delà des valeurs humanistes, toujours portées par les services d’orientation, qui sont à l’opposé des dérives observées et qui doivent être rappelé avec force, il me semble q’une attitude « d’ouverture vigilante » s’impose, de préférence à une opposition systématique, ne serait ce qu’en raison d’un rapport de force qui n’est pas favorable aux services.

En 2003, une première tentative de « régionalisation » des services d’orientation de l’EN, conduite à la hussarde par Luc Ferry, a très normalement échoué, suite à la juste mobilisation de l’ensemble de la profession et au soutien des enseignants. Il s’en est suivi plusieurs années de dénigrement et de déstabilisation des personnels, à travers une multitude de rapports assimilant abusivement le dysfonctionnement du système éducatif (élitisme, orientation par l’échec, difficultés d’insertion du jeune) aux pratiques des COP. Il faut se rappeler aussi que le « désamour » entre le Ministère et les COP, depuis plus de 20 ans, a pour origine, en partie, une affaire familiale concernant un conseiller du Ministère (toujours en activité) qui s’est emparé de la « dérive psychologisante » d’une petite minorité, pour en faire une affaire d’état, et dénigrer l’ensemble de la profession. C’est de la petite histoire, mais qui met en lumière le manque anormal de confiance du ministère en ses fonctionnaires et l’absence totale d’une « politique de l’orientation » digne de ce nom … Et cela n’a pas changé depuis … A quoi peut tenir l’avenir d’un service !

Aujourd’hui

C’est donc dans un contexte particulièrement mal engagé, qu’arrivent les propositions du Ministère de Vincent Peillon, suite à la concertation sur la « refondation de l’école » :

Une double tutelle, Ministérielle pour ce qui concerne les activités des COP en établissements scolaires et Régionale pour les activités en CIO.

Une telle organisation, originale, est elle viable, sans remise en question du statut des personnels et de leurs missions ? A moins de laisser le choix aux COP, ce qui signifierait un éclatement du corps.
Il va falloir que les Syndicats et les organisations représentatives de la profession, fassent preuves de lucidité, de vigilance et de responsabilité. Ils sont malheureusement divisés sur l’avenir des services et sur les missions :

  • Le SNES, majoritaire et affilié à la FSU, défend historiquement, la dimension de « psychologue de l’éducation » pour le COP, dans le cadre d’un « grand service de Psychologie scolaire de la maternelle à l’université » ; il récuse aussi l’inclusion de la formation initiale dans la loi sur « le droit à l’OTLV ».
  • Le SGEN-CFDT, de part sont appartenance à une confédération ouvrière, est plus sur une ligne qui situe le COP comme un psychologue du « Conseil en orientation » pour tous les publics, scolaires ou non, et considère qu’il ne peut pas y avoir de « COP sans CIO ». Il pense que la loi « OTLV » est une chance pour les CIO et les personnels, si on sait y faire respecter quelques principes qui fondent la profession.
  • L’UNSA se rapproche plutôt du SGEN, avec des nuances. SUD et FO, très minoritaires, sont pour le statu quo, occultant apparemment les positions des ministères successifs qui nous ignorent.
  • Schématiquement, l’ACOP-F ( Association des COP ) est proche des positions du SNES tout en essayant de maintenir un difficile œcuménisme , alors que l’ANDCIO ( Association nationale de Directeurs de CIO ) se rapproche plus de celle du SGEN et de l’UNSA .

Compte tenu d’un contexte où « la refondation de l’école ne semble pas envisager la création d’un « grand service public de psychologie scolaire », confirmant en cela le refus d’un apport significatif de « psychologues- fonctionnaires » dans le champ éducatif , on peut avoir le sentiment que, dans ce qui n’est qu’un projet, le Ministère a essayé de concilier les positions, au risque de mécontenter surtout le syndicat majoritaire :

  • Au SNES, la réaffirmation de l’établissement scolaire comme lieu d’exercice privilégié des COP et leur gestion administrative par le Ministère ;
  • Au SGEN, la reconnaissance de l’existence des CIO dans le nouveau SPRO et une conception « tous publics » de la pratique des COP .

