La question est politiquement incorrecte à ce jour. Il n’empêche qu’elle est budgétairement pertinente.
Les évolutions conjointes des règles concernant la collecte de la Taxe d’apprentissage, et du contrôle de l’Etat sur le budget des CCI oblige à se projeter dans le temps.
Comme l’a fort bien dit Bernard Ramanantsoa la première réponse des écoles passera par une augmentation des frais de scolarité, qui aura surtout un impact négatif sur les écoles les moins cotées. Les familles pourront se poser la judicieuse question du choix entre l’Université proche (licence, DUT…) et une école consulaire modeste, avec les frais collatéraux (logement, déplacements, frais de scolarité).
Sans compter que rien n’interdit à l’Université de développer, à terme, des offres directement concurrentes.
Alors un jour, le Vice-Président en charge de la trésorerie de la CCI abordera, en bureau d’abord, puis en Assemblée Générale, la délicate question de la survie financière de l’école consulaire.
Quand il s’agit de négocier, la règle est de ne pas attendre d’être en position difficile, le dos au mur.
Anticiper est sans doute la bonne solution, même si cela demande une certaine dose de courage dans un premier temps. Le temps d’une forme de renonciation à un projet lié à la mission traditionnelle, quasi ancestrale de certaines CCI. Sic transit. “The times they are changing !” chantait Bob Dylan !
Le modèle français des Ecoles de Management, très bien reconnu et classé au plan international est un pur gallicisme. Expliquer le système des écoles consulaires ,des concours d’entrée et des classes préparatoires à un doyen allemand ou américain ressemble à un exercice impossible aussi compliqué que lui expliquer l’industrie fromagère en France. Seuls les doyens étrangers, qui ont pu participer à un audit Equis, Epas ou AACSB dans une école française, peuvent s’y retrouver et encore.
En général, une Business School est une faculté dans un ensemble plus vaste qu’est l’Université. Et la progression du curriculum passe par un Bachelor, puis un Master, puis un Doctorat, L,M,D. On connait. Mais les classes préparatoires, elles, elles ne connaissent pas LMD. Chercher l’erreur.
Un jour ou l’autre les fabricants d’objets atypiques se posent la question de la norme du marché. Car il est toujours couteux d’être différent sauf si on est leader sur un domaine : la qualité, le prix, le service.
Comment sortir de la situation atypique sans perdre les quelques avantages que l’on y possédait ?
Une solution consiste à se rapprocher, par alliance ou partenariat de ceux qui sont au format en négociant une position de coopération complémentaire, en se différenciant sur l’offre et la qualité de service.
L’avantage concurrentiel des CCI est leur excellente connaissance de leur circonscription et des entreprises du territoire. Et entre autres elles sont très bien placées pour connaître les besoins de formation des entreprises. Elles ont des permanents compétents qui les visitent régulièrement et peuvent les aider pour toutes ces questions y compris l’apprentissage.
En rapprochant (ex les Business Schools type SDA Bocconi, Cranfield, Strasbourg, HEC Liège…) les écoles consulaires de l’université (j’entends les cris d’orfraie de certains !) on marie la réputation d’excellence de l’académie et la connaissance du terrain des consulaires. Deux jambes pour courir c’est mieux.
Et même s’il advenait qu’une école consulaire dut fermer (à qui vous pensez !) pour des raisons financières ou autres, les ressources d’expertises ou de savoir-faire spécifique (stage, carrière et placement, anciens élèves, collecte de Taxe d’apprentissage..) pourraient être apportées aux programmes universitaires pertinents (ex IAE) en accordant à la CCI une part de la gouvernance et la possibilité de cosigner l’appartenance, les diplômes, et autres documents officiels. Quand on n’a plus les moyens de faire complètement, on utilise les effets de levier, sur la base d’un bonne convention d’efforts.
Ceci serait d’autant plus pertinent sur les programmes de formation continue de type sur-mesure, voire intra entreprise, où la pertinence consulaire et la légitimité d’expertise d’enseignant-chercheur représente un cocktail appréciable.
Cela suppose un petit décrassage de préjugés et d’a priori, mais cela vaut la peine d’en parler, et d’essayer. Entre gens intelligents et pour le bien d’un terroir commun il faut se donner un peu de mal. L’union fait la force.
Pincez-moi si je rêve !