Le 28 mai 1985, le ministre de l’Education nationale Jean-Pierre Chevènement précise que les » baccalauréats professionnels » sont créés afin de répondre en premier lieu aux besoins de modernisation du pays ( dans le cadre d’une concurrence internationale accrue ) en formant
des ouvriers de plus en plus qualifiés » souvent au niveau du baccalauréat, quelquefois à un niveau supérieur encore « . L’objectif premier de cette création n’est donc pas de l’ordre de la promotion sociale.
Le 8 octobre 1985, le ministre précise qu’il s’agit » d’offrir, à l’issue de la classe de troisième, trois voies d’égale dignité » : la voie générale, dans laquelle » peuvent s’engager ceux qui ont les capacités de poursuivre des études aux niveaux les plus élevés de l’Université » ; la voie technologique, » qui conduira la majorité des jeunes qui s’y engagent vers un niveau de technicien supérieur » ; et la « voie professionnelle, qui assure, après l’obtention d’une qualification de niveau V, une possibilité de poursuivre la formation jusqu’au niveau du baccalauréat et même vers un niveau plus élevé « .
Il y a donc l’affirmation ( symbolique ) par le titre même de ‘’baccalauréat’’ d’une égalité de dignité, mais non d’un égalité de parcours ( même si, compte tenu de sa ‘’double nature’’, l’obtention du bac permet juridiquement l’entrée à l’Université ).
La rare – et difficile – entrée dans le supérieur
L’année dernière, 98% des bacheliers généraux, 78% des bacheliers technologiques et 23% des bacheliers professionnels se sont inscrits dans le supérieur, long ou court.
Avec le recul de quelques années, on peut avoir une estimation de leurs chances très différentes de succès lorsqu’ils s’inscrivent à l’Université, comme le montre le suivi de cohortes de bacheliers datant des premières années de notre nouveau millénaire : les bacheliers technologiques ne sont que 13% à obtenir la licence en trois ans ( et 30% au total en cinq ans ) contre respectivement 45% et 71% pour les bacheliers d’enseignement général. Quant aux quelques 7 % de bacheliers professionnels qui se risquent à tenter l’aventure d’entrer à l’Université, ils ne sont qu’à peine 10% à obtenir la licence en trois ans.
Quelques aménagements d’entrée dans le supérieur pour les bacs pro
A Grenoble, l’université Joseph Fourier vient d’ouvrir l’ENEPS avec une promotion de 13 bacheliers pro qui va suivre une nouvelle formation universitaire dans le domaine des technologies du bâtiment, avec une perspective de sortie à bac+ 5 ( master ou diplôme d’ingénieur ). Cette première promotion est parrainée par le groupe Bouygues GFC-Construction, via visites de chantier, stages et suivi par un » référent professionnel « .
A Paris, une licence professionnelle » Eco-construction pour le développement durable » a été créée en cette rentrée pour des bacheliers professionnels par le lycée parisien des métiers du bois Léonard de Vinci ( XV° ) et l’université Pierre-et-Marie Curie ( Paris VI ).
Enfin, à Strasbourg, une classe de ‘’prépa’’ d’une vingtaine d’élèves réservée aux titulaires d’un bac pro a été inaugurée le 7 septembre au lycée René-Cassin, une première en France. Le cursus de cette classe, ouverte en partenariat avec l’école de management de Strasbourg , durera trois ans, contre deux pour les classes de prépa habituelles. Les élèves bénéficieront d’un enseignement adapté à leur origine scolaire, avec notamment des horaires renforcés dans les disciplines générales comme le français, les mathématiques ou les langues. Un système de tutorat leur permettra d’être accompagnés et de découvrir le monde de l’entreprise.