Mais beaucoup de points restent flous, en particulier le Statut des COP et Directeurs de CIO et leurs missions, redéfinies pourtant, après négociations en 2010. Il faut vérifier, juridiquement, ce qui peut empêcher de conserver le statut sous sa forme actuelle, dans le cadre du projet Ministériel. Un aménagement, sans bouleversement total, est sans doute envisageable.

Enjeux et nécessités

Ceux pour les personnels sont, de fait, indissociables de ceux pour le Public.

En effet, on peut les résumer ainsi :

Nécessité du maintien des CIO comme lieux de référence pour les COP afin de leur garantir une indépendance vis-à-vis des pressions des établissements scolaires et des branches professionnelles, ainsi qu’une maîtrise de leurs outils et de leurs pratiques.

Nécessité de garantir aux différents Publics, scolaires ou non, une neutralité et une objectivité des informations sur les études et les professions (importance de la référence ONISEP), impliquant le maintien d’ une formation professionnelle des COP, hors des influences du secteur privé.

Nécessité pour les COP et Directeurs de pouvoir se référer à un cadre éthique et déontologique rigoureux, incluant, entre autres, le secret professionnel. Ce code, s’inspirant de celui des Psychologues récemment révisé, est peut être à inventer pour donner une assise forte à la profession.

Nécessité de bien clarifier les liens hiérarchiques, surtout s’ils sont différents et de bien délimiter les limites des pratiques et des missions pouvant être demandées aux COP et Directeurs de CIO, par l’une ou l’autre des hiérarchies.

Nécessité de bien définir le fonctionnement des partenariat entre CIO et autres partenaires, au sein du futur SPRO (labellisé ou non). Le champ d’activité de chacun et les pratiques spécifiques. Une mutualisation pouvant alors s’envisager, en respectant les identités de chacun et dans le cadre d’un pilotage qui ne pourra être que collégial.

Perspectives

Si ces nécessités sont prises en compte et concrétisées dans la future organisation qui se dessine et dans les textes qui devraient l’encadrer, alors un avenir existe pour les CIO, les COP, Directeurs et Personnels administratifs. Un avenir et une reconnaissance sans doute supérieure à celle qu’ils vivent depuis trop longtemps, car ils ne tarderont pas à faire valoir leurs compétences et « valeurs ajoutées » comparativement à des organismes et à des professionnels plus ou moins solides, qui gravitent dans le champ de la formation et de l’insertion. C’est peut être une chance historique à ne pas manquer, sachant que la situation ne peut pas être pire qu’aujourd’hui, sauf peut être, dans deux cas de figures :

Le non respect des nécessités que j’ai tenté de formaliser plus haut qui entraînerait la dissolution des CIO dans un conglomérat insensé et la perte de professionnalité des COP, des Directeurs et des PA.

Le refus de toute évolution et le replis des COP dans les établissements scolaires, qui entraînerait la disparition des CIO (par désengagement prévisible de l’état) et la lente absorption des COP, sous l’autorité des chefs d’établissements, dans les équipes éducatives, par assimilation de leurs pratiques à celles des établissements : Je ne crois pas à la place et au sens d’une pratique de Psychologues à l’intérieur d’un système qui n’est pas organisé en conséquences… Il n’est alors question, en fin de compte et malgré des exceptions, que de le pérenniser.

D’autres changements nécessaires

En résumé :

Il faut rester ferme sur la qualification professionnelle, l’éthique et la déontologie : il y a des pratiques qui ne pourront pas être imposées.
Le scénario qui se dessine n’est pas le pire : Si on doit dénoncer le désengagement de l’Etat, qui pouvait faire de l’axe « aider les jeunes et tous les publics à mieux s’orienter » un pivot de la « refondation de l’école », le pire des scénarios serait la disparition des CIO et la fin, en pente douce, des COP dans les établissements, aux ordre des Principaux et des Proviseurs.

