Salon E-Learning expo : quelques impressions

Le salon E Learning expo (dédié aux formations en ligne et à distance, mais aussi au serious game) avait lieu il y a trois semaines à la Porte de Versailles à Paris. L’occasion de faire le point sur un secteur en pleine effervescence entre évolutions technologiques et changement de règles du financement de la formation professionnelle.

Premier constat : l’intérêt des entreprises. Les responsables de formation continue le disent : aujourd’hui, un dispositif de formation qui ne contient pas un volet numérique n’a plus beaucoup de chance d’être retenu. Toutes les grandes entreprises veulent leur plateforme pour diffuser leurs contenus et les responsables RH sont sous la pression d’une hiérarchie qui impose à la fois la réduction des coûts et une exigence technologique.

Deuxième constat : la confusion des termes. Le mot générique « MOOC » s’est imposé au point que tout le monde (ou presque) en propose alors même que le contenu n’a, par définition, rien à voir avec un cours massif, ouvert et gratuit.

Troisième constat : l’absence des universités ou des grandes écoles. A l’exception de l’université de Strasbourg et du groupe IONIS (présent avec sa plateforme opensource IONISx, en tant que concepteur, producteur et diffuseur de contenus, www.ionisx.com), aucun autre établissement d’enseignement supérieur n’était présent, ce qui en dit plus long qu’un grand article (comme celui du Monde du 26 mars) sur l’ambition des grands établissements dans ce domaine ou sur les moyens qu’ils peuvent allouer à ce secteur.

Il ne suffira pas que le Ministère de l’enseignement supérieur ou les Chambres de Commerce et d’Industrie (pour les Business School) souhaitent que les établissements publics ou parapublics puissent trouver des ressources supplémentaires avec la formation continue, et en particulier dans la formation continue blended ou full online, pour convaincre les entreprises : il va falloir passer des intentions aux actes et le prochain séminaire de la CPU qui doit être consacré au sujet devrait proposer des pistes d’action.

Quatrième constat : l’émergence très marquée de solutions liées au monde du jeu. Gamification, learning games, serious game sont aujourd’hui proposés par de très nombreuses sociétés ou start up. Un rapide benchmark permet de constater que les prix baissent fortement : alors que seules les grandes sociétés cotées du CAC 40 pouvaient penser s’offrir un serious game il y a encore quelques mois, une société, EduFactory (sélectionnée par l’UGAP pour les solutions sur mesure), propose désormais un ticket d’entrée à 40 000 € l’heure. Le prix s’explique notamment par la délocalisation d’une partie du développement en Roumanie.

C’est donc un frein important au développement de la formation en ligne qui est en train de disparaître et qui ouvre de nouvelles perspectives. Certes, les tarifs sont encore (trop) élevés pour une démocratisation dans le cadre des formations initiales, mais il s’agit de prestations qui vont pouvoir être intégrées dans le cadre de formations continues où l’amortissement est plus rapide. On sait que les formations actuelles pèchent encore par manque d’interactivité et par leur trop grande proximité avec le modèle de formation présentiel : de nouveaux outils sont en train de devenir accessibles et vont permettre de modifier la donne.

En conclusion, si tout le monde pense que le marché de la formation continue devrait se structurer avec le numérique (il est aujourd’hui très atomisé ), le jeu est encore très ouvert dans ce secteur et est propice à des partenariats public-privé.

 

6 thoughts on “Salon E-Learning expo : quelques impressions”

  1. Je suis en phase sur la mutation du monde de la formation. Les nouveautés technologiques ont apportées de nouvelles solutions pour optimiser la transmission de savoir.

    Sur l’Executive MBA Epitech nous avons mis en place une approche qui combine online, travail de groupe et présentiel qui permet aux participants de mieux gérer leur temps. Au final c’est la formation qui s’adapte à l’apprenant et non l’inverse, les usages évoluent…

  2. Bonjour,

    Je trouve cette analyse assez pertinente. Je suis complètement d’accord avec le constat suivant :
    « Deuxième constat : la confusion des termes. Le mot générique « MOOC » s’est imposé au point que tout le monde (ou presque) en propose alors même que le contenu n’a, par définition, rien à voir avec un cours massif, ouvert et gratuit. »

    En effet j’ai abordé à ce salon quelques prestataires qui mettaient en avant les MOOC, et pour eux un MOOC se résumait à une grosse banque de modules elearning ou à des successions de vidéos+quiz. C’est dommage car ils donnent une mauvaise image du MOOC, une vision réductrice, alors que le MOOC est en réalité beaucoup plus complet, riche et intéressant (notamment sur le plan pédagogique).

    Selon moi il y avait à ce salon 3 vrais prestaires de MOOC, et au moins 6 qui prétendaient en faire sans en avoir la compétence…

  3. Bonjour,

    Je me permets d’apporter une précision à votre billet. Il y avait des Universités présentes au salon du e.learning, la mienne notamment. Nous y avons tenus trois conférences où nous avons évoqués largement la question des Moocs en particulier et la pédagogie universitaire instrumentée de façon générale.

    Il y a d’ailleurs eu des articles dans la presse spécialisée qui se sont fait l’écho de nos interventions

    Bien cordialement

    Jean-Paul Moiraud

    1. Bonjour,
      Merci de votre retour qui me permet de corriger en précisant : je me fondais sur la liste des exposants fournie par les organisateurs. Strasbourg était la seule Université participante à cet égard (http://www.e-learning-expo.com/tous.php?elt=societe&lim=240). Mais cela ne veut pas dire effectivement que les universités n’étaient pas représentées autrement, dont acte.
      Mais, si vous me le permettez, je suis quand même frappé par cette absence des stands : elle traduit la distorsion entre les moyens donnés et les espoirs de nouvelles ressources. Cela illustre d’une autre façon, le manque de moyens accordés à l’Université.
      Bien cordialement,

      CP

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