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Comment réussir des Assises du supérieur ?

Peu auraient parié il y a encore quelques mois sur la destinée des Assises de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Promises par la candidat Hollande lors de la présidentielle et lancées en plein cœur de l’été, ces “assises” doivent porter le pays vers l’après-LRU.

Après une première phase de consultation de juillet à septembre, des débats territoriaux se sont ouverts en octobre préfigurant les assises nationales de la semaine prochaine. Un rapport doit être remis en décembre et une nouvelle loi-cadre doit être soumise au parlement en début d’année prochaine.

Le comité de pilotage présidé par Françoise Barré-Sinoussi a publié, après sa première série d’auditions, (plus d’une centaine à ce jour), une note de synthèse qui recense tout à la fois des problématiques qui ne font pas vraiment débat (la simplification des structures, la coopération des acteurs, la démocratisation de l’offre…) et d’autres qui posent encore question (le rééquilibrage territorial, la sélection, les droits d’inscription…).

La composition dudit comité était déjà un modèle d’équilibre entre les tenants de l’ouverture internationale, ceux de la “culture entreprenariale”, les chantres de l’innovation et une aile plus réformatrice. Les corps intermédiaires, mis à mal lors du précédent quinquennat, y sont largement représentés, comme le conseil économique, social et environnemental.

Ce genre de grande consultation vise essentiellement à renouer le dialogue, après cinq années de compétition à marche forcée, dont on a déjà souligné ici le bilan et les inégalités de traitement qu’il a durablement installées dans le paysage. Mais au-delà, que peut-on en attendre ?

Le nombre des contributions (près de 1200 à ce jour !) montre l’engouement qu’a suscité cette nouvelle dynamique. Ce n’est pas le moindre des succès d’avoir au moins libéré la parole, même si l’abondance rend la lecture et l’analyse de tous ces documents plutôt ardue.

Cette attente – dont on remarquera au passage que la traduction médiatique est pour le moins discrète – imposera de trouver demain un “point d’équilibre”, comme l’appelle la Conférence des présidents d’université, à la fois adapté au terrain et capable d’être porté par une majorité. Rien ne serait pire en effet qu’un catalogue de conclusions fourre-tout, abstraites ou à un simple retour en arrière.

Les précédentes consultations du même genre, dans les années 80 et au début des années 2000, n’ont guère eu de traduction concrète immédiate. L’ambition de cette édition 2012 est au contraire d’en tracer la perspective. Et dans le contexte actuel, au moment où le ministère annonce une augmentation des moyens pour 2013 inférieure ou très légèrement supérieure à l’inflation, la voie est plus qu’étroite…

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Note de lecture

Les universités en France, fonctionnement et enjeux. – Le titre très général de cet ouvrage n’en donne pas toute la portée : la recension de ces contributions qui émanent d’acteurs de premier plan (certains conseillers de l’actuelle ministre notamment) offre en effet une nouvelle perspective sur l’enseignement supérieur.

Frédéric Forest rappelle très justement que la réforme du système universitaire, qu’il présente comme un système en réseaux, reste à faire et montre bien combien c’est la régulation des flux qui irriguent ces réseaux qui en sera la clef principale.

Il porte également une attention particulière à ce qu’il nomme des “points pivots”, des éléments du système qui ont des répercussions et donc un poids particuliers et sur lesquels la dynamique du système doit reposer.

Une contribution d’importance au moment où s’ouvrent des assises nationales destinées à dessiner le futur du supérieur en France…

Frédéric Forest (dir.), Publications des universités de Rouen et du Havre, juillet 2012

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Les conseillers du nouveau pouvoir à la loupe

On en sait désormais un peu plus sur les conseillers “universités” du nouveau pouvoir. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la Conférence des présidents d’université (CPU) est à l’honneur.

A l’Élysée, où le président organise aujourd’hui un “déjeuner avec des acteurs du monde scientifique” le “monsieur enseignement supérieur” est depuis le 22 mai Jean-Yves Merindol. L’ancien directeur de l’Ecole normale supérieure de Cachan, agrégé de maths de 56 ans, avait conseillé le maire de Paris, Bertrand Delanoë de 2005 à 2008. Il a également présidé Strasbourg 1 de 1997 à 2002 et occupé d’importantes fonctions à la CPU, au moment où celle-ci commençait à militer pour l’autonomie des universités au début des années 2000.

Son homologue sur l’éducation nationale est une brillante énarque de 36 ans, Anne Courrèges, qui était jusqu’à présent directrice des affaires juridiques au ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Un monsieur “recherche médicale”, le professeur Olivier Lyon-Caen, avait également été nommé deux jours plus tôt.

Le cabinet du premier ministre est plus chiche sur l’enseignement supérieur. Seul un conseiller éducation y apparaît. Polytechnicien de 65 ans, Jean-Paul de Gaudemar était jusqu’ici recteur de l’académie d’Aix-Marseille, un poste qu’il a également occupé à Strasbourg et Toulouse. Professeur de sciences économiques, il a entre autre présidé Aix-Marseille 2 et, au début des années 1990, le comité scientifique de la Délégation à l’aménagement du territoire, un sujet qui promet d’être extrêmement sensible concernant le supérieur.

On notera également que le poste de conseiller pour les institutions, les libertés publiques, la réforme de l’État et la décentralisation, est occupé par Jean-Philippe Thiellay, un conseiller d’État qui est aussi vice-président de Terra Nova. Cette fondation avait été l’une des rares à animer le débat sur l’université lors de la présidentielle, avec des propositions à rebrousse-poils des positions socialistes traditionnelles : relèvement des frais de scolarité, allocation d’autonomie de 500 euros par mois pour tous les étudiants, suppression des cours en amphi, réduction de moitié des places dans les grandes écoles…

Enfin, les lecteurs du Grand Chambardement connaissent déjà un bon nombre des membres du cabinet de la ministre, Geneviève Fioraso. Le directeur du cabinet, Lionel Collet, a présidé la CPU à un moment crucial de son histoire qui lui a permis de couper le cordon ombilical avec le ministère, tout en soutenant la loi sur l’autonomie. A la CPU, il a été la cheville ouvrière d’un des colloques les plus imaginatifs (et les plus mouvementés), à Brest, en 2009 où la remise à plat de la taxe d’apprentissage avait notamment été envisagée pour accroître les financements de l’université. Praticien hospitalier de 58 ans, il a présidé Lyon 1 de 2006 à 2011.

Le directeur adjoint du cabinet, Jean-Richard Cytermann, est un haut-fonctionnaire habitué des cabinets : celui d’Edith Cresson en 1991-1992 et celui de Claude Allègre, au même poste qu’aujourd’hui, de 1997 et 2000. Personnalité non-conventionnelle, il dirigeait jusqu’ici le groupe “enseignement supérieur” à l’Inspection générale de l’administration de l’Éducation nationale et de la recherche. A 60 ans, il dirige également un séminaire de sociologie de l’éducation (dans lequel l’auteur de ces lignes est intervenu).

Le cabinet compte également deux autres anciens de la CPU, le sociologue Daniel Filâtre, ancien président de Toulouse 2  (conseiller premier cycle, formation des enseignants, orientation, insertion) et Jacques Fontanille, ancien président de l’université de Limoges (conseiller sciences humaines et sociales) ainsi qu’un membre du cabinet du maire de Paris, Guillaume Houzel (conseiller social et vie étudiante) qui a dirigé pendant sept ans l’Observatoire de la vie étudiante.

