« Caveat princeps scolae » : qu’il se méfie le directeur d’école.

 

 

Une fois encore l’actualité, le départ annoncé de Bernard Belletante  Directeur de Kedge, nous rappelle qu’une institution ne doit pas faire de l’ombre à sa tutelle.

Ce propos complète le précédent sur la gouvernance des institutions d’enseignement supérieur.

Le cas des Ecoles consulaires est particulier. Il faut d’abord bien comprendre les compagnies consulaires et leur fonctionnement. Leurs Assemblées Générales sont  essentiellement constituées, sauf  en Ile de France, de commerçants, ou de dirigeants de PME. Le principe un homme, une voix, fait que le patron d’une multinationale a autant de poids que le buraliste d’à côté. Par ailleurs on note une désaffection traditionnelle à l’occasion des élections consulaires, et bien souvent le taux de participants est inférieur à 20%.

15 années de pratique des AG de CCI m’ont appris que la plupart des élus des chambres ne sont pas très favorables aux écoles de management, qui sont souvent vécues comme la « danseuse de la chambre ». Les raisons sont simples et évidentes:

  • Ils n’ont pas besoin de ces écoles de management, ils n’y recrutent pas, et leurs enfants souvent ne peuvent y prétendre
  • Ces écoles forment plus souvent pour les grandes entreprises
  • Ces écoles forment des élèves qui ne sont pas de la région, et souvent des étrangers qui ne resteront pas
  • Ces écoles forment pour des concurrents internationaux
  • Les budgets de ces écoles sont élevés et viennent fortement ponctionner le budget de la CCI pour la rénovation du commerce.

Certaines CCI, d’ailleurs, ne participent que très modestement au financement de l’enseignement supérieur : c’est le cas de la CCI de Lille Roubaix Tourcoing, alors qu’il y a de grandes institutions fort réputées dans leur région.

Et on pourrait continuer la liste des reproches faits aux écoles.

La situation se complique du fait de la réforme des CCI, de leur réorganisation territoriale, et des tensions que ces réformes engendrent sur le plan financier. Les relations existantes entre le MEDEF et la CGPME n’améliorent pas toujours cette situation.

Un Directeur d’Ecole doit alors être particulièrement attentif à ne pas fâcher le corps de sa tutelle.

S’il devient prééminent dans les média, sa tutelle, et notamment son Président pourrait en prendre ombrage ; et, si simultanément la faculté conteste ses décisions, alors la roche tarpéienne est proche du capitole. Les Directeurs doivent apprendre à gérer cette situation.

Il existe cependant un moyen d’expliquer à sa tutelle la contribution de l’école à son environnement. Il s’agit du BSIS, Business School Impact Score, développé par le Professeur Michel Kalika avec le soutien de la FNEGE (Fondation Nationale pour l’Enseignement de la Gestion), et désormais de l’EFMD (European Foundation for Management Development). Ce dispositif permet objectivement de formaliser l’apport de l’institution à sa région, tant sur des critères qualitatif qu’économiques. Les résultats sont édifiants et démontrent que financièrement, en tout cas, l’école contribue pour un multiple important de son budget à l’économie de la région.

La conclusion s’impose désormais, il est plus que temps d’imaginer un nouveau statut pour ces écoles, comme le proposent depuis quelques mois les instances consulaires. Cela traitera-t-il les « hubris » des uns et des autres, sans doute pas, mais cela clarifiera le débat en le rendant plus objectif. Je souhaite bon vent à mon ami Bernard Belletante, à Lyon ou ailleurs, mais il doit prendre note : « Errare humanum est, perseverare diabolicum ».

Et pourquoi pas un petit tour en entreprise, comme quelques-uns de ses prédécesseurs !

 

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