Depuis 2004, Nicolas Sarkozy a fait plusieurs tentatives afin que des policiers soient installés dans des établissements scolaires sensibles. A chaque fois, il a rencontré l’opposition des principaux syndicats d’enseignants et les réserves de la plupart des syndicats de la police ( les uns et les autres considérant qu’il s’agit d’un ‘‘mélange des genres’’ fâcheux et qui pose des questions de postes mal résolus pour les uns comme pour les autres ).
Finalement, une circulaire interministérielle est parue le 16 août 2006 sous les signatures de Gilles de Robien ( ministre de l’Education nationale), Nicolas Sarkozy ( ministre de l’Intérieur ) et Pascal Clément ( ministre de la Justice), où il est dûment indiqué que « le chef d’établissement peut, après en avoir informé son conseil d’administration, en concertation avec les services de police ou les unités de gendarmerie, demander à ceux-ci d’organiser, dans l’enceinte de l’établissement, une permanence d’un agent des forces de l’ordre. Ce dernier sera à même de participer à des actions de prévention, il sera à l’écoute des personnels et des élèves, et pourra intervenir en cas de problème ». Il est aussi dûment précisé que « les autorités académiques inciteront les chefs d’établissements dans lesquels les actes de violence sont très fréquents à demander la mise en place d’un tel dispositif ».
Quatre ans après, rien ne semble s’être passé sur le terrain ( peu empressé, à l’évidence, d’aller spontanément dans cette direction ). Dans le contexte de l’accentuation de sa politique ultrasécuritaire, Nicolas Sarkozy annonce à nouveau en avril dernier l’installation de policiers au sein de collèges et lycées difficiles « sur la base du ‘’volontariat’’ du chef d’établissement », en soulignant qu’en cas de refus, le chef d’établissement devrait « prendre ses responsabilités et le signaler par écrit au ministre de l’Intérieur ».
Cette injonction renouvelée et pressante est suivie d’un certain effet en cette rentrée scolaire. Mais il est significatif que l’installation de la première policière en uniforme dans le lycée polyvalent de Moissy-Cramayel ( Seine-et-Marne ) en présence des ministres de l’Education et de l’Intérieur ne s’est pas faite sans manifestation résolue d’opposition : un quart de enseignants ont été jusqu’à faire grève, et un fort groupe d’élèves encadrés par des représentants de la Fidel ( la Fédération indépendante et démocratique lycéenne ) ont accueilli les ministres bruyamment, le proviseur faisant quelque peu profil bas.
Le principe de ce dispositif figurait bien dans le discours de clôture du ministre de l’Education nationale aux Etats généraux sur la violence d’avril dernier ( avec la décision, aussi, de mettre en place des ‘’établissements de réinsertion scolaire’’ pour les exclus récidivistes ). Mais force est de constater que seuls ces dispositifs ont reçu un commencement de réalisation ( accompagnés d’une forte médiatisation ) en ce début d’année scolaire, alors que l’on attend vainement quoi que ce soit concernant la prévention et un meilleur encadrement. Rien, en particulier sur deux mesures phares annoncées en avril par le ministre de l’Education, à savoir « une préparation spécifique à la gestion des conflits et à la prévention de la violence dans le cadre des nouveaux masters fréquentés par les étudiants qui se destinent au métier d’enseignant » et un « module sur la tenue de la classe pour tous les professeurs nouvellement nommés pendant leur année de stage »…
On demande toujours l’avis des syndicats enseignants ! Mais le problème est que ceux qui répondent et sur qui se basent les journalistes, sont planqués dans leurs bureaux parisiens et donc jamais confrontés à la violence sur le terrain.
Le seul risque qu’ils ont est une chute de clavier d’ordinateur sur les pieds !
Un directeur d’école à la retraite et qui sait de quoi il parle !