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Au Québec le “printemps érable” s’éternise

Le ton se durcit à Québec, plus de trois mois après le début du “printemps érable”, quatorze semaines de grèves et des manifestations étudiantes contre l’augmentation programmée de… 82 % des frais de scolarité sur sept ans.

Le gouvernement de Jean Charest a proposé une loi spéciale pour restreindre le droit de manifestation, véritable déclaration de guerre contre les étudiants. Une proposition “et de loin, pire que l’augmentation des droits de scolarité pour les étudiants”, a répliqué Léo Bureau-Blouin, le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec.

De fait, la proposition a fait l’unanimité contre elle, de l’opposition (Pauline Marois, du Parti Québécois a dénoncé une “loi matraque” avant de tenir une conférence de presse avec les étudiants grévistes) à la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université qui réclame de nouveau des États généraux sur l’université québécoise.

Il y a quelques jours, la ministre québécoise de l’Education, avait présenté sa démission et quitté la vie politique. Une décision accueillie froidement par les étudiants : Gabriel Nadeau-Dubois, le porte-parole de  la Coalition Large de l’Association pour une Solidarité Syndicale Etudiante, a rappelé que “le problème, c’est la hausse des frais de scolarité. Ce n’est pas en changeant de ministre qu’on va régler la crise actuelle. On va régler la crise lorsqu’on va accepter de parler de la raison pour laquelle les gens sont en grève”…

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Geneviève Fioraso, une ministre pour l’innovation

Si Valérie Pécresse était la ministre des universités, Laurent Wauquiez le ministre des conditions de vie étudiante, Geneviève Fioraso devrait être la ministre de l’innovation.

L’adjointe du maire de Grenoble, Michel Destot (qui, à sa différence, n’a pas soutenu Martine Aubry avant de rallier François Hollande), prof d’anglais et d’économie dans les années 70, a été cadre de direction d’une start-up du Commissariat à l’énergie atomique, Corys, aujourd’hui filiale d’Areva. A 58 ans, la nouvelle ministre de Jean-Marc Ayrault était depuis 2003 présidente directrice-générale de la société d’économie mixte Minatec, plate-forme de valorisation industrielle dans le domaine des micro et nanotechnologies et chargée de cours à Sciences Po.

Dans sa carrière politique, Geneviève Fioraso s’est surtout intéressée à la recherche technologique et à ses liens avec l’industrie. Elle était donc logiquement en charge de l’innovation, dans le Pacte Productif au sein de l’équipe du candidat Hollande. Comme Valérie Pécresse pour la convention du candidat Sarkozy en 2007, Genevève Fioraso a présidé le Forum pour l’Enseignement supérieur et la Recherche du parti socialiste (vidéo disponible ici) à Toulouse en mai 2011. Un galop d’essai pour celle qui doit réunir aujourd’hui des “états-généraux” pour définir la loi-cadre censée remplacer la loi Pécresse.

Sa première déclaration en marge du premier conseil des ministres hier est restée très générale : “la première chose sera de renouer le dialogue avec les enseignants et chercheurs. Dialogue qui a été mis à mal ces cinq dernières années.” Un credo qu’elle a repris lors de la passation avec Laurent Wauquiez, hier soir : “Le tra­vail des cher­cheurs mérite le calme, en par­ti­cu­lier ceux de la recherche fon­da­men­tale. Mettons à l’abri les cher­cheurs de la recherche fon­da­men­tale de la recherche effré­née des cré­dits, de la com­pé­ti­tion fré­né­tique entre ter­ri­toires.”

Fidèle à ses engagements, la nouvelle ministre (de plein exercice, comme ses deux prédécesseurs) devrait surtout axer son action sur les liens entre recherche et industrie et notamment sur la réforme du Crédit impôt recherche. Mais l’élue grenobloise, qui a dû gérer l’échec des projets de Rhône-Alpes aux initiatives d’excellence, aura aussi en charge la très complexe égalité des territoire vis-à-vis des investissements de recherche et d’enseignement supérieur. Un dossier potentiellement explosif dans un contexte budgétaire aussi contraint…

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Que faut-il attendre de François Hollande ?

C’est aujourd’hui que doit être annoncée la composition du nouveau gouvernement. L’université va-t-elle continuer à bénéficier d’un ministère de plein exercice, comme sous Nicolas Sarkozy ? Va-t-elle être regroupée avec l’Éducation nationale ? Ou dans un méga-ministère dédié à le jeunesse ? Les réponses dans quelques heures donneront matière à analyse. L’occasion, dans cette attente, de voir ce que vont être les prochaines étapes pour l’enseignement supérieur.

Parmi les 60 propositions du candidat, deux seulement concernent le sup : les engagements 36 (60.000 postes dans l’Éducation nationale) et 39 (la réforme des premiers cycle, de la LRU, une allocation d’études et de formation, l’abrogation de la circulaire Guéant et l’accélération des Investissements d’avenir).

Au fil de la campagne, François Hollande s’est montré plus précis. Sur ce blog, il a expliqué ainsi qu’il réserverait au moins 50 % des places en IUT et BTS aux bacheliers pro et techno, qu’il réfléchissait à la “création d’écoles régionales pour donner aux enseignants une formation à la hauteur de leur mission”, à abaisser la sélection à l’entrée en Master 1 et qu’il entendait débuter le quinquennat par une vaste concertation sous la forme d’Assises de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Lors de son discours de campagne consacré à l’enseignement supérieur, au Biopôle de Nancy le 5 mars, il précise qu’il réservera à l’université 5.000 des 60.000 postes qu’il entend recréer, annonce la création d’un “service public de l’orientation” unifié du secondaire au supérieur, la construction de “40.000 nouveaux logements étudiants sur cinq ans” (plus que ce que prévoit le rapport Anciaux), la création d’une “allocation d’études supérieures et de formation sous condition de ressources” et une réforme du Crédit impôt recherche. Aucune piste de financement n’est cependant avancée hormis une remise à plat du système des aides sociales existantes pour l’allocation d’autonomie.

Dans la feuille de route de sa première année, cependant, les promesses sont beaucoup plus floues. D’ici l’été, ne reste plus que la promesse d’un décret sur une “caution solidaire” pour permettre aux jeunes d’accéder à la location, que Laurent Wauquiez a déjà testé sous le nom de “passeport logement étudiant” depuis 2011, et l’abrogation de la circulaire Guéant sur les étudiants étrangers.

La visibilité devrait être plus forte à partir de la dernière semaine de juin quand la Cour des comptes aura publié son “Rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques”. Le nouveau président a d’ores et déjà promis un “gel conservatoire d’une partie des dépenses”. La “loi d’orientation et de programmation pour l’Éducation nationale” est prévue dans une fenêtre de tir large allant d’août 2012 à juin 2013. C’est elle qui devrait notamment jeter les bases des nouvelles “Écoles supérieures du professorat et de l’éducation” pour former les enseignants.

Dans l’agenda de l’été, on trouve bien le projet d’une conférence nationale pour la croissance et l’emploi à la mi-juillet et le débat national sur la transition énergétique mais point d’Assises du supérieur. En revanche, avant fin septembre, chaque ministre devra avoir pondu un projet pluriannuel de simplification des services et des opérateurs sous sa tutelle.

C’est bien le nerf de la guerre qui sera au centre de la prochaine mandature. Le quinquennat Sarkozy aura vu une notable augmentation des moyens de fonctionnement (entre 5 et 6 milliards d’euros selon le rapport sénatorial Adnot) et d’investissement (plus de 25 milliards d’euros) en faveur des universités, même si la tendance s’est contredite en fin de période et même si cela a donné lieu à une intense mise en concurrence des campus. Malgré cela, la France reste l’un des pays qui dépense le moins pour ses étudiants.

