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Michel Abherve

Crise et poursuite d’études

Animant depuis cinq ans une licence professionnelle Management des organisations de l’économie sociale à l’Université de Marne la Vallée, avec Pierre Dubois, puis, depuis la retraite de Pierre, avec Hervé Defalvard, il m’est possible de constater à cette rentrée les effets tangibles et immédiats de la crise sur les décisions des étudiants.

Alors que depuis la création de cette licence, il avait été possible d’inciter les étudiants à aller vers l’emploi avec des résultats tout à fait satisfaisants, cette situation évolue très fortement en cette rentrée. Les poursuites d’études qui demeuraient jusqu’à présent exceptionnelles seront beaucoup plus nombreuses.

Les enseignants responsables de cette licence regrettent bien sûr cette évolution, contraire à l’objectif premier d’une licence professionnelle, mener les étudiants à l’emploi. Ce sentiment est toutefois atténué par une satisfaction certaine d’avoir su motiver des étudiants, majoritairement issus de filières professionnelles (et pour un nombre non négligeables dès le secondaire) vers des études longues.

Plusieurs facteurs convergent pour expliquer cette évolution.

  • Le premier est bien sûr l’intégration par les étudiants eux même de la crise, et leur tentation, bien compréhensible de repousser le moment où ils seront confrontés au marché du travail, en espérant que dans une, deux, x  années le contexte sera plus favorable, ou plutôt moins défavorable.
  • La deuxème tient dans l’attitude des enseignants qui ont, plus ou moins consciemment, moins poussé les étudiants vers l’emploi que les années précédentes, car ils savaient, eux aussi, qu’ils risquaient d’avoir de fortes difficultés pour trouver l’emploi qu’ils étaient en droit d’attendre
  • La troisième est plus problématique : tous les étudiants qui l’ont souhaité semblent avoir accepté en Master, et dans la majorité des cas, cette acceptation s’est faite sans aucun contact entre les responsables du Master et les responsables de la licence professionnelle. Il n’est pas certain que tous les étudiants retenus réussiront.

Cette situation satisfait, à court terme, les étudiants qui ont trouvé, pour un an, une solutions sécurisante. Elle satisfait, certainement, les responsables de Master 1 qui auront le large vivier où ils pourront sélectionner ceux qui auront le droit de faire un Master 2, et l’Université dans son ensemble, toujours très sensible, à la question des effectifs, conditionnant pour une large part les moyens qui lui sont attribués.

Elle satisfait, n’en doutons pas, le Gouvernement, qui voit ainsi se réduire, modestement mais si la situation que je décrit se répète sur l’ensemble du territoire, significativement, la pression des jeunes sur le marché du travail, dans le contexte d’une rentrée qui s’annonce, sur ce plan, catastrophique. Les statistiques du chômage seront ainsi allégées.

Mais cette situation est loin d’être satisfaisante, car elle entrave les efforts faits pour structurer des emplois au niveau Bac Plus 3, convaincre employeurs et branches professionnelles de la pertinence de ce niveau de compétences.

Il est toutefois possible de se féliciter de la réaction de certains étudiants qui ont choisi pour contourner cette difficulté d’autres voies, leur permettant de diversifier leur expérience, et d’améliorer leur pratique des langues étarngères : Service Volontaite Européen, Volontariat International…, et de sortir de la dialectique poursuite d’études ou chômage.

Mais il est surtout très regrettable que cette situation se produise au moment où le parcours proposé : licence, vie profesionnelle, puis retour en formation en Master 2 commençait à se concrétiser.

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Michel Abherve

Université citoyenne et solidaire

Le Conseil Régional Rhône Alpes vient de lancer un très intéressant appel à projets, intitulé « Université citoyenne et solidaire ».

Cet appel à projets est exemplaire sur le plan des objectifs

_ Promouvoir des actions de coopération entre l’université et acteurs locaux afin de favoriser l’accès à « la connaissance » des populations et des territoires éloignés géographiquement, culturellement et socialement de l’université.

_ Soutenir l’ouverture de l’enseignement supérieur vers la société en renforçant son accès aux connaissances universitaires et en engageant des actions et des interventions en lien avec les besoins économiques, sociaux et sociétaux.

_ Enrichir les capacités d’innovation et « d’expertise » des territoires et des acteurs locaux par l’apport de connaissances scientifiques et universitaires sur des sujets prioritaires pour leur développement, et favoriser l’échange de connaissances et de ressources.

_ Accroître les compétences et connaissances des étudiants et des doctorants participant au programme et favoriser leur professionnalisation et leur insertion.

_ Favoriser la production de connaissances nouvelles, de savoirs co-construits au service du plus grand nombre.

_ Contribuer à favoriser des actions pluridisciplinaires à travers les projets.

Mais il l’est aussi sur le plan de la méthode, puisqu’il incite à la coopération entre l’Université et des acteurs locaux.