Toutefois, soyons sans illusions sur les améliorations que pourraient apporter cette nouvelle organisation de l’Orientation. Il s’agit de la partie visible du système … Plus d’informations sur les études et leurs débouchés, même régionalisées, ne régleront pas les problèmes de décrochages scolaires et d’insertion des jeunes. Si l’on ne s’attaque pas aux causes structurelles qui affectent la formation et le monde du travail, rien ne changera vraiment. La « Refondation de l’école » devrait créer les conditions de changements positifs concernant, les programmes, les méthodes pédagogiques, l’évaluation/notation, les procédures d’orientation, la place des parents, pour une école plus démocratique et égalitaire… Une organisation du travail enfin respectueuse des personnes, devrait permettre d’améliorer l’image des métiers et de les rendre plus désirables pour les jeunes.

Ce sont là les questions fondamentales pour l’avenir … Les COP et Directeurs de CIO, devraient plus croire en eux et apporter leur énergie, leurs compétences et leurs valeurs d’appartenance au service public, pour contribuer à y répondre.

Jean-Marie Quairel , Directeur de CIO Honoraire

Avignon le 22/10 / 2012

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Doctrix

Les sites emploi et le doctorat

Quels sites emploi pensent à nous, docteurs, avec notre doctorat “bac+8”? Résultats d’une enquête menée derrière notre écran.

FEU ROUGE ! Les sites emploi qui ne connaissent pas (ou si peu) les docteurs

→ Et non des moindres ! Pôle emploi, le portail national, dans la page “Recherche d’offres d’emploi” n’allait plus loin que “Bac + 5 et plus ou équivalent” . C’était le 22 octobre 2012 au démarrage de notre enquête. Une semaine plus tard (le 29 octobre), il n’est plus fait mention du niveau de diplôme, comme sur le site de l’Apec (voir plus loin). Du changement dans l’air ? Dans l’option de recherche avancée, en sélectionnant la région (j’ai choisi Midi-Pyrénées), avec le thème “métiers de la recherche” et “doctorat” comme mot clef, 42 offres sont sorties (le 29 octobre). Problème: on peut avoir un doctorat et vouloir faire autre chose que de la recherche…

→ Sur le Direct emploi dans les options avancées du moteur de recherche, il n’y a que les niveaux Master 1 et 2 (le 22 octobre)

→ Dans l’espace candidat du site Kelly scientifique, on nage en plein paradoxe : il n’est pas fait mention du niveau “doctorat” et quand on tape ce mot clef dans le moteur de recherche des offres, 4 offres sont proposées (le 22 octobre). Avec “PhD”, c’est mieux : 5 offres ! Le site se proclame “Le n°1 mondial du recrutement de scientifiques”. Pour la France, on a du mal à le croire.

FEU ORANGE ! Les sites emploi avec bien peu d’offres

→ Dans le moteur de recherche du site Manpower.fr, il n’y a pas de niveau de diplôme et quand on entre “doctorat” dans les mots clef, 2 offres (sur 7 202) sortent (le 22 octobre)

→ Sur Cadreemploi, en tapant “doctorat”, 11 offres (le 29 octobre), 63 avec le mot “docteur” (incluant les doctorats d’exercice)

Embauche.com : l’option de recherche avancée répertorie le niveau “doctorat” mais seulement 12 offres (sur plus de 14 000 !) sortent quand on sélectionne ce critère (le 22 octobre)

→ Sur Keljob.com, si l’on met “doctorat” dans les mots clef, 20 offres sont proposées (le 22 octobre)

→ Sur Monster.fr dans la page “Rechercher des offres”, il faut cliquer sur “Plus d’options” pour entrer le niveau d’études : “Doctorat, 3ème cycle”. 27 offres d’emploi correspondait à ce niveau (le 22 octobre)

FEU VERT ! Les sites emploi avec plus d’offres à la clef

→ Sur le site “Jeunes diplômés” de l’Apec aucune rubrique n’est prévue pour le niveau de diplôme… des jeunes diplômés : les L, les M et les D sont logés à la même enseigne. Une façon de contourner l’obstacle ? En mettant “doctorat” dans les mots clef, 126 offres sont proposées (le 22 octobre 2012). Chiffre identique sur le site “Cadres”

Optionscarriere.com affiche 476 offres (le 22 octobre) ! Personne ne dit mieux jusqu’à présent mais c’est un méta-moteur (comme Monster) qui agrège les offres émanant d’autres sites

→ Sur le site de l’ABG-Intelli’agence (assez mal référencé par Google), en moyenne 1 000 offres d’emploi pour les doctorants et les docteurs sont en ligne. Malheureusement, cette information n’est pas mentionnée sur le site.

→ Sur le portail européen Euraxess, dans l’espace “Jobs” en tapant le mot clef “PhD” 915 offres d’emploi sont proposées (le 22 octobre). Vive l’Europe !

Ce bilan nous fait grincer des dents. Avec en moyenne 10 000 docteurs diplômés par an, on ne peut qu’être d’effaré par l’anonymat social des bac+8 en France. Quand les sites emploi passeront-ils (enfin !) au L, M, D et reconnaîtront l’expérience professionnelle acquise grâce à la formation par la recherche ?

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Jean-Luc Vayssière

Rendre l’université attractive, dès la première année !

Le paradoxe est connu, il n’en reste pas moins étonnant. Alors que les universités ont un potentiel pédagogique exceptionnel, qui repose sur des enseignants qui sont aussi des chercheurs (à la différence de filières comme les BTS, les classes préparatoires ou de la plupart des écoles accessibles après le bac), elles conservent au fil des années une image négative au moment du choix des étudiants après le bac. L’une des difficultés réside dans le fait que le plus souvent ceux qui parlent de l’université la connaissent peu ou en ont une vision surannée. L’université a beaucoup évolué ces vingt dernières années, les universités nouvelles comme l’UVSQ sont les fers de lance de cette mutation qui a gagné l’ensemble du secteur. Cette transformation est encore méconnue. Changer cet état de fait est l’un des plus grands défis pour l’université française dans son ensemble.

Comment rendre l’université attractive ? On sait bien que tous les acteurs de l’enseignement supérieur ne sont pas à égalité sur la ligne de départ. Tandis que certains pratiquent la sélection et affichent d’importantes dépenses par étudiant, d’autres accueillent tous les bacheliers et souffrent en plus d’un sous-financement chronique.  Je reviendrai bientôt sur cette question. Mais avant d’envisager l’ensemble du système de formation, je préfère évoquer les initiatives positives que les universités peuvent prendre -et parfois ont déjà prises- pour aller de l’avant et prouver leur valeur aux bacheliers.

Outre les qualités traditionnellement propres au système universitaire – encadrement par des chercheurs, développement de l’autonomie intellectuelle des étudiants, souplesse des cursus – il importe de mettre en avant les nouvelles pratiques pédagogiques de l’université. Le suivi individuel en première année, le travail en petits groupes durant tout le cursus, mais aussi l’ouverture précoce à des enseignements professionnalisants pouvant déboucher sur des formations de master extrêmement valorisées, sont une réalité qu’il faut mieux faire connaître dans la société.

Une dose d’innovation et d’imagination est indispensable pour adapter davantage les cursus de licence aux étudiants de niveaux très variés. D’un côté, il faudrait un suivi plus attentif pour les étudiants décrocheurs, en particulier dans les premiers mois de la première année, et probablement réfléchir à l’instauration d’une « année zéro » pour l’adaptation des étudiants les moins armés pour l’enseignement supérieur. Mais d’un autre côté, il faut aussi permettre aux étudiants de très bon niveau faisant le choix de l’université de s’épanouir. Pourquoi ne pas étudier la possibilité de faire des licences en deux ans, ou de suivre un double diplôme,  non seulement à l’intérieur d’un même domaine, mais aussi avec une vraie interdisciplinarité, comme c’est le cas à l’UVSQ avec le droit et l’anglais, ou, de manière différente, la musique et les sciences humaines ? Imaginer des co-diplomations avec des universités étrangères qui systématisent la mobilité des étudiants, des dispositifs en alternance qui favorisent la professionnalisation ou des « licences recherche » qui intègrent la formation par la recherche, l’un de nos points forts en master, dès le niveau licence. Autant d’innovations qui sont à la portée d’une université comme la nôtre, et qui symboliseraient la valeur des filières universitaires, dès la première année !