Le CNRS a désormais soixante-dix ans. Mais cette vénérable institution n’est pas née d’un seul coup, ni sans à coups.
Le CNRS a été créé par un décret du président de la République Albert Lebrun le 19 octobre 1939. Le contexte doit retenir l’attention : la France est déjà en guerre, et la facilité avec laquelle la Wehrmacht – forte d’une supériorité technique redoutable – vient de disposer de la Pologne a frappé les esprits. La mobilisation du pays doit se faire, et la recherche – dans ces conditions – ne doit surtout pas faire exception : le CNRS doit organiser l’effort scientifique de guerre, et ses laboratoires doivent participer au premier chef à la lutte contre le Reich.
A vrai dire, le CNRS n’est pourtant pas une création ex nihilo, faite tout à coup et d’un seul coup. Depuis le début du XX° siècle, en effet, des caisses de financement et des offices de recherche ont été créés. Et, dans les années 1930, grâce aux initiatives de certains grands scientifiques ( au premier rang desquels le prix Nobel de physique Jean Perrin ), elles se sont multipliées. A la veille du conflit, la France s’est ainsi déjà dotée d’une Caisse nationale, d’un Service Central, d’un Haut conseil pour la recherche scientifique, ainsi que d’un Centre national de la recherche scientifique appliquée ( CNRSA ). Ce sont finalement toutes ces institutions ( avec leurs laboratoires ) qui sont intégrés au sein d’un organisme unique en octobre 1939 : le CNRS.
Mais huit mois seulement après sa création, le tout jeune CNRS est confronté à une redoutable reconversion dans une France vaincue. Les recherches de guerre sont bien sûr interdite par l’occupant ; et les laboratoires doivent s’occuper d’une toute autre urgence : œuvrer – dans un contexte de rationnement et de pénurie – dans les domaines de l’énergie, de l’alimentation et notamment des produits de substitution ( les fameux ‘’erzatz’’ ).
Par ailleurs, le nouveau directeur du CNRS nommé par Vichy en aoùt 1940 – le géologue Charles Jacob – est un fervent partisan de Philippe Pétain et de sa ‘’’’Révolution nationale. Et il entend remodeler un organisme qu’il juge victime de la ‘’maçonnerie’’, de la ‘’juiverie’’ et d’un ‘’virus démocratique’’.
A la Libération, en aoùt 1944, Frédéric Joliot-Curie est désigné pour prendre la succession de Chales Jacob.. Sous son impulsion, un premier comité directeur ( imaginé comme une assemblée démocratique de scientifiques ) est réuni en septembre 1944. Et cette assemblée démocratique – encore informelle – devient l’année suivante le Comité national de la recherche sicntifique, en rupture avec les pratiques de Vichy.
Chronique signalée dans le n°3 de la Revue de Blogs http://histoireuniversites.blog.lemonde.fr/2009/11/23/revue-de-blogs-3/
Cordialement.
Merci irnerius pour le lien, je vais voir ça de ce pas et merci à l’auteur de l’article!