Comment François Hollande, dans une période budgétairement contrainte, peut-il inverser la tendance ? Ce ne sera pas le moindre des défis du nouveau président. Je rappelle dans “Le Grand Chambardement” qu’il était un des seuls à critiquer l’Opération Campus, expliquant que l’argent de la privatisation partielle d’EDF aurait été mieux employé à désendetter la France. Je raconte aussi comment, pendant l’avant-campagne, il était favorable à une augmentation progressive des droits de scolarité, contre une remise à plat des aides sociales… une mesure que les présidents d’universités appellent aujourd’hui de leurs vœux mais qui constitue encore un tabou puissant.

Entre les promesses de campagne et la realpolitik, la marge de manœuvre sera étroite. A quelques mois de la rentrée universitaire, cela ne présage pas en tous cas au nouveau président un très long état de grâce…

> A suivre : dans “Question d’éducation“, sur France Info, Emmanuel Davidenkoff interroge experts et acteurs de l’éducation sur ce qu’ils attendent de François Hollande, du lundi au vendredi à 11h53.

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Une mythologie chasse l’autre

Ainsi donc le quinquennat de François Hollande s’ouvre avec un double hommage aux Tuileries ce mardi à Marie Curie et à une figure française aussi illustre que controversée, Jules Ferry. Que faut-il y lire ?

Le recours à l’histoire est une passion française. François Mitterrand en 1981 avait déposé dans le recueillement une rose au Panthéon sur les tombeaux de Victor Schoelcher, Jean Jaurès et Jean Moulin. Il y a cinq ans, le premier geste de Nicolas Sarkozy avait été un hommage à un jeune fusillé de 17 ans, Guy Môquet, inaugurant un hommage bavard à “l’engagement de la jeunesse pendant les années noires de l’Europe”. Le président sortant avait également déposé des gerbes sous les statues de Georges Clemenceau et Charles de Gaulle sur les Champs Élysées.

Pourquoi Ferry ? Pendant la campagne de 2007, Nicolas Sarkozy s’était plu à convoquer le fondateur de la “République des instituteurs”. Juste avant le premier tour, le 29 avril, à Bercy, il l’enrôlait même : “Voyez comme l’héritage de Mai 68 a liquidé l’école de Jules Ferry, qui était une école de l’excellence, une école du mérite, une école du respect, une école du civisme, une école qui voulait aider les enfants à devenir adultes et non à rester de grands enfants, une école qui voulait instruire et non infantiliser, parce qu’elle avait été construite par de grands républicains qui avaient la conviction que l’ignorant n’est pas libre”…

L’hommage de mardi marque sans doute une volonté de rebâtir le panthéon de gauche avec celui qui a rendu l’instruction obligatoire, gratuite, laïque et exclusivement en langue française, par les lois de 1881 et 1882. Et qu’importe que Ferry se soit autant méfié des idées socialistes et anarchistes que de la droite monarchiste. Qu’importe aussi que l’école de la IIIe République, puissant moteur de l’ascenseur social, ne soit sans doute pas la meilleure référence en matière de pédagogie en 2012…

Qu’importe enfin que Ferry soit aussi le chantre de la colonisation, celui qui déclare à la tribune de l’assemblée nationale, le 28 juillet 1885 qu’”il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures”, ce qui lui vaut une réponse cinglante de… Clemenceau deux jours plus tard. Clemenceau-Ferry, la bataille des symboles fait rage. Même si l’usage public de l’histoire s’accommode toujours mal de la complexité…

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Note de lecture

L’université française : une nouvelle autonomie, un nouveau management. – C’est une somme que viennent de publier les Presses universitaires de Grenoble. Un septennat après la Réglementation des managements des universités françaises, cette nouvelle édition prend le temps de la distance et du recul. Ce n’est pas le moindre de ses mérites, sur un sujet souvent traité de manière épidermique dans la production éditoriale.

Les meilleurs spécialistes français de la question (et les principaux décideurs, tous secteurs confondus) ont été mobilisés pour brosser le tableau du nouveau paysage universitaire, dans ses moindres détails.

Un ouvrage absolument indispensable à quiconque aspire aux responsabilités au sein de ce système en mouvement ou compte tirer partie des “compétences élargies” désormais octroyées par le législateur.

Pierre Balme, Jean-Richard Cytermann, Michel Dellacasagrande, Jean-Louis Reffet, Pierre Richard, Damien Verhaeghe, Presses Universitaires de Grenoble, avril 2012

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La tête déjà dans l’après…

Le premier tour n’était pas encore passé que déjà les états-majors des deux principaux compétiteurs fourbissaient leurs armes pour promouvoir leur écurie. A gauche, c’est Michel Destot qui était à la manœuvre. Le député-maire de Grenoble préside le cercle réformiste “Inventer à gauche” sous le patronage de Michel Rocard. Fin mars, il a organisé une rencontre sur le thème de l’enseignement supérieur et de la recherche, avec le Monsieur Université de l’équipe de campagne de François Hollande et lui-même ancien universitaire : le député (fabiusien) Alain Claeys. Un essai récapitulant les principales conclusions devrait sortir d’ici quelques jours. On y retrouvera les préconisations aujourd’hui largement partagées au parti socialiste : “un contrat d’autonomie entre l’Etat stratège, l’Université et les Territoires” tout en promouvant “l’attractivité universitaire par l’excellence” ainsi qu’une vaste réforme de “l’orientation des élèves pour en finir avec l’échec du premier cycle universitaire”.

A droite, l’un des plus actifs aura été le ministre (juppéiste) délégué au logement, Benoist Apparu. L’ancien rapporteur de la loi Pécresse à l’Assemblée nationale multiplie les cercles de réflexion. Après avoir tenté de ranimer le Club89, il a lancé “Chapitre 2012” avec 12 autres responsables politiques de la majorité, pour alimenter le projet du président-candidat. La contribution d’Apparu ouvre l’ouvrage et en donne le ton : “Au commencement sera l’école“. Il préconise notamment de fusionner l’école primaire et le collège, de mettre en place un deuxième cycle deuxième cycle, “destiné à former les employés et les cadres moyens dont notre société a besoin”, comprenant le lycée, le cycle licence et l’enseignement professionnel et de parachever le tout avec un cycle d’enseignement supérieur long (master et doctorat).

Derrière cet activisme, c’est aussi la bataille des maroquins qui commence à sourdre, comme si les têtes étaient déjà dans l’après-deuxième tour…

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La capitale veut développer une marque “université de Paris”

La ville de Paris veut rendre plus visible son campus. Éclatés entre de nombreux sites, répartis en de nombreux PRES dont les noms évoluent, les campus parisiens accueillent plus de 320 000 étudiants et 16 000 chercheurs et enseignants-chercheurs. Mais cette effervescence est peu lisible sur le territoire.

Depuis un an, une grande consultation a donc été lancée avec le concours du groupement AUC/ Jean-Pierre Charbonneau/ NoDesign, sous la houlette de l’architecte et urbaniste Djamel Klouche. L’équipe pluridisciplinaire a réuni également trois consultants et trois universitaires : l’équipe de graphistes Encore, l’économiste et géographe Frédéric Gilli, Olivier Mongin, directeur de la revue Esprit ainsi que Béatrice Fraenkel, directrice d’étude à l’EHESS, Sophie Pene, directrice de la recherche à l’ENSCI et Michel Lussault, président du PRES Université de Lyon.

