Faisons l’hypothèse un instant que bonne santé et employabilité présentent des analogies.
La règle de base pour rester en bonne santé c’est de bien se connaître, d’avoir identifié ses points forts et ses points faibles, de ne pas dépasser ses limites, de rester en forme, de faire régulièrement de l’exercice, ni d’avoir des comportements à risques ou des formes de dépendances gênantes.
Le médecin et les médicaments soignent, mais c’est le malade qui guérit.
On délègue le diagnostic, mais la guérison est une coproduction (qu’on appelle la servuction en management des services).
A l’occasion d’un léger refroidissement certains prendront dès les premiers signaux faibles les mesures appropriés et les symptômes disparaitront vite.
Ceux qui négligeront cette alerte développeront peut-être un rhume, voire une bronchite et devront passer chez leur médecin, obtenir une prescription, avec des médicaments et des soins plus ou moins forts.
A ne pas respecter les traitements, l’étape d’après peut amener une pneumonie et une hospitalisation. La production de sa propre bonne santé, être en « forme », exige engagement et responsabilité personnelle. Aucun assistanat ne peut s’y substituer.
Remplacez maintenant médicament par qualification, médecin par formateur, hôpital par pôle emploi, bonne santé par employabilité et maladie par chômage et l’on retrouve un peu l’idée de la démarche Compte Personnel de Formation de la nouvelle loi sur la formation. Mais a-t-on expliqué le mode d’emploi !
A chacun de se prendre en charge. La société ne peut pas tout faire à la place de l’individu. Il peut y avoir engagement de moyen, mais il ne peut y avoir engagement de résultats.
Par ailleurs le médicament- la qualification- seul ne peut rien s’il ne fait partie d’un traitement et d’une surveillance plus complète, c’est à dire d’une prestation de service coopérée.
Allons plus loin et plaçons-nous dans le cadre une entreprise avec cet objectif de bon fonctionnement.
Que recherche le dirigeant ? Que ses collaborateurs soient formés ? Peut-être, mais son véritable objectif c’est la performance : gagner des parts de marché, être plus efficace, avoir une bonne organisation, une bonne ambiance de travail…face à un prestataire définit-il son besoin sous l’angle formation ou sous l’angle résultat ? C’est d’ailleurs bien là que le bât blesse, car les prestataires ont du mal à s’engager sur un résultat, le fameux ROI, retour sur investissement.
L’exemple caricatural est celui d’une équipe de football. Qu’attend le Président de son entraîneur ? Qu’il gagne des matchs.
Et, comme dans notre exemple précédent, seule une coproduction sophistiquée entre entraîneur et équipe peut être efficace.
« Il faut être deux pour danser le tango » !
Encore faut-il que le prestataire, l’organisme de formation, vende autre chose que des certificats, ou des séminaires.
A ce concentrer sur leurs produits de formation, leur catalogue, les prestataires oublient le client, ses besoins propres, sa culture d’apprentissage, ses objectifs, ses préoccupations. Les produits du prestataire sont organisés par discipline ou technique. Mais aujourd’hui avec les nouvelles technologies tous ces besoins sont couverts facilement et sont devenus des commodités.
L’entreprise a des préoccupations transverses, composites, plus complexes, et il n’y a que des solutions spécifiques. La frontière entre formation et conseil s’estompe. La pédagogie devient de l’accompagnement au changement. Et les qualifications des acteurs chez le prestataire comme chez le client évoluent considérablement. Dans la servuction les exigences sont réciproques et les deux doivent gagner, le fameux win-win.
Forme, performance, formation…ça sonne presque pareil…seulement presque.
Cash machine la formation ? On en reparle le 11 décembre.