C’est ce que pense l’association ‘’Reconstruire l’Ecole’’ qui a envoyé le 5 novembre une « Lettre ouverte aux sénateurs » pour les alerter. Et elle ne manque pas d’arguments.
Les décrets d’août 2009 ne mentionnent jamais le « master professionnel » ( cette restriction éventuelle serait d’ailleurs, selon toute vraisemblance, jugée contraire au règlement de la fonction publique ou aux traités européens si le Conseil d’Etat devait en être saisi ). En tout état de cause, le seul diplôme exigible des lauréats aux concours d’enseignement est donc en réalité – souligne l’Association – « un master, n’importe quel master y compris les masters-recherche ou d’autres masters professionnels ».
Comme la réforme en cours s’est faite dans la précipitation, une certaine confusion règne, et ce qui va se passer n’apparaît pas clairement à l’esprit de chacun. Mais l’Association met en garde, cela ne va pas durer : « Le master d’enseignement est un piège terrible auquel les étudiants voudront échapper. En cas d’échec au concours – ce qui sera forcément les cas pour 80 oui 90% d’entre eux – les titulaires d’un tel master seront en possession, après deux années d’études post-licence, d’un diplôme sans valeur […] Il faut donc s’attendre à ce que, dans les années qui viennent, de plus en plus d’étudiants désertent les masters d’enseignement au profit des masters-recherche, qui présentent l’avantage de permettre de passer l’ensemble des concours tout en constituant des diplômes de haut niveau dont personne ne songe à contester la qualité et qui ouvrent, en cas d’échec au concours, une infinité d’autres possibilités ».
Et l’Association de conclure : « Imposés à la va-vite aux universités, ces masters d’enseignement sont donc condamnés à s’autodétruire à très brève échéance du fait de l’agrégation des choix rationnels des candidats […]. Une mésaventure analogue est d’ailleurs déjà arrivée aux DEUGs-instit qu’il fallut supprimer en toute hâte, cinq ans à peine après leur mise en place ».
Que penser alors de la réponse du ministre Luc Chatel à la séance de questions au Sénat du 27 octobre dernier où il s’est employé à justifier l’utilisation à quasi temps plein des stagiaires post-concours en argumentant que cela était possible parce qu’ils auraient auparavant effectué deux fois 108 heures de stages au cours de leurs études de master ( ‘’ implicitement’’ d’enseignement ) ?
D’où la conclusion finale de la « Lettre ouverte aux sénateurs » ( d’une association que l’on n’attendait pas forcément pour cette interpellation ) : « Qu’on le veuille ou pas, les lauréats des concours seront donc, à très brève échéance, titulaires d’un master-recherche lorsqu’ils se présenteront aux concours. Ils n’auront fait aucun stage en établissement avant de passer les épreuves. Le problème de leur formation professionnelle reste donc entier ».
Bonsoir,
C’est probablement le projet sous jacent. Je n’ai pas de certitudes mais à defaut travaille par recoupement d’indices :
1) La formation de formateurs est un coût budgétaire .
2) Les formateurs ont toujours donné du fil à retordre aux gouvernements de droite.
3) La pédagogie n’est pas prise au sérieux par la plupart de nos concitoyens et particulièrement à droite où l’on prône le traditionnel : dictée, notes et discipline …
4) Les tenants de la priorité à la maîtrise de la discipline enseignée sur qu’à la pédagogie ont l’oreille de nos gouvernants car, conservateurs majoritairement ils leurs sont proches.
5) Les procédures de recrutement par concours sont trop connotées « statut de la fonction publique » vêcu à droite comme encombrabt à l’heure où le CDD est érigé en rolls de la gestion des ressources humaines.
Cet ensemble me suffit à penser ce le sort de cette formations est scellé.
Votre avis m’intéresse
http://nateagsemlac.blog.lemonde.fr/
L’association Reconstruire l’Ecole a toujours été soucieuse de la formation des enseignants. L’étonnement de Claude Lelièvre est sans doute suscité par une divergence de fond en ce qui concerne les aspects pratiques de la formation : nous pensons que la formation professionnelle ne consiste pas à ajouter à la première formation académique (très insuffisante, surtout pour les professeurs des écoles) une deuxième formation académique (en sciences de l’éducation). Quel que soit l’intérêt (ou l’absence d’intérêt) des sciences de l’éducation, le professeur débutant ne peut résoudre les problèmes concrets qu’il se pose dans sa classe en ayant recours à cet ensemble hétéroclite de disciplines, plus ou moins scientifiques selon le domaine considéré et qu’il lui est, en tout état de cause, impossible d’assimiler.
Sur le sujet précis de notre Lettre aux sénateurs, on peut en lire le texte intégral sur notre site :
http://www.r-lecole.freesurf.fr/Actions/senateurs-1110.htm
L’idée de fond est que les masters d’enseignement sont incompatibles avec les concours. Si donc les concours sont maintenus, les masters d’enseignement sont condamnés à disparaître. C’est ce que nous souhaitons, comme l’ensemble des universitaires mobilisés en 2009 (y compris de très nombreux formateurs en IUFM). Se posera alors le problème de la formation professionnelle puisque les candidats reçus aux épreuves théoriques du concours n’auront fait aucun stage au cours de leurs études comme le prétend, à tort, Luc Chatel. Il faudra donc rebâtir l’actuelle année de stage, issue d’une réforme très mal pensée. Mais une autre hypothèse est possible : le maintien des masters d’enseignement et la disparition des concours. C’est la solution-catastrophe à laquelle pourraient aboutir les projets actuels de la CDIUFM.
Je suis en master enseignement, et je suis actuellement l’auteur d’un blog à ce propos ! Ce n’est peut-être parfait, c’est peut-être voué à disparaître mais le fait est la: ça existe ! Alors nous les enfants de la réforme sont les seuls qui peuvent réellement parler de ce qu’il en est.
Bonsoir,
J’ai laissé un petit mot sur votre blog. Il y a tellement de choses qui existent et qui ne devraient pas exister : la misère, la guerre, le désamour, etc.
Quant à prétendre que seuls ceux qui sont directement concernés par quelque chose peuvent en parler, permettez moi de vous dire que ce n’est pas très scientifique.
Cordialement
Pedro Cordoba