Sept propositions viennent d’être formulées sur la visibilité des sites universitaires, l’aménagement des abords des sites ou la gestion des temps étudiants dans la ville autour de deux grands axes structurants. En discussion notamment un label et un logo « UP » (Universités de Paris) pour unifier la signalétique, comme la NYU à New York.

La mairie a d’ores et déjà annoncé que “tous les projets évoqués dans le rapport ne pourront pas être réalisés, malgré tout l’intérêt qu’ils présentent” mais un grand débat public est d’ores et déjà lancé jusqu’en octobre prochain. Les premières décisions seront arrêtées début 2013. A quelques mois des municipales.

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L’université fait-elle une élection ?

Concordance des temps ? En 1981, Valéry Giscard d’Estaing parlait déjà de la France forte. Sur l’affiche, pas de mer mais un décor futuriste d’usines alors que la crise pétrolière commence ses ravages sur l’industrie française. Le président a choisi de miser sur l’enseignement supérieur avec une ministre de choc, souvent désignée par son seul prénom : “Alice”.

Madame Saunier-Seïté est surtout connue pour avoir fait raser les bâtiments de la turbulente université de Vincennes (Paris 8), transférée à Saint-Denis.

La secrétaire d’Etat puis ministre des Universités de 1976 à 1981 a connu un mandat aussi long que Valérie Pécresse.

Et comme elle, “Alice” a porté une réforme au nom de la professionnalisation des études du supérieur (expliquée ici dans une vidéo d’époque), qui a donné lieu au plus long mouvement étudiant depuis 1968.

En 1981, l’arrêté n’a pas été retiré mais il a laissé des traces. Le Mouvement des jeunes socialistes raille le président et sa ministre en couple de loubards. L’affiche en noir et blanc, pleine de badges colorés, porte ce slogan : “les vrais casseurs de l’université”…

> La semaine prochaine : les “think-tank” lèvent les derniers tabous

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Les universitaires en première ligne

La réouverture du débat sur le bilan du quinquennat Sarkozy a de nouveau libéré la parole universitaire, lestée par l’échec du long conflit social de 2009. Et la communauté ne s’en prive pas ! A visage découvert, les opposants à la LRU tentent de reprendre de la voix. Un “Appel de l’enseignement supé­rieur et de la recherche aux can­di­dats à l’élection pré­si­den­tielle et aux citoyens”, lancé le 23 février deman­de notam­ment de “rem­pla­cer” la LRU. Les termes ont leur importance et ce “remplacement” a donné lieu à une belle foire d’empoigne avec les partisans de l’”abrogation”.

Même détermination et même prudence de vocabulaire chez le principal syndicat du supérieur, le Snesup, qui appelle à une “rupture profonde” des politiques et des mesures “immédiates”.

Le groupe toujours anonyme Marc-Bloch fait quant à lui sept propositions pour une “nouvelle université” qui vise à concilier un “service public conquérant” et un soutien de “toutes les excellences”.

Dans la même veine, le syndicat étudiant Unef a adressé aux candidats 10 propositions concrètes “à mettre en œuvre au lendemain des élections” après avoir lancé il y a un mois une campagne en faveur d’une allocation autonomie “pour tous les jeunes”.

Mais du côté des organisations étudiantes, le début d’année a surtout été occupé à ferrailler contre la circulaire Guéant, sur la “maîtrise de l’immigration professionnelle”, qui pour nombre d’étudiants étrangers en fin de cursus a conduit à des refus massifs de changement de statut.

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Les “think-tank” lèvent les derniers tabous

L’autonomie sans les moyens, voici le principal reproche que les opposants à la réforme tentent de faire entendre. Mais en ces temps de disette budgétaire, les propositions dont on discute le plus dans cette campagne tournent surtout autour de l’augmentation des droits de scolarité. La proposition, lancée par le think-tank de gauche Terra Nova, n’est plus aujourd’hui taboue. Elle est même vue comme un moyen de lutter contre le système français anti-redistributif où le financement par l’impôt avantage surtout les plus riches qui constituent la majorité de ceux qui se destinent à l’enseignement supérieur. Rien de nouveau sur le soleil puisque Laurent Schwartz évoquait déjà la question en… 1981, comme le rappelle l’Institut Montaigne. La “démocratisation du savoir” a également fait l’objet d’un colloque de la République des idées en 2009, que l’on peut réécouter en ligne.

“Les effets redistributifs du financement de l’enseignement supérieur”, le thème fait décidément florès, y compris au colloque de Marseille de la Conférence des présidents d’université : depuis plus d’un an, la conférence a engagé une réflexion sur la question, sous le présidence de Louis Vogel, lui aussi favorable à une progressivité des droits d’inscription, comme il l’a expliqué aux Echos.

Autre tabou : la sélection. Rares sont ceux qui comme la Fondation pour l’innovation politique, prônent “le droit à la sélection, avec toutes les rétributions qui l’accompagnent”. Si cette “révolution de la responsabilité” n’est pas véritablement au centre de la campagne, elle pose en tous cas en des termes singuliers la question de l’égalité, qu’avait également soulevée les Refondateurs.

Enfin l’Institut Thomas-More, dans le cadre de son programme “2012 : changeons de modèle” a établi un intéressant comparatif France-Allemagne où il apparaît que la dépense administrative est presque trois fois supérieure de ce côté-ci… et que les salaires des profs y sont inférieurs de plus d’un tiers à l’Allemagne en moyenne !

> la semaine prochaine : les universitaires et l’université

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Universités : le palmarès des années Sarkozy

Beaucoup de lecteurs du “Grand Chambardement” m’ont demandé de revenir, de la manière la plus simple possible, sur la nouvelle donne au sein de  l’université française. Comment résumer les cinq années Sarkozy dans le supérieur à l’usage de ceux qui n’y comprennent plus rien ? J’ai repris pour ce faire la chronique démarrée dans le livre. Compilé les chiffres et les faits : les universités qui se sont mobilisées dès l’annonce de l’”Opération Campus” (quelques mois après l’élection de Nicolas Sarkozy) et la promesse de ses cinq milliards d’euros; celles que l’on attendait et qui n’ont pas été choisies; celles que l’on n’attendait pas. Celles aussi qui ont pris le train en marche. Celles qui ont tenté, en vain. Celles qui n’ont même pas tenté aussi. J’ai fait de même pour les deux vagues des Initiatives d’Excellence (8,7 nouveaux milliards) et pour les deux vagues des Laboratoires d’excellence (1 milliard). On aurait pu continuer la liste mais on s’est contenté de la distribution de ces presque 15 milliards d’euros. Le processus dont on a ici la photographie partielle et subjective est encore en train de s’opérer. Il présente les nouveaux regroupements, qui continuent à se former. Il y a sans doute des erreurs dans cette liste (les lecteurs peuvent les signaler en commentaires). Ce bilan-là, brut et factuel, du quinquennat Sarkozy n’existait pas. Faut-il préciser que la valeur des établissements n’est évidemment pas en jeu ici ?

1. L’Université de Strasbourg, arrive en tête des principaux bénéficiaires du quinquennat avec un sans-faute : réunifiée depuis 2009, elle a touché 375 M€ au 1er tour de l’Opération Campus en novembre 2008 (dotation en février 2009) et lauréate des premières Initiatives d’Excellence (750 M€). Un projet de rattachement avec l’Université de Haute-Alsace (qui n’a pas postulé sur l’Opération Campus en 2008/2009) est actuellement en cours. La région Alsace héberge 11 Laboratoires d’Excellence.