Souhaitons que d’autres régions prennent des initiatives similaires

L’appel d’offres sur

http://www.univ-mlv.fr/ecosoc/eco_sociale/projets/Appel_a_projets_RSU.pdf

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Un nouveau blog

Décidemment, le blog est une drogue dure

Après avoir ouvert un blog pour suivre, pour le compte des employeurs de l’économie sociale, le Grenelle de l’Insertion, je tiens un blog depuis juillet 2008, à la demande de la Lettre de l’Insertion par l’Activité Economique, du groupe Alternatives Economiques.

Lorsque j’ai été sollicité par Le Groupe Etudiant pour ouvrir ce blog, j’ai hésité, puis décidé de saisir cette occasion pour séparer ma production, gardant d’un côté ce qui relève de l’insertion et de l’emploi, et développant de l’autre ce qui va concerner l’Université et plus largement l’Education.

Cette décision n’a de sens que si elle accroit le caractère réactif, suscite débats, échanges et parfois controverses…

Le blog du Grenelle de l’Insertion (clos, mais toujours accessible) http://www.usgeres.fr/blog

Le blog d’Alternatives Economiques http://alternatives-economiques.fr/blogs/abherve

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Michel Abherve

Université des Bistrots

Dans les villages de Gacôgne, Montreuillon, Ruages, Saint-Saulge, Semelay, Vauclaix, Urzy et la petite ville de Corbigny, dans la Nièvre se déroulera cet hiver, l‘Université des Bistrots

Des débats à le campagne, dans des cafés et des restaurants, occasion de se cultiver et de se rencontrer. L’éeducation populaire en mileu rural du XXI ème siecle

Parmi les invités : Jean Viard, Marc Kravetz, Armand Gatti et bien d’autres…

Le programme sur le site

http://www.universitedesbistrots.fr/

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Respect du vote du Parlement à géométrie variable

La protestation est forte, de la part des députés UMP, et de la part du Président de l’Assemblée nationale face à l’annonce d’Eric Besson de ne pas prendre le décret d’application de la loi instituant la possibilté de soumettre les candidats à l’immigration à des tetsts ADN.

Sans se prononcer sur le contenu du texte, et en restant sur le plan du droit ils ont totalement raison. Le principe de séparation des pouvoirs impose à l’éxécutif de mettre en oeuvre les décisions du législatif, et les parlementaires ont raison de le rappeler.

Il est certain que ce rappel searit plus crédible, et moins politicien, si les parlementaires avaient toujours fait preuve de la même vigilance vis à vis du gouvernement pour faire respecter leurs votes. Mais il est devenu fréquent que les votes de la loi ne soient jamais suivis des décrets permettant à la volonté exprimée du légisteur de se concrétiser. Nous n’en prendrons que deux exemples.

  • Le 9 mars 2006, le Parlement a dopté un amendement d’intiative sénatoraiel instituant l’obligation du cv anonyme pour les entreprises de plus de 50 salariés. La loi dit
« Dans les entreprises de cinquante salariés et plus, les informations mentionnées à l’article L. 121-6 et communiquées par écrit par le candidat à l’emploi doivent être examinées dans des conditions préservant son anonymat. Les modalités d’application du présent article sont déterminées par décret en Conseil d’État. »
Cette loi est inaplicable faute du décret nécessaire. Plusieurs ministres se sont succédés et aucun d’entre eux n’a cru bon de publier ce décret. Parmi ceux-ci figure Gérard Larcher, devenu Président du Sénat et donc forcément attaché au respect des votes du Parlement. On a même vu le Commissaire à la Diversité et à l’Egalité des chances, Yazid Sabeg, proposer d’expérimenter ce qui était déjà la loi ! Si le sénateur centriste à l’intiative de l’amendement, Nicoles About, proteste régulièrement, les parlementaires UMP font preuve sur ce non respect du vote des parlemenatires d’une remarquable capacité de silence.
  • L’article 27 de la loi du 5 mars 2007 réformant la protection de l’enfance prévoit la mise en place d’un fonds national de financement dont la raison d’être est “de compenser les charges résultant pour les départements de la mise en oeuvre de la présente loi selon des critères nationaux et des modalités fixés par décret et de favoriser des actions entrant dans le cadre de la réforme de la protection de l’enfance et définies par voie conventionnelle entre le fonds et ses bénéficiaires”. Interpellé sur la mise en place de ce fonds en séance publique par Claire Lise Campion, Sénatrice socialiste de l’Essonne, la réponse de la Secrétaire d’Etat à la Famille, Nadine Morano, le 23 Juin dernier est limpide “La création d’un fonds supplémentaire viendrait complexifier, brouiller les financements déjà existants”. Quel mépris du vote des parlementaires.
Les exemples pourraient être multipliés. Espérons que la réaction face à la déclaration d’Eric Besson esquisse une volonté nouvelle du Parlement à faire respecter ses votes. Mais ce n’est pas l’hypothèse la plus probable.