2. Université de Bordeaux, dont le regroupement (Pôle de recherche et d’enseignement supérieur, PRES) des 4 universités, de l’Institut polytechnique de Bordeaux et de Sciences Po Bordeaux a été reconnu dès 2007, s’est vu promettre 475 M€ au 1er tour de l’Opération Campus, en novembre 2008 (dotation en mai 2009) et 700 M€ dès les premières Initiatives d’Excellence. Un rapprochement avec l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, recalée de l’Opération Campus en février 2009, est ébauché. La région Aquitaine héberge par ailleurs 5 Laboratoires d’Excellence.

3. Paris Sciences et Lettres (Quartier Latin) est le regroupement parisien le plus en pointe. Reconnu en 2010, il réunit Paris Dauphine (recalé de l’Opération Campus en son nom propre en novembre 2008), l’Ecole Normale Supérieure (recalée de l’Opération Campus en novembre 2008 avec le projet Paris Montagne Sainte-Geneviève Sciences et lettres et en février 2009 avec le projet Paris Campus Quartier Latin), ENSCP ParisTech, ESPCI ParisTech (recalée de l’Opération Campus en novembre 2008 avec le projet Paris Montagne Sainte-Geneviève Sciences et lettres), l’ENSAD, l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts, le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique, le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, le Collège de France (recalé de l’Opération Campus en novembre 2008 avec le projet Paris Montagne Sainte-Geneviève Sciences et lettres et en février 2009 avec le projet Paris Campus Quartier Latin), l’Observatoire de Paris (recalé de l’Opération Campus en février 2009 avec le projet Campus universitaire Paris-Centre), l’Institut Curie (recalé de l’Opération Campus en novembre 2008 avec le projet Paris Montagne Sainte-Geneviève Sciences et lettres) et l’Institut Louis Bachelier. Lauréat de 70 M€ au 2e tour de l’Opération Campus en février 2009 (mais la dotation n’a été annoncé qu’en avril 2011), il a brillé aux premières Initiatives d’Excellence (750 M€). PSL revendique par ailleurs 15 Laboratoires d’excellence.

4. Le Campus de Saclay (qui préfigure une Université Paris-Saclay) aurait pu figurer en tête de cette liste, avec le montant brut le plus important toutes catégories confondues. Mais il pâtit d’une gestation pour le moins chaotique et de sélections bien souvent hors normes. Il doit attendre le 2e tour de l’Opération Campus en février 2009 (dotation en mai 2009) pour être retenu sur le fil. Recalé aux premières Initiatives d’excellence, il perçoit tout de même… 1 milliard d’euros de manière dérogatoire dans le cadre des Investissements d’avenir. Il recandidate quelques mois plus tard et se retrouve lauréat des secondes Initiatives d’excellence. Le campus regroupe Paris 11 (recalée de l’Opération Campus en son nom propre et avec UniverSud en novembre 2008), Agro ParisTech, Ecole Centrale Paris (recalée de l’Opération Campus en son nom propre et avec UniverSud en novembre 2008), ENSAE, ENSTA, Ecole polytechnique, HEC, Mines ParisTech, ENS Cachan (recalée de l’Opération Campus en son nom propre et avec UniverSud en novembre 2008), Supélec (recalée de l’Opération Campus en son nom propre avec UniverSud en novembre 2008), Institut d’optique, Institut Telecom, le CEA, le CNRS, l’INRA, l’INRIA, l’ONERA, l’IHES, « Sytem@tic ». ParisTech (recalé de l’Opération Campus avec les projets Campus Paris Est et Paris Montagne Sainte-Geneviève Sciences et lettres en novembre 2008) et UniverSud Paris dont font notamment partie l’Université d’Evry Val d’Essonne et l’Université Versailles-Saint-Quentin (toutes les deux recalées de l’Opération Campus en leur nom et avec UniverSud en novembre 2008) sont également associés au projet. Le Campus de Saclay est par ailleurs à l’origine de 11 Laboratoires d’excellence.

5. Sorbonne Universités est le deuxième regroupement de Paris intra-muros de cette liste. Le PRES a été reconnu en 2010. Il regroupe Paris 2 (recalée de l’Opération Campus en novembre 2008 avec le projet Paris Universitas), Paris 4 (recalée de l’Opération Campus en novembre 2008 avec le projet Paris-Centre et en février 2009 avec le projet Paris Campus Quartier Latin), Paris 6 (recalée de l’Opération Campus en novembre 2008 avec le projet Paris-Centre et en février 2009 avec le projet Paris Campus Quartier Latin), mais aussi le Muséum National d’Histoire Naturelle (recalé de l’Opération Campus en novembre 2008 avec le projet Paris Montagne Sainte-Geneviève Sciences et lettres), l’Université technologique de Compiègne (recalée de l’Opération Campus en novembre 2008), l’Institut européen d’administration des affaires, le CNRS, l’INSERM et l’IRD. Il a reçu 130 M€ au 2e tour de l’Opération Campus en février 2009 (mais la dotation n’a été formalisée qu’en avril 2011). Présélectionnée aux premières Initiatives d’excellence, il n’est sélectionné qu’au deuxième tour. Sorbonne Universités revendique par ailleurs 10 Laboratoires d’excellence de la première vague.

6. Université de Toulouse est un PRES reconnu en 2007 qui réunit notamment l’Institut National Polytechnique de Toulouse, l’Institut National de Sciences Appliquées, et l’Institut Supérieur de l’Aéronautique et de l’Espace. Il s’est vu promettre 350 M€ au 1er tour de l’Opération Campus en novembre 2008 (dotation en septembre 2009) avec une rallonge de 175 M€ pour la rénovation de Toulouse 2 en septembre 2009. Présélectionné aux premières Initiatives d’excellence, il est lauréat aux secondes seulement. Le PRES doit faire face à une intersyndicale opposée au projet. La région héberge par ailleurs 9 Laboratoires d’Excellence.

7. Sorbonne Paris Cité est le troisième PRES de Paris intra-muros reconnu en 2010 et regroupe Paris 3 (recalée de l’Opération Campus en novembre 2008 avec le projet Paris-Centre et en février 2009 avec le projet Paris Campus Quartier Latin), Paris 5 (recalée de l’Opération Campus en novembre 2008 avec le projet Paris-Centre et en février 2009 avec le projet Campus universitaire Paris-Centre), Paris 7 (recalée de l’Opération Campus en novembre 2008 avec le projet Paris-Centre et en février 2009 avec le projet Campus universitaire Paris-Centre), Paris 13 mais aussi l’Institut national des langues et des civilisations orientales, l’Ecole des hautes études en santé publique, l’Institut de Physique et du Globe de Paris (recalé de l’Opération Campus en février 2009 avec le projet Campus universitaire Paris-Centre), l’Institut d’Etudes Politiques de Paris (recalé de l’Opération Campus en février 2009 avec le projet Campus universitaire Paris-Centre), le CNRS, l’INSERM, l’Inria, le CEA, l’INED, l’IRD, ainsi que l’AP‐HP. Lauréat de 200 M€ au 2e tour de l’Opération Campus en février 2009 (mais la dotation ne s’est formalisée qu’en février 2010), Sorbonne Paris Cité a été recalée aux premières Initiatives d’excellence avant d’être finalement sélectionnée pour les secondes. Le projet est porteur par ailleurs de 9 Laboratoires d’excellence.

8. Aix-Marseille Université a fusionné en début d’année. Il a touché 500 M€ au 2e tour de l’Opération Campus en février 2009 (dotation en mai 2009). Recalé aux premières Initiatives d’excellence, il est finalement lauréat des secondes. La Provence héberge par ailleurs 7 Laboratoires d’Excellence.

9. Université de Lyon est un PRES reconnu très tôt, en 2007, qui regroupe l’Ecole Normale Supérieure de Lyon, l’Ecole Normale Supérieure Lettres et Sciences Humaines, l’Ecole Centrale de Lyon. Un “concurrent” de taille l’a rejoint : Saint Etienne, recalé de l’Opération Campus en novembre 2008. Université de Lyon a touché 575 M€ dès le 1er tour de l’Opération Campus en novembre 2008 (dotation en janvier 2009), mais n’a pas réussi à concrétiser après ce démarrage en trombe. Présélectionné aux Initiatives d’excellence il n’a été choisi par le jury ni à la première ni à la seconde vague. Le gouvernement a cependant promis un “soutien particulier” en forme de rattrapage. Le Lyonnais et le Forez hébergent par ailleurs 13 Laboratoires d’Excellence.

10. Université de Grenoble est un PRES reconnu en 2009, qui regroupe notamment l’Institut national polytechnique de Grenoble et l’Institut d’Etudes politiques de Grenoble, auxquels s’est rattachée l’Université de Savoie en 2010 (laquelle n’a pas postulé à l’Opération Campus en 2008/2009). Le PRES a remporté 400 M€ au 1er tour de l’Opération Campus en novembre 2008 (dotation en juillet 2009). Mais la convention de transfert de cette dotation en capital, la première du genre, n’a été signée que le 21 février… 2012 ! Présélectionné aux Initiatives d’excellence il n’a été choisi par le jury ni à la première ni à la seconde vague. L’Isère et la Savoie hébergent par ailleurs 16 Laboratoires d’Excellence.

11. Université de Montpellier Sud de France est un PRES reconnu en 2009 qui regroupe notamment Montpellier 1, 2 et 3. Lauréat surprise dès le premier tour de l’Opération Campus en novembre 2008, il perçoit 325 M€ (dotation en mai 2009). Il est en revanche recalé aux premières Initiatives d’excellence (avec un projet porté par Montpellier 3 seulement) et aux secondes et a dû mal à rendre crédible son objectif de préparer la fusion des universités. La région héberge par ailleurs 4 Laboratoires d’Excellence.

12. Hésam, Hautes Études-Sorbonne-Arts et Métiers est le quatrième PRES de Paris intra-muros, reconnu en 2010. Il regroupe Paris 1, le Conservatoire national des arts et métiers, l’Ecole des hautes études en sciences sociales, l’Ecole française d’Extrême-Orient, l’Ecole nationale des chartes, l’Ecole nationale supérieure de création industrielle, l’Ecole nationale supérieure d’arts et métiers, l’Ecole pratique des hautes études, l’ESCP Europe et en membres associés l’Ecole nationale d’administration et l’Institut national d’histoire de l’art et l’Institut national du patrimoine. Lauréat de 100 M€ au 2e tour de l’Opération Campus en février 2009 (la dotation ne sera formalisée qu’en avril 2011), il est recalé des premières puis des secondes Initiatives d’excellence sous le nom « Paris Novi Mundi Université ». Le gouvernement lui a cependant promis un “soutien particulier” en forme de rattrapage. Hésam est par ailleurs porteur de 8 Laboratoires d’excellence.

13. Campus Condorcet Paris-Aubervilliers regroupe Paris 1, Paris 8 (recalé de l’Opération campus en novembre 2008), Paris 13, l’Ecole des hautes études en sciences sociales, l’Ecole pratique des hautes études et l’Ecole des Chartes. Ils ont été rejoints par l’Ecole d’économie de Paris, l’Institut National d’Études Démographiques, le CNRS et la Fondation Maison des Sciences de l’Homme. Très soutenu par Valérie Pécresse, le projet se retrouve lauréat au 2e tour de l’Opération Campus en février 2009 (dotation de 450 M€ en septembre 2009). Il n’a pas candidaté aux Initiatives d’excellence.

14. Université du grand ouest parisien est l’un des derniers PRES reconnus (en 2012) qui réunit notamment l’Université Versailles-Saint-Quentin (recalée de l’Opération Campus en son nom et avec UniverSud en novembre 2008 mais lauréate avec le Campus Paris-Saclay en février 2009) et l’Université Cergy-Pontoise Val d’Oise (recalée de l’Opération Campus en novembre 2008 mais dotée de 20M€ comme « Campus innovant » en novembre 2008 et non candidate en février 2009). Aucune n’a postulé aux Initiatives d’excellence. L’UVSQ revendique par ailleurs 8 Laboratoires d’Excellence.

15. Université de Lorraine a fusionné en 2012 l’université de Nancy et celle de Metz. Recalée de l’Opération Campus en novembre 2008 et février 2009, elle a bénéficié d’un rattrapage inopiné à la faveur du plan de relance de juin 2009 avec 70 M€. Elle a également été recalée aux premières Initiatives d’excellence ainsi qu’aux secondes. La Lorraine héberge par ailleurs 6 Laboratoire d’Excellence.

16. Université Lille Nord de France a été reconnu en 2009 et réunit les universités de Lille (recalées de l’Opération Campus en novembre 2008 et en février 2009 mais dotées de 110 M€ dans le cadre du plan de relance en septembre 2009), l’Université de Valenciennes (recalé de l’Opération Campus en son nom propre en novembre 2008 mais doté de 20 M€ comme « Campus innovant » en novembre 2008), l’Université d’Artois et l’Université du Littoral. Le regroupement a été recalé aux premières Initiatives d’excellence et aux secondes (avec un projet centré sur Lille). Le Nord-Pas-de-Calais, pris entre la tentation d’un pôle régional fort et d’une confédération plus large avec des universités de proximité, héberge par ailleurs 5 Laboratoires d’Excellence.

17. Le PRES Paris Est, reconnu en 2007, a été doté de 50 M€ comme « Campus prometteur » en novembre 2008. Il réunit Paris 12 et l’Université de Marne-la-Vallée (recalées de l’Opération Campus en novembre 2008 et février 2009 avec le projet Campus Est puis Paris-Est). Le PRES a été recalé aux premières Initiatives d’excellence et aux secondes. Par ailleurs, Paris Est héberge 6 Laboratoires d’excellence.

18. L’Université européenne de Bretagne, reconnue en 2007, s’est fait recaler de l’Opération Campus en novembre 2008 et n’a pas postulé en février 2009. Elle a toutefois perçu 30 M€ comme « Campus prometteur » en novembre 2008. Nouvelle déconvenue aux premières Initiatives d’excellence (porté par elle) et aux secondes, où elle proposait une candidature commune avec l’UNAM, Université Nantes Angers Le Mans (reconnue en 2008) qui comprend, comme son nom l’indique, l’Université de Nantes (recalée de l’Opération Campus en novembre 2008 et en février 2009 mais dotée de 30 M€ comme « Campus prometteur » en novembre 2008), l’Université du Maine (recalée de l’Opération Campus en novembre 2008 et non candidate en février 2009) et l’Université d’Angers (recalée de l’Opération Campus en novembre 2008 et non candidate en février 2009). La Bretagne héberge par ailleurs 5 Laboratoires d’Excellence et les Pays de la Loire trois.

19. Le PRES Bourgogne Franche-Comté, reconnu en 2010, réunit l’Université de Bourgogne (recalée de l’Opération Campus en novembre 2008 et février 2009, mais doté de 20M€ comme « Campus innovant » en novembre 2008) et l’Université de Franche-Comté (recalée de l’Opération Campus en novembre 2008 et non candidate en février 2009). Le PRES s’est fait recaler aux premières Initiatives d’excellence comme aux secondes. Les deux régions portent chacune un Laboratoire d’excellence.

20. Clermont Université, reconnu en 2008, n’a pas été sélectionné lors de l’Opération Campus en novembre 2008 et février 2009 mais a tout de même reçu 30 M€ comme « Campus prometteur » en novembre 2008. Il n’a pas candidaté aux Initiatives d’excellence. Clermont-Ferrand héberge par ailleurs 5 Laboratoires d’Excellence.

Nice-Sofia Antipolis, recalée de l’Opération Campus en novembre 2008 et en février 2009 mais dotée de 30 M€ comme « Campus prometteur » en novembre 2008, n’a pas candidaté aux Initiatives d’excellence. Le campus héberge par ailleurs 2 Laboratoires d’Excellence.

Paris 10, recalée de l’Opération Campus en novembre 2008 et non candidate en février 2009, n’a pas postulé non plus aux premières Initiatives d’excellence et s’est faite recaler aux secondes pour son projet de « Cité intelligente du futur 2440 ».

Normandie Université, PRES reconnu seulement en 2011, regroupe l’Université du Havre (recalée de l’Opération Campus en novembre 2008 et en février 2009 mais dotée de 20 M€ comme « Campus innovant » en novembre 2008), lUniversité de Rouen (recalée de l’Opération Campus en novembre 2008 et février 2009) et l’Université de Caen (recalée de l’Opération Campus en novembre 2008 et non candidate en février 2009), qui ont eu du mal à se réunir. Aucune n’a candidaté aux Initiatives d’excellence. Par ailleurs, la Normandie héberge un seul Laboratoire d’Excellence.

Centre – Val de Loire Université, reconnu en 2010, réunit l’Université d’Orléans (recalée de l’Opération Campus en novembre 2008 et non candidate en février 2009) et l’Université de Tours (qui n’a pas postulé du tout sur l’Opération Campus). Aucune n’a candidaté non plus aux Initiatives d’excellence. Le Centre héberge par ailleurs deux Laboratoires d’Excellence, à Orléans.

Le PRES Limousin Poitou-Charentes, reconnu en 2009, réunit l’Université de Limoges (recalée de l’Opération Campus en novembre 2008 et non candidate en février 2009), l’Université de Poitiers (recalée de l’Opération Campus en novembre 2008 et non candidate en février 2009) et l’Université de La Rochelle (recalée de l’Opération Campus en février 2009 pour laquelle elle n’avait pas postulé en novembre 2008). Aucune n’a candidaté aux Initiatives d’excellence. Dans les deux régions, Limoges héberge un seul Laboratoire d’Excellence et Poitiers un autre. L’Université de Reims Champagne-Ardenne (recalée de l’Opération Campus en novembre 2008 et non candidate en février 2009), l’Université de Picardie (recalé de l’Opération Campus en février 2009 pour laquelle elle n’avait pas postulé en novembre 2008) et l’Université de Mons en Belgique ont signé une convention de coopération le 11 octobre 2011. Aucune n’a candidaté aux Initiatives d’excellence et aucune n’héberge de Laboratoire d’Excellence en propre.

L’Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse, recalée de l’Opération Campus en novembre 2008 et février 2009), n’a pas candidaté aux Initiatives d’excellence, tout comme Corte et l’Université du Sud-Toulon-Var. Antilles-Guyane (recalée de l’Opération Campus en novembre 2008 et non candidate en février 2009), n’a pas non plus candidaté aux Initiatives d’excellence. (recalé de l’Opération Campus en novembre 2008 et février 2009). Par ailleurs, Avignon et Cayenne hébergent chacune 1 Laboratoire d’excellence. Toulon et Corte n’en hébergent aucun ni ne participent à un projet en réseau.

L’Université de Perpignan Via Domitia (qui n’a pas postulé sur l’Opération Campus en 2008/2009) est engagée dans un processus de création d’un PRES transfrontalier « Pyrénées Méditerranée ». Elle n’a pas candidaté aux Initiatives d’excellence. Perpignan héberge un Laboratoire d’excellence et Banyuls-sur-mer un autre.

L’Université de Nîmes n’a pas postulé sur l’Opération Campus en 2008/2009. Elle n’a pas non plus candidaté aux Initiatives d’excellence. La configuration est exactement la même pour la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie et La Réunion. Aucune n’héberge de Laboratoire d’excellence en propre, même si les trois dernières participent à des projets en réseau.

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Les politiques et l’université

Alors que la campagne officielle va être lancée le 9 avril et comme il l’avait fait pour les primaires socialistes, Universitas commence aujourd’hui sa couverture de l’élection reine de la Ve République. Les propositions sur l’éducation au sens large et l’enseignement supérieur en particulier sont très présentes. Le site Sauvons la recherche a mis au point un comparatif des propositions des candidats pour s’y repérer.

Mais c’est aussi sur le bilan du quinquennat que le président sortant sera jugé. Si les Français sont majoritairement favorables au principe d’autonomie (y compris chez les sympathisants socialistes, les Verts et les apolitiques), la loi phare de Nicolas Sarkozy sur les universités peine, elle, à convaincre, de son “succès”, comme le proclame pourtant dans Libération Françoise Guégot, la secrétaire nationale de l’UMP en charge de l’enseignement supérieur.

Pour 58 % des personnes interrogées, les budgets des universités n’ont par exemple pas été assez augmentés, selon le sondage Ipsos sur l’image des universités pour EducPros et Campus communication. “Il existe un décalage entre la perception des Français et la réalité” estime le ministre Laurent Wauquiez.

Thomas Piketty, directeur d’études à l’EHESS et professeur à l’Ecole d’économie de Paris revient, lui, sur ce qu’il nomme “les mensonges de Sarkozy” concernant notamment l’augmentation des moyens des universités. Un débat récurrent ces derniers mois, et qui a pris un tour politique lors de la discussion du budget 2012 au sénat, passé à gauche.

Le rapport spécial de Philippe Adnot au nom de la commission des finances estimait que loin des 9 milliards promis, le “montant effectif des augmentations de moyens paraît plus proche de 5 milliards d’euros”.

> La semaine prochaine : l’université fait-elle une élection ?

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Le vrai-faux rattrapage de deux recalés de l’excellence

Le candidat Nicolas Sarkozy en est persuadé : son quinquennat aura permis d’en finir avec l’égalitarisme français dans l’enseignement supérieur. Après un (très) complexe processus, des jurys internationaux ont donc déterminé les campus sur qui se déversera un jour la manne des “Investissements d’Avenir”, le grand emprunt Sarkozy.

Initiatives d’excellence (Idex), Laboratoires d’excellence (Labex), Équipements d’excellence (Equipex), le nouvelle France universitaire (sur laquelle Universitas aura l’occasion de se pencher prochainement) a des fleurons qui se comptent sur les doigts de… allez… deux mains.

Telle elle a été voulue, telle elle a été mise en œuvre. Ne pas avoir annoncé la couleur n’est pas le reproche principal qu’on puisse adresser au Président en la matière…

Sauf que… la réalité va être tout autre. Le gouvernement Fillon a décidé de reconsidérer deux dossiers. A l’aune de cette logique de l’excellence, c’est plus que contradictoire : presque insultant pour la politique ultra-sélective menée jusque là… et pour le jury international qu’on est impatient d’entendre !

Ce soir, dans l’un de ces communiqués de presse qui tombent à l’heure où les journaux mettent sous presse, le ministère de l’Enseignement supérieur annonce que Lyon/Saint-Etienne et Novi Mundi Université vont bénéficier, je cite, d’un “soutien particulier”.

Certes, explique encore cette alambiquée communication, “le jury a décidé de sélectionner les projets ayant recueilli deux tiers de votes positifs”, ce qui est loin d’être le cas de ces deux-là. Mais le premier ministre a néanmoins demandé au ministre “d’étudier le plus rapidement possible les moyens de reconnaître la très grande qualité de ces deux projets”.

Diantre… Comment reconnaître une très grande qualité à des projets que le jury n’était apparemment pas particulièrement en veine de souligner ? Rien de moins qu’en revenant sur leur décision souveraine : “Les deux projets sont sur le chemin d’une possible labellisation Idex” à échéance de trois années. Mieux, “après information du parlement, il leur sera apporté des moyens financiers” supplémentaires (on sera curieux de savoir combien) s’ils arrivent à définir des “jalons concrets à atteindre pour aboutir à la gouvernance rénovée annoncée”.

On a déjà souligné ici même, combien ces “Investissements d’avenir” portaient en eux les germes d’un grand chambardement de l’université française. De la même manière qu’on avait rattrapé Lille et la Lorraine pour l’Opération Campus en juin 2009 (sans leur donner toutefois de dotation en capital comme les autres lauréats), on change donc une nouvelle fois les règles du jeu après la partie.

A l’époque, neuf mois avant les régionales de 2010, c’était passé dans l’épaisseur du trait d’un “plan de relance”. Aujourd’hui, deux mois avant la présidentielle, quoi qu’on pense par ailleurs de la qualité de ces deux projets et quoi qu’on pense surtout de cette politique là, le procédé ressemble à s’en méprendre à une grosse ficelle.

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Les Initiatives d’excellence se limitent à cinq régions

Le premier ministre François Fillon a annoncé aujourd’hui à Bordeaux les cinq lauréats de la deuxième vague des “Initiatives d’excellence” (les désormais fameuses “Idex”) du programme des “Investissements d’avenir”, le grand emprunt Sarkozy.

Les nouveaux lauréats sélectionnés par un jury international sont l’université d’Aix-Marseille, l’université de Toulouse, l’incontournable campus Paris-Saclay autour de Paris 11 et les deux regroupements parisiens Sorbonne Université (Paris 2, 4 et 6) et Sorbonne Paris Cité (Paris 3, 5, 7 et 13).

Ces cinq projets complètent la première vague qui avait récompensé les projets de l’université de Strasbourg (dotée de 750 millions d’euros), de Bordeaux (700 millions) et le projet Paris Sciences et Lettres, qui regroupe douze grandes écoles et l’Université Paris-Dauphine (750 millions).

Qu’en retenir ? D’abord que la nouvelle carte de l’”excellence” universitaire comprend au jour d’aujourd’hui huit sites et huit sites seulement. Depuis le début du processus, ses promoteurs visaient l’émergence de cinq à dix pôles pluridisciplinaires de rang mondial. A moins d’un troisième tour, évoqué il y a quelques mois, on en resterait à une carte de France excluant des pôles aussi importants que Lyon/Saint-Etienne (finaliste malheureux des deux vagues), Rennes (et le grand ouest) ou le grand Nord (tous les deux même pas présélectionnés dans la deuxième vague) ! La carte des recalés comprend aussi Paris-Est, Nanterre et Hautes Études-Sorbonne-Arts et Métiers (sous le nouveau nom de Paris novi mundi université, avec Paris 1) côté francilien, ainsi que Bourgogne Franche-Comté, Grenoble et l’université de Lorraine en province. Excusez du peu ! Et c’est sans parler des universités qui n’ont pas été pré-sélectionnées ou qui n’ont pas même postulé…

Si on admet que tous les étudiants des universités lauréates vont directement bénéficier des Idex, les huit “excellents” lauréats totalisent 450 000 personnes soit moins d’un étudiant français sur trois. Onze des quinze plus gros campus en nombre d’étudiants ne sont pas concernés : Nantes, Lyon 1 et 2, Paris 10 et 12, Toulouse 3, Lille 2, Caen, Dijon, Nice et Rennes 1. Plus surprenant encore, un tiers des quinze universités françaises en tête du Quacquarelli Symonds World University Ranking n’y figurent pas non plus : Grenoble 1, Montpellier 2, Lille 1, Lyon 1 et Nancy 1…

Deuxième leçon : la nouvelle donne universitaire est une prime aux cumulards. Paris 13 se retrouve deux fois lauréate, à la fois sur les Idex (avec Sorbonne Paris cité) et sur l’Opération campus (le premier gros appel à projets de l’ère Sarkozy), avec le campus Condorcet (doté de 450 millions d’euros) auquel elle participe également. Même chose pour Aix-Marseille (déjà doté de 500 M€ sur l’Opération campus), Bordeaux (475 M), Strasbourg (375 M), Toulouse (350 M), Sorbonne Paris Cité (200 M), Sorbonne Universités (130 M) et Paris Sciences et Lettres (70 M) .

Une palme spéciale pour Paris-Saclay, qui touchera au final 850 M € sur l’opération campus, mais également 1 milliard à la faveur d’un processus complétement dérogatoire dans le cadre des Investissements d’avenir ainsi qu’une nouvelle dotation supplémentaire dont le montant reste à préciser, dans le cadre des Idex !

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Etudiants étrangers : le paradoxe français

C’est ce qui s’appelle un cafouillage gouvernemental. Officiellement, l’objectif est toujours d’accueillir de plus en plus d’étudiants étrangers en France. Depuis le 1er janvier, Campus France, l’agence pour la promotion de l’enseignement supérieur français à l’étranger a été renforcée pour permettre de recruter 75 % d’étudiants aux niveaux master et doctorat et de développer la « mobilité encadrée », deux des objectifs en la matière.

Mais pour renforcer l’attractivité de la France, on a connu mieux… En mai, le ministère de l’Intérieur a publié une circulaire extrêmement restrictive sur la “maîtrise de l’immigration professionnelle”, qui a abouti à des refus massifs des demandes de changement de statut (d’étudiant à salarié) et à un alourdissement des procédures. Certains jeunes embauchés ont même dû quitter le pays purement et simplement.

Un collectif s’est créé, avec une page Facebook particulièrement active et les pétitions pour une “université universelle” se multiplient. En décembre, Laurent Wauquiez le reconnaissait sans ambages : “on s’est plantés”. Cet après-midi, le gouvernement présente une circulaire complémentaire, qui n’annule pas la précédente mais tente d’en atténuer les effets pour les “hauts potentiels”, titulaires au minimum d’un master.

Mais ce n’est pas tout : la loi de finances 2012 a renforcé les taxes pour les titres de séjour. Le renouvellement, gratuit jusqu’en décembre 2008, était compris depuis entre 55 et 70 euros. Depuis le 1er janvier, il peut atteindre jusqu’à… 385 euros. Le dépôt de la demande coûte lui même 110 euros, non remboursables en cas de refus…

Les aberrations du système sont nombreuses. Ainsi, jusqu’à présent les préfets pouvaient délivrer une carte de séjour aux étudiants étrangers non munis d’un visa de long séjour mais entrés régulièrement en France. Mais pas aux ressortissants algériens ni à ceux des États d’Afrique francophone subsaharienne!

Alors qu’un toilettage de la loi aurait été nécessaire pour servir cette ambition, l’attractivité de la France universitaire fait les frais des crispations ambiantes, à un peu plus de cent jours du premier tour de la présidentielle.

MàJ 18 jan. 2011 : Le Sénat a adopté cet après-midi une proposition de résolution initiée par la sénatrice socialiste de Paris Bariza Khiari, qui dénonce “les ravages” pour la France de la circulaire